Sans doute y avait-il des amours, des mélancolies, des deuils et des joies dans ces habitacles pressés de fuir ou de rejoindre un point d’attache. Nous nous taisions pour mieux savourer cette poésie nocturne qui rendait la vie belle. Notre amitié se retranchait dans un mutisme ouaté à peine rompu de phrases inachevées qu’il n’était pas besoin de prolonger.
Les Américains, après avoir bombardé tant de peuples de façon « chirurgicale », eux qui avaient mené des « guerres humanitaires » sauraient désormais ce que l’on ressent en cherchant des cadavres dans les décombres des immeubles de sa capitale.
Rien ne se passe, rien n’arrive, et puis le saut.
Ce dont Christophe ne se doutait pas, c’est que nous l’aimions mais que nous ne le comprenions plus. Même moi, par moments, j’en avais assez. Il me lassait.
Séparés, atomisés, passés au grand mixeur, les humains ne formaient plus qu'un jus tiède, et sans saveur. Une pâte informe d'où émergeaient quelques grumeaux indigestes.La broyeuse avait son oeuvre.
Christophe saisit enfin Florence dans sa vérité ; une avare digne de Molière, un être trop égoïste pour aimer et surtout pour être aimé.