AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782390180722
92 pages
Chloe des Lys (15/05/2019)
4.2/5   5 notes
Résumé :
Un homme est applaudi car il s’est bien garé, une araignée meurt sur fond de crise conjugale, un retraité jette tout par la fenêtre par conviction politique, un salarié s’interroge sur le sens de son travail...

Pris dans la toile, les personnages de ces 10 nouvelles doivent faire face à la détresse du monde contemporain. Quand certains s’adaptent ou se résignent, d’autres sont en quête de sens et combattent.
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Mickaël Auffray, après Makina et autres boucheries, nous offre avec Vous êtes ici un recueil de nouvelles à la tonalité beaucoup moins sanguinolente! Un très bel élargissement de son univers au travers de 10 histoires qui posent aux lecteurs des questions pertinentes et l'oblige à abandonner quelques idées reçues. le recueil s'ouvre sur "l'araignée" où le lecteur vérifie ( il le savait déjà...) que la sensibilité et l'humanité ne sont pas pas toujours du côté des femmes.
L'auteur a le sens de la formule, et l'art de démonter quelques stéréotypes. Il épingle des milieux professionnels, dépeint un monde plutôt sombre mais avec une dose d'humour qui aide à encaisser quelques vérités.
Il y a les thèmes "sociétaux" avec crise de vocation- au revoir , bonne soirée- A la chienne, il y a aussi des coups de griffes à l'imposture, un thème qui parait cher à notre auteur avec l'homme qui était bien garé- démission ( on retrouve aussi ce thème dans crise de vocation) deux nouvelles à tonalité philosophique ( Samskeyti- Vous êtes ici) mais qui ne se prennent pas au sérieux et flirtent avec le fantastique
et enfin le vertige de l'amour avec l'araignée- l'impasse- Tout doit disparaître-

Ce petit livre est une pépite pour les amateurs de nouvelles, ou une découverte que je recommande pour ceux qui veulent aborder ce genre littéraire à part entière, malheureusement trop peu connu et valorisé en France.

Commenter  J’apprécie          180
Auteur de Makina et autres boucheries, chroniqué l'an dernier sur le site de Nouvelle Donne, Mickaël Auffray récidive, armé de la pointe acérée de sa meilleure plume, qui nous déconcerte et nous divertit inlassablement. D'un détail bien observé, d'un commentaire acidulé placé au bon moment, l'humour afflue à tous les coins de page avec une aisance confondante, comme coulant de source. le fleurettiste fait mouche et tient la distance !

Nos préférences (oui, au pluriel !) vont à "Démission", qui oppose la sèche logique du profit (« Plus on fait d'amiable moins on fait de pognon ») incarnée par la société de recouvrement de créances Remboucred à la lassitude désabusée d'un employé au bout du rouleau, qui parfois « brille par son absence ». Extrait de dialogue, surréaliste à force de réalisme :

« — Alors, tu t'es fait virer ?
— Non, j'ai démissionné. Et toi, t'as démissionné ?
— Bah non, je me suis fait virer. »

Dans "L'impasse", un mari usé par une vie conjugale insipide constate que « l'amour est une sucette à deux faces : arôme sucre d'un côté, amer de l'autre. Avec le temps, les saveurs finissent par se mélanger. » Cet époux, revenu à la raison après des rêves de carnage, pourrait aussi bien être l'Andrew Tenerife de "Tout doit disparaître" (« le superflu est sans limite »), lequel dépassera justement ces limites que le mari resté dans "L'impasse" osera seulement taquiner en imagination. Quelle différence entre ces deux déçus de la conjugalité ? le passage ou le non-passage à l'acte pour une folie similaire. Coriace pour l'un, passagère pour l'autre, et dont le seul degré permet soit d'impacter le réel visible, soit d'éviter l'impact. Entre les deux, la frontière est mince.

Et pour tenter d'en finir avec ce réel mal défini, mal clôturé, mal couturé en somme (tentative vouée bien entendu à l'échec), la nouvelle éponyme de la collection, "Vous êtes ici", met en scène un protagoniste errant comme un mort-vivant dans un non-décor uniquement représenté par des panneaux lui indiquant où il se trouve, voire où il ne se trouve pas, voire où il n'a jamais été, voire où il ne sera jamais, à défaut de l'endroit (mais quel est-il ?) qu'il aimerait trouver. C'est – peut-être – le moment, pour s'interroger sur la réalité de sa propre existence, avant de finalement constater que « la théorie de [son] décès potentiel [semblait] s'effondrer ». Est-ce la bonne théorie ? Rien n'est, sans doute, aussi simple…

Le rôle de cette chronique n'est pas de dévoiler toutes les perles de ce nouvel opus de Mickaël Auffray – quand bien même, elle n'y suffirait pas ! – mais d'inciter les aficionados et les novices dans l'art de la nouvelle à déguster "Vous êtes ici" sans modération.

C'est un recueil qui plaide implacablement pour son genre, auprès de tout public !

NATHALIE BARRIÉ du site "Nouvelle Donne"
Commenter  J’apprécie          80
Au fur et à mesure des nouvelles, une trame de fond ressort. Étalés là sous nos yeux, ce sont des bouts de vie, des instants furtifs, tellement succincts parfois que nous pourrions passer à côté mais qui révèlent une certaine dose d'absurdité du monde, de folie latente possible pour chacun de nous car humaine. Qu'on soit clairs : le portrait n'est pas très reluisant, voir même parfois sombre, mais pas sans aucun espoir.
Et tous les domaines de la vie sont interpellés : le couple dans « L'impasse », le regard sur la pauvreté et l'égoïsme dans « Au revoir, bonne soirée », le travail, en usine dans « A la chienne », dans des bureaux de recouvrement de dettes dans « Démission », la disparition d'une ville sous le béton dans « Samskeyti », etc.
Comme le représente très bien la nouvelle-titre qui clôt le recueil : il s'agit là du portrait d'une humanité en déperdition. Incapable de déterminer l'état de vie de celui de mort, incapable de savoir où elle est, mise à part qu'elle est « ici », ou bien plus nulle part.
Mickaël Auffray a déjà écrit des nouvelles qui jouent plus de l'absurde (quoique la nouvelle « L'homme qui était bien garé » soit hautement absurde, digne du théâtre beckettien), de l'inquiétante absurdité du quotidien qui peut exploser à tout moment, mais cette patte est toujours présente, peut-être plus discrète encore pour souligner la soudaineté du twist ending et de ses possibles.
Commenter  J’apprécie          90
Mickaël Auffray, auteur de Makina et autres boucheries, chroniqué l'an dernier sur le site de Nouvelle Donne, récidive, armé de la pointe acérée de sa meilleure plume, qui nous déconcerte et nous divertit inlassablement. Au détour d'un détail bien observé, d'un commentaire acidulé placé au bon moment, l'humour afflue à tous les coins de page avec une aisance confondante, comme coulant de source. le fleurettiste fait mouche et tient la distance !
Nos préférences (oui, au pluriel !) vont à « Démission »), qui oppose la sèche logique du profit (« Plus on fait d'amiable moins on fait de pognon ») incarnée par la société de recouvrement de créances Remboucred, à la lassitude désabusée de Monsieur Delval, employé au bout du rouleau, qui parfois « brille par son absence » et, pour survivre au bureau, imagine sa boss en train de danser sur le jovial refrain de YMCA. Extrait de dialogue, surréaliste à force de réalisme :
« Alors, tu t'es fait virer ?
— Non, j'ai démissionné. Et toi, t'as démissionné ?
— Bah non, je me suis fait virer. »
Dans « L'impasse », un mari usé par une vie conjugale insipide constate que « l'amour est une sucette à deux faces : arôme sucre d'un côté, amer de l'autre. Avec le temps, les saveurs finissent par se mélanger. » Époux revenu à la raison après des rêves de carnage, mais qui pourrait aussi bien être l'Andrew Tenerife de « Tout doit disparaître » (« le superflu est sans limite »), lequel dépassera justement ces limites que le mari resté dans « L'impasse » osera seulement taquiner en imagination. Quelle différence entre ces deux déçus de la conjugalité ? le passage ou le non passage à l'acte pour une folie similaire, coriace pour l'un, passagère pour l'autre, et dont le seul degré permet soit d'impacter terriblement le réel visible, soit d'éviter l'impact. Entre les deux, la frontière est mince.
Et pour tenter d'en finir avec ce réel mal défini, mal clôturé, mal couturé en somme (tentative vouée bien entendu à l'échec), la nouvelle éponyme de la collection, « Vous êtes ici », met en scène un protagoniste errant comme un mort vivant dans un non–décor uniquement représenté par des panneaux lui indiquant où il se trouve, voire où il ne se trouve pas, voire où il n'a jamais été, voire où il ne sera jamais, à défaut de l'endroit (mais quel est il ?) qu'il aimerait trouver. Il en profite, car c'est – peut être – le moment, pour s'interroger sur la réalité de sa propre existence, avant de finalement constater que « la théorie de [son] décès potentiel [semblait] s'effondrer ». Est–ce la bonne théorie ? Rien n'est, sans doute, aussi simple…
Le rôle de cette chronique n'est pas de dévoiler toutes les perles de ce nouvel opus de Mickaël Auffray – quand bien même, elle n'y suffirait pas ! – mais d'inciter les aficionados et les novices dans l'art de la nouvelle à déguster Vous êtes ici sans modération.
C'est un recueil qui plaide implacablement pour son genre, auprès de tout public !
Nathalie Barrié, de Nouvelle Donne
Commenter  J’apprécie          20
Mickaël Auffray nous régale une fois encore avec ces 10 nouvelles rassemblées dans Vous êtes ici.
Les nouvelles sont ici moins décalées que dans son précédant recueil, mais la plume de l'auteur n'en reste pas moins tranchante, visant à pointer l'humain, son mode de vie, ses défauts, son quotidien (le notre).
On commence sagement par la nouvelle "Araignée", qui sous fond de crise conjugale, permet de nous questionner sur l'humanité, pourquoi une araignée n'aurait-elle pas le droit à cette humanité?
On enchaîne avec les 9 autres nouvelles qui traitent chacune d'un côté de l'homme: la perte d'estime de soi lorsqu'on ne s'épanouit dans son travail, l'envie d'aider son prochain qui peut nous rendre presque égoïste, l'urbanisation et la perte de ses repères, l'imposture, les soucis dans sa vie de couple alors qu'on ne fait rien pour changer les choses, la surconsommation et finalement, la fin de notre vie, où allons-nous? L'homme a-t-il trouvé son chemin, sa voie?
Autant de sujets percutants, amenés avec brio avec une touche d'humour dans le but non pas moralisateur, mais de nous ouvrir les yeux.
C'est un recueil à savourer, chaque nouvelle nous appelle à réfléchir posément, il ne faut pas enchaîner les nouvelles l'une après les autres, il faut prendre son temps.
Commenter  J’apprécie          60

Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Inutile de tenir une conversation kilométrique, débattre sur la misère appelle à des actes ou au silence. Sans doute n'avait-elle pas tort, on se cajole plus que l'on soigne par le don. ça étouffe la culpabilité, ça donne de l'oxygène à la morale, ça remet du sang neuf dans les tuyaux de l'éthique.On pourrait même dire que la charité est une forme de déstockage qui ne requiert aucune politesse, que le don rend fier car il confère le pouvoir à celui qui donne.

P17- Dans Au revoir- Bonne soirée
Commenter  J’apprécie          110
Je bosse à la chaîne avec un air cabot, je bosse à la chienne.
Une chienne de vie à la mécanique bien huilée, aux engrenages parfaitement imbriqués. toute la journée, je fixe des câbles sur des phares de bagnole, des phares qui n'éclairent aucune perspective d'avenir.

P 35- A LA CHIENNE
Commenter  J’apprécie          190
Au bord de la chaussée, un petit panneau attira ma curiosité : il était écrit « Vous êtes ici ». Je fus ravi d'apprendre que quelqu'un se souciait de ma présence en ces lieux, mais cette simple affirmation soulevait plusieurs questions : « ici » c'était quoi ? Et qui avait pris soin de rédiger ce message ? Je me remis en marche et je n'avais pas fait cent mètres quand je butai sur une autre pancarte du même style: « Vous n'y êtes plus ».
Commenter  J’apprécie          80
« Je cesse d’étrangler le volant, lève les yeux pour la fixer, puis force un sourire. Elle ne réagit pas. Ses rires d’avant ont fui dans le lointain, sûrement partis nourrir mes regrets. Un instant, à voir son visage planté dans le sol, je la sens triste, sur le point de pleurer. Mais elle ne pleure pas, elle vieillit juste. On peut passer une vie entière à s’étonner du temps qui passe. » (« L’impasse »)
Commenter  J’apprécie          80

Videos de Mickaël Auffray (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Mickaël Auffray
Premier prix du concours de nouvelles 2017 de la revue Rue Saint Ambroise: Vous êtes ici Mickaël Auffray (lu par l'auteur) 29 sept. 2017
autres livres classés : absurdeVoir plus


Lecteurs (7) Voir plus



Quiz Voir plus

Compléter les titres

Orgueil et ..., de Jane Austen ?

Modestie
Vantardise
Innocence
Préjugé

10 questions
20248 lecteurs ont répondu
Thèmes : humourCréer un quiz sur ce livre

{* *}