Entre mythe et mystification.
Lorsque je lis un policier qui me rebute, je réalise la richesse de ce genre incroyablement protéiforme où chacun peut y trouver son compte ou son plaisir. Un classement en catégories, familles, sous-genres serait sans fin et à reprendre en continu tant la production renouvelle encore et encore le genre… Donc on peut, tout à la fois, aimer et ne pas aimer…
Rien qu'en lisant la quatrième de couverture je savais que je n'aimerai pas «
Roches de sang ». Je devinais les muscles musclés, les méchants que méchants, le sang sanglant, les rebondissements bondissants… En bref du grand spectacle et de grosses ficelles.
Alors pourquoi l'ai-je lu ? Toujours le même mirage, la même chimère… La Corse ! Mon île ! Il en était question ! Et comme une abeille devant un pot de confiture, j'ai plongé.
Double regret donc.
- Une histoire insensée et extravagante qui nous promène dans la moitié de l'Europe, des personnages surpuissants auxquels il est impossible de croire, des « méchants » parés de toutes les vertus de la méchanceté et en particulier la cruauté, des « gentils » plus ou moins mystérieux, plus ou moins tourmentés, plus ou moins en quête de rédemption… Normal ceux-là sont corses, et bien sûr une résolution abracadabrante et malgré tout prévisible.
- Et encore une fois, cette île, fantasmée, tour à tour mythifiée et mystifiée : belle, forcément c'est la Corse… peuplée de « clans », les Biasini, les Venturi… de gangs avec leur « parrain », comme celui du mistral (pourquoi pas de la tramuntana ? ou de la brise de mer ?) … lieu de villégiature pour tous les malfrats d'Europe… si inspirante pour un beau braquage… si accueillante pour les poncifs, les clichés… etc
En bref, j'en suis sortie abasourdie et brinquebalante me demandant parfois si l'auteur n'avait pas été l'objet de « magagne », tant certains détails m'ont laissée pantoise.
Mais tout est affaire de goût et je comprends que l'on puisse se régaler à la lecture des « Roches rouges » (et pourquoi pas « l'île des sanguinaires » ?). Sans négliger le fait que l'auteur a un style très visuel, voire cinématographique il sait décrire, créer l'effet de surprise, jouer avec les nerfs des lecteurs et faire dans le spectaculaire.
Alors film ou série ? Tom CRUISE en vedette ? Et en guest star Jean- Paul BELMONDO ? (Ah non, lui, ce n'est plus possible !).
Allez, je vais retrouver mes esprits avec un
Angelo Rinaldi ou notre prix Goncourt 2012. Ils me donnent le sentiment de connaître la même Corse que moi.