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3,22

sur 74 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
On connaissait le romancier Salomon Auslander pour avoir été séduit comme tant d'autres lecteurs par ses lamentations du prépuce qui n'était pas un roman, mais un récit autobiographique mordant et percutant de sa vision de la judaïcité.

Contrairement à ce livre , il ne s'agit plus d'une autobiographie mais bien d'une fiction. L'histoire, complétement farfelue, est en effet celle d'un éditeur qui coule des jours heureux à New York avec sa femme et leur fille.

Jusqu'au jour où son frère aîné l'appelle pour lui annoncer la mort de leur mère, qu'il n'a pas revue depuis des années et qu'il doit manger le corps de celle ci selon une tradition ancestrale cannibale dont il est issu
Cette coutume renvoie toute la brutalité d'un peuple envers la société
Alexander opte pour une farce de mauvais goût et un l'humour sacrément décapant mais le coté trop outré de la chose nous a un peu laissé de coté malgré le ton alerte de la plume...

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Beaucoup de second degré dans ce roman qui a des allures d'ethnologie et qui est une belle leçon sur les besoins de fonder une culture et de ne pas se dépêtrer des traditions abhorrées.
L'auteur évoque Mikhaïl Bakhtine et Montaigne et cela ne suffit pas pour lui pardonner l'excentricité de sa loufoquerie, mais rassure sur l'opportunité de trouver de bons passages dans cette histoire très typée et peu typique.
Liberté nous est donnée de nous moquer de cette catégorie de personnes, tout en se disant que nous avons tous quelques penchants vers des défauts à fierté mal placée.
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Maman pour le dîner sonne comme l'annonce d'une soirée familiale où l'on s'attend, connaissant Shalom Auslander, à une satire de la mère juive.
Issu d'une famille juive orthodoxe, il racontait avec humour, dans Les lamentations du prépuce en 2007, son rapport au judaïsme ; en 2012, il inventait une histoire totalement décalée (et non politiquement correcte!) autour de la survie d'Anne Frank dans le grenier d'une maison américaine.

Shalom Auslander est capable de tisser un roman entier sur une métaphore. Dans Maman pour le dîner, il invente une famille cannibalo-américaine, dont le pilier est l'autoritaire et castratrice Mudd, qui a tout de la mère juive caricaturale : possessive, invasive, qui aime ses enfants jusqu'à les détester.
Depuis leur venue dans le Nouveau Monde il y a plus d'un siècle, les Cannibales vivent cachés, tout en essayant de préserver leur culture particulière. Julius, l'ancêtre, a plongé dans le "melting pot" de Ford, au sens propre, puisqu'il est entré dans le chaudron qui symbolisait l'américanisation des immigrés. Mudd tient à ses racines, son identité, et c'est pour cette raison qu'elle a fait autant d'enfants qu'elle prénomme par leur numéro d'arrivée dans ce monde, de Premier à Douzième.
Le narrateur est Septième. Il travaille dans une maison d'édition qui reçoit des manuscrits de "latino-sri-lankano-américano-non-genré-alcoolico-aveugle" ou de "palestino-canado-américano-non-binaire-malentendant-progressiste-démocrate" et qui n'en peut plus... Son patron se demande pourquoi il ne lui propose plus rien à publier. Septième s'interroge beaucoup sur sa propre identité.
Comment ne pas lire dans ces lignes la critique du communautarisme, le repli sur soi favorisé par le mouvement woke, où chacun doit se définir par son appartenance à un groupe ? le bouillon du Melting-Pot semble avoir un drôle d'arrière-goût... Maman pour le dîner est un roman sur les racines, l'héritage, la "tribu" à laquelle on est assigné ou croit appartenir... Et Septième a du mal à s'éloigner de l'injonction maternelle qui porte aux nues son peuple, tout en haïssant tous les autres, car elle rejette autant les homosexuels que les "Rosbifs" ou les Sherwood (entendre juif).
Elle tient aux traditions. D'ailleurs, quand elle mourra, elle veut être mangée selon la pure tradition cannibale...
Cette mère, qui se suicide aux hamburgers (elle en mange douze par jour) va donc mourir, et ses enfants doivent exécuter le rite : drainer, découper, se partager leur mère (devenue un tas de deux cents kilos de viande!) et la manger.

Le roman est dans la même lignée narrative que les précédents livres de Shalom Auslander : dénonciation par l'humour noir, bizarre et loufoque à souhait. La narration est vive et enlevée, on sourit et on se demande souvent où on est! On sent bien que Shalom Auslander règle des comptes avec son héritage, mais il invente une famille incroyable, une fratrie comme on n'en a jamais vu.
Le récit traîne peut-être en longueur et aurait mérité d'être un peu plus court, plus condensé. Mais il tient ses promesses, l'auteur ne se dégonfle pas au moment-clef du roman : est-il possible de manger sa mère au nom de la perpétuation des origines? Doit-on manger sa mère pour sauver l'identité d'un peuple? Les psys sont souvent des personnages des romans d'Auslander... On devine aisément ce qui se joue de freudien ou d'autre dans cette question.
Dieu, si présent dans les nouvelles qu'il a écrites (Attention, Dieu méchant) ou dans Les lamentations du prépuce où le narrateur se demande s'il devra circoncire son fils en répondant à l'injonction d'un Dieu qui lui veut du mal, n'est pas un personnage de ce livre, à moins que Mudd, avec ses préceptes et son intolérance, n'incarne cette figure.
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Maman pour le dîner.
Shalom AUSLANDER

Que maman vienne pour le dîner c'est quelque chose de normal.
Que maman soit le dîner c'est déjà plus inattendu.
Et c'est ce qui va arriver à la famille de Septième Seltzer ainsi qu'à ses 11 autres frères et soeur appelés Zéro, Premier, Deuxième etc etc…
Parce que les Seltzer ont une particularité : ils sont les derniers descendants des can am, les cannibales américains.
Et cette famille a beaucoup de règles à respecter pour entretenir les traditions dans le plus grand secret.
Si Septième n'est pas un des plus pratiquants, le montant de l'héritage risque de le faire changer d'avis.
Mais quand même : manger sa mère, la saigner, la vider…
Est-ce que la famille ira jusqu'à là ?
Un roman truculent qui fait sourire et tient en haleine.
Cette famille a couteaux tirés va devoir composer les uns avec les autres.
J'ai eu un petit peu de mal (au début) à comprendre de quoi il s'agissait.
Il faut dire que les numéros en guise de prénoms et les dogmes du cannibalisme ne m'ont pas aidé.
Mais c'est une lecture divertissante et cet auteur a vraiment un cynisme et une imagination qui me plait beaucoup.
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PERCUTANT MAIS SANGLANT.
L'idée était bonne : reprendre le phantasme oral de l'enfant qui souhaite manger sa mère (surtout si elle est juive) pour la garder au dedans de lui-même, pour garder ses qualités et prolonger ainsi la lignée du peuple élu était intéressant : « Les cannibales vivent pour l'éternité. Quand nous consommons nos proches, ceux-ci continuent de vivre en nous. Ils nous guident, […], ils deviennent nous et nous devenons eux »
L'allégorie psychanalytique lui permet de tirer à boulets rouges sur sa propre religion, de ridiculiser les archaïsmes et les règles hors d'âge qui enferment les juifs dans des traditions surannées, les séparent de la société dans une angoisse de vie et les structurent autour de la souffrance.
Et pas seulement du judaïsme, toutes les religions monothéistes y passent. Après tout, les chrétiens communient eux aussi en mangeant (symboliquement) le corps du Christ.
La découpe du cadavre, avec des préceptes à suivre à la lettre ridiculisent la doxa des rites religieux en général, et le comique de certaines situations est parfois franchement hilarant même si l'on n'est pas adepte de l'humour juif.
Mais progressivement le roman dérive dans un grotesque répugnant qui m'a rappelé mes inutiles cours d'anatomie de dissection sur cadavres. Dommage, le livre aurait pu être plus percutant s'il avait été moins sanglant.
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Je remercie avant tout les Editions Belfond et Babelio de m'avoir permis de découvrir ce livre.
J'avoue que j'aime bien ne pas me renseigner sur le livre et me contenter de faire confiance à l'auteur dont je connais le style et dont j'ai beaucoup apprécié La lamentation du prépuce.
J'ai trouvé Maman pour le dîner très déjanté et loufoque au début. Mais je me suis ennuyée jusqu'au bout, probablement parce que je m'attendais à une meilleure fin.
La famille Seltzer Can-Am (cannibale américaine) de 13 enfants vient de perdre sa toute puissante mère.
La tradition Can-Am impose à la mort d'un parent sa [dévoration]. Cette mère abusive, aimante à sa façon, xénophobe au possible, s'est empiffrée en prévision du repas traditionnel de ses fils. Chaque garçon - chacun étant nommé par ordre de venue au monde : Premier, Deuxième, etc (hormis la fille (vu qu'elle ne compte pas, elle s'appellera Zéro) - devra [manger une partie du corps de ] sa mère…
La famille est complètement disloquée, l'un des fils s'est converti au Judaïsme, deux ont assumé leur homosexualité, tous ont quitté le domicile familial hormis un qui est handicapé. Mais si les garçons refusent d'honorer cette tradition funeste, ils ne pourront pas hériter de la maison de leur mère.
J'avoue avoir été dégoutée par la description [détaillée du partage maternel] par le fameux Onclissime, pourtant, j'ai lu jusqu'au bout avec l'espoir d'être surprise, voire, soulagée d'un dénouement espéré.
J'ai l'impression que l'auteur a écrit une forme de règlement de comptes vis-à-vis de son éducation. C'est comme s'il avait transposé la rigueur de son éducation Juive orthodoxe vers celle de cette famille Can-Am. Ce qui ressort, c'est l'emprise et l'empreinte indélébile de l'éducation familiale sur les enfants, la loyauté coûte que coûte envers la tradition, au-delà du vivant.
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Auteur iconoclaste qui nous présente une famille de cannibales ,qui le jour de la mort de leur mère doivent se réunir pour accomplir le rituel familial ,soit la manger. Les 12 enfants ,nommés selon leur numéro de naissance ,se retrouvent après plusieurs années sans s'être côtoyés . Chacun ayant vécus leur vie ,sans suivre leur culture , pour la plupart ,refusent de faire le rituel ,mais leur oncle , exécuteur testamentaire, leur fera comprendre qu'ils n'auront pas leur part d'héritage s'ils ne se plient pas aux volontés de leur mère. Roman absurde mais qui ne rejoint toutefois pas les maîtres comme Ionesco et Kafka car je suis restée sur mon appétit quand au message inexistant que ce texte aurait pu porter. Je donne donc 5,5/10
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J'avais adoré Shalom Auslander avec « La Lamentation du prépuce » en son temps mais suis moins convaincue par ce dernier roman.
Shalom Auslander y décrit une famille de can-am – canibales américains – qui, face au décès de la mère de famille, doit affronter les traditions du passé afin de perpétuer l'identité de ce peuple.
Le récit est complètement déjanté, incroyablement décalé… voire un peu trop, ce qui tue toute velléité de crédibilité, même si le lecteur comprend bien vite que Shalom Auslander dépeint ici l'absurdité de la société américaine en tant que telle et la difficulté de certaines minorités à y trouver une place.
Certains passages sont cocasses, certains prêtent à sourire mais on est loin de l'atmosphère de « La Lamentation du prépuce », en cause, sans doute, le caractère complètement fictif de ce peuple aux traditions assez gore et répugnantes à nos yeux.
Une lecture en demi-teinte qui reste, néanmoins, plaisante et intéressante.
Lien : https://letempslibredenath.w..
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Septième est Cannibale, un cannibale-américain, enfin sa famille surtout, lui ne sait plus vraiment qui il est dans cet société. Quand sa mère meurt, ses frères et lui doivent accomplir le rituel ultime cannibale, la manger.
Que va faire cette fratrie face à cet évènement ?

Quel plaisir de pouvoir lire le nouveau Shalom Auslander, merci à Babelio.
Il y a toujours autant de mordant, de réflexions existentielles, d'humour noir, la recette efficace de ses premiers livres, mais...
les ficelles de cette satire sont trop grosses, on se lasse vite des questionnements de Septième, le héros du livre.
J'aurais plutôt aimé lire une histoire sur les liens familiaux, détruits par la violence d'une mère et ses croyances face à la réalité du deuil.
Je n'en garderait pas un grand souvenir et je vais plutôt relire son premier livre à la place.


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Je remercie les éditions Belfond et Babelio pour la réception de cet ouvrage.
J'avais lu auparavant La lamentation du prépuce du même auteur et j'avais adoré ce livre. le roman précédent était hilarant et plein d'humour, et je m'attendais au même ton caustique.

J'ai néanmoins été déçue par la lecture de ce livre. En effet, on y retrouve le ton humoristique de l'auteur, cependant son humour, associé au thème du cannibalisme, ne prend pas pour moi.

Le sujet semble trop décalé, un peu comme un film d'horreur auquel l'auteur aurait souhaité apposer des scènes burlesques hors de propos.

Je propose de lire ce livre si vous êtes à la recherche d'un humour noir et gore. Mais si vous avez déjà lu La lamentation du prépuce, vous risquez d'être un petit peu déçu.
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