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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Adieu est un tout petit roman ayant pour décor les suites de dommages causés par le repli catastrophique de la grande armée de Napoléon sur les berges de la Bérézina en 1812.

Il y a de nombreux points communs entre ce tout petit roman et le célèbre Colonel Chabert lui aussi victime des dommages collatéraux des batailles napoléoniennes. (Je dis " tout petit roman " car bien que le volume puisse faire penser à une nouvelle, le développement en deux temps bien distincts doit nous faire penser plus à un roman qu'à une nouvelle.)

Ici, au hasard d'une partie de chasse, le baron Philippe de Sucy, vétéran de la campagne de Russie et ayant passé des années au bagne de Sibérie, croise un peu plus de six ans plus tard, dans un ancien monastère délabré non loin de L'Isle-Adam, une femme mi-sauvage mi-folle qui attire toute son attention.

Elle est difficilement reconnaissable, mais son coeur ne saurait lui mentir. Il s'agit bien de la comtesse, femme d'un général, qui était sa maîtresse en 1812, qu'il aimait éperdument et qu'il a dû abandonner sur la rive gauche de la Bérézina quand lui, ayant tout mis en oeuvre pour la sauver, a dû se résoudre à demeurer sur la rive droite, aux mains des soldats russes qui le firent prisonnier.

Cette rencontre lui cause un choc, d'autant plus que, renseignements pris, on lui confirme que la comtesse a sombré dans une folie profonde et se comporte désormais, en tous points, comme un animal.

Le colonel de Sucy compte sur la force de leur amour pour parvenir à ranimer la raison défaillante de celle qui fut son unique amour...

Comme il sait si bien le faire, Honoré de Balzac signe un récit poignant, dans la veine romantique, mais sans chichis ni trémolos, sans débordement de pathos.
On peut reprocher peut-être un scénario un brin téléphoné, façon Symphonie Pastorale de Gide, mais toujours suffisamment solide et bien construit pour tenir en haleine le lecteur de bout en bout sans lui infliger une déconvenue lors de la chute.

Donc, une narration agréable et recommandable, du moins, c'est mon avis, un tout petit avis ballotté sur les glaces flottantes de la Bérézina, c'est-à-dire, bien peu de chose.
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Je suis fâché depuis l'adolescence avec Balzac, j'ai le souvenir de longues descriptions et d'un style auquel je n'avais pas accroché. Pourtant, mon écrivain favori est Zola et on ne peut pas dire qu'il soit avare de descriptions. Bref, je me suis dit que j'allais essayer de renouer avec cet auteur par le biais de ce texte assez court de 1830. Et ça a plutôt bien marché, il faut dire que le contexte historique de la débâcle des troupes de Napoléon 1er lors du passage de la Bérésina y a bien aidé. Cet épisode est décrit par l'auteur avec moult détails qui nous plongent dans ces instants tragiques. L'histoire d'amour contrariée m'a moins convaincu. Malgré tout, j'ai envie de reprendre la route avec Balzac, peut-être avec "Les chouans", sujet qui pourrait me passionner.
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Je ne peux que conseiller ce tout petit roman de quelques 40 pages à tout lecteur qui voudrait tenter sans appréhension une première approche De Balzac, tant il est vif, percutant et témoigne du génie et de la profondeur de vue du grand maître.

On commence presque sur le ton de la bouffonnerie dans une partie de chasse mettant en scène deux notables un peu gras, l'un politique, l'autre militaire. Mais on bascule vite dans l'étrange, puis dans L Histoire, et dans le drame, quand, au détour d'un bosquet , ce dernier reconnait en la belle sauvageonne qui court les bois en prononçant le seul mot de "Adieu" la jeune femme qu'il a aimée et du abandonner sur une rive de la Beresina lors du retrait désastreux des troupes napoléoniennes.

Quelques pages pour dire la folie, celle de la guerre brutale et sordide en miroir de celle de cette femme à l'humanité perdue; un cadre bucolique tranchant avec le tragique de cette histoire; des personnages dont l'épaisseur se révèle au fil de la narration : Voilà ce qu'offre ce petit bijou, une plongée dans une douloureuse page d'histoire dans laquelle a sombré la comédie humaine.
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Lors d'une partie de chasse, deux amis croisent une femme simple d'esprit. Coup de tonnerre pour l'un d'entre eux, qui reconnaît son ancienne amante, à qui il a sauvé la vie lors d'une bataille, avant de la perdre de vue. Mais si cette dernière est vivante, les événements lui ont fait complètement perdre la raison, et elle ne se comporte désormais que comme un animal, sans le moindre souvenir apparent de sa vie antérieure. Son amant ne désespère cependant pas, et met tout en oeuvre pour retrouver la femme qu'il a aimé.

J'ai été un peu surpris en lisant les autres critiques, car contrairement à la majorité des avis, j'ai plutôt pris Philippe de Sucy en grippe. Son amour me paraît égoïste et destructeur, uniquement tourné sur lui-même et pas du tout vers l'autre. Il n'hésite d'ailleurs pas à prendre une première fois la décision de tirer une balle dans la tête de la comtesse quand il pense qu'il ne sera jamais reconnu. Et quand il touche enfin au but, il la détruit effectivement. Tuer l'être aimé pour le plaisir de voir l'amour dans ses yeux une poignée de secondes… Ou le tuer car il n'est pas conforme à ce qu'on attend de lui… Pas vraiment le genre d'acte qui provoque l'admiration à mon sens. J'ai beaucoup plus de respect pour l'oncle, qui tente de rendre heureuse sa nièce sans chercher absolument à la changer. Dans les amours maudites, je préfère le sacrifice de soi au sacrifice de l'autre (mais dans l'absolu, je préfère qu'il n'y ait pas de sacrifice du tout).

Quitte à devoir admirer quelqu'un, ça sera Flaubert lui-même : faisant une petite cure de littérature du XIXe après beaucoup de romans modernes, je me rends compte qu'il parvient dans ses écrits à saisir des questions et des caractères éternels, même si le décor est pleinement de son époque. Je ne suis pas sûr par contre qu'on pourra lire les romans modernes dans deux cents ans et s'identifier à leurs héros.
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Je vais tenter d'en dire suffisamment pour vous faire précipiter sur cette nouvelle et cependant ne pas vous gâcher la lecture.

C'est la Restauration, le baron Philippe de Sucy revenu de Sibérie après la défaite de Napoléon, fait une partie de chasse avec son ami le marquis d'Albon. Ils s'égarent et arrivent à un prieuré, celui des Bons-Hommes. Les bâtiments et dépendances sont à l'abandon, le parc est retourné à l'état sauvage.
Ils aperçoivent une femme :
Philippe de Sucy la reconnait. C'est Stéphanie de Vandières, son amie et amour, elle ne semble plus avoir toute sa raison et murmure sans interruption : Adieu.

La rencontre provoque un tel bouleversement chez Philippe qu'il perd connaissance. Son ami cherche à comprendre. C'est l'oncle de Stéphanie qui va les éclairer.
La trame est simple et même banale, mais voilà c'est Balzac et je vous assure qu'il n'y a pas un mot de trop dans ce récit.
L'évocation du désastre de la Bérézina est particulièrement réussi, cela vaut tous les livres d'histoire par la justesse, la précision et l'ampleur du récit.
« L'apathie de ces pauvres soldats ne peut être comprise que par ceux qui se souviennent d'avoir traversé ces vastes déserts de neige, sans autre boisson que la neige, sans autre lit que la neige, sans autre perspective qu'un horizon de neige, sans autre aliment que la neige ou quelques betteraves gelées, quelques poignées de farine ou de la chair de cheval »
Mais il y a plus dans cette nouvelle, la folie dont est atteinte Stéphanie de Vandières est très bien décrite et l'on sent que Balzac c'est intéressé de près à la psychiatrie balbutiante à l'époque.
'ai aimé le personnage de Stéphanie dont Balzac fait une belle héroïne victime d'une période tragique. Il y a beaucoup de violence dans le récit de la déroute, le tableau est ample, les personnages sous l'emprise de la peur ou du courage sont très bien campés et l'on comprend bien que les rescapés ne reviennent pas indemnes. On retrouvera ce thème dans le Colonel Chabert.

C'est une belle réflexion sur la capacité de l'homme à supporter l'adversité ou à tenter de l'oublier.

Lien : http://asautsetagambades.hau..
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Cette nouvelle est une variante du thème évoqué dans « le colonel Chabert » . Un officier tragiquement séparé de son amante au passage de la Berezina revient d'entre les morts six ans plus tard .Mais à l'inverse de l'oublieuse Comtesse Féraud , Stéphanie de Vandières est tellement marquée par la perte de son amour qu'elle en est devenue folle . Les retrouvailles lui feront-elle retrouver l'esprit ? Très mélodramatique scénario !
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Balzac me surprendra toujours!

Je l'attendais dans l'intimité bourgeoise ou dans les salons des nobles. Voici qu'il décrit la Bataille de la Bérézina, les pontons, le gel, la faim, les chevaux qu'on abat pour les griller sur les braises. Saisissant!




Cette nouvelle raconte aussi un amour impossible : Stéphanie, la comtesse a perdu la raison dans les horreurs de la Retraite de Russie. Philippe, son amant la retrouve par hasard. Il  tente de lui faire recouvrer la mémoire.
Lien : https://netsdevoyages.car.blog
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Sur le champ de bataille, les perdants donnent leur vie mais gagnent le repos. Mais ceux qui restent doivent battre en arrière et se replier. Or, ici, c'est le symbole de la campagne de Russie qui est évoqué par Balzac, ou plutôt les conséquences de cette bataille, la retraite de la Bérézina, nom de lieu devenu un nom commun pour évoquer une déroute totale.
Car le roman ne s'intéresse pas aux combats, aux officiers et aux stratèges qu'on ne voit. C'est un récit à hauteur d'hommes, à hauteur de simples soldats - les grades sont de toute façon effacés, personne n'étant plus en uniforme ni ne suivant les ordres. Mais les soldats qui n'ont plus d'ennemi à combattre régressent - ou plutôt, pour citer Victor Hugo dans "l'Expiation", long poème des Châtiments, "deux ennemis, le czar, le Nord / le Nord est pire". Car ces soldats ne sont même plus des hommes, ils deviennent des bêtes, des animaux aux instincts primaires, ne pensant qu'à se nourrir, se chauffer et dormir. La description des scènes est saisissante, on ressent le froid glacial et le blizzard, on sent la viande grillée et le réconfort qu'elle apporte.
J'ai donc été bouleversé par ce récit de retraite au plus près des êtres, que les épreuves révèlent, mettant leur âme à nue. Mais c'est ce cadre horrible qui explique les tragédies vécues par les personnages, l'absence d'humanité fait disparaître la beauté, le désir, et surtout l'amour.
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petit part sa taille , ce roman De Balzac est très intéressant...
De part par son histoire, les descriptions et la charge émotionnelle que les personnages nous font vivre.
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La nouvelle De Balzac, Adieu, publiée en 1830, intégrée aux Etudes philosophiques de la Comédie Humaine, nous ramène en 1812 pendant la retraite de Russie, au passage de la Bérézina.
Le récit se déroule au moment où le major, Philippe de Sucy, est rentré en France après avoir été fait prisonnier pendant cinq ans par les cosaques. Devenu colonel, Philippe semble assombri par un lourd passé. Au cours d'une partie de chasse, il aperçoit à travers la grille d'une propriété, une jeune femme qui a un comportement étrange. Il reconnaît sa bien-aimée Stéphanie, comtesse de Vandières, qu'il avait perdue en lui faisant franchir la Bérézina. Recueillie par son oncle , à son retour de Russie, la jeune femme n'a plus toute sa raison et répète inlassablement un mot : « Adieu ».
Le récit effectue un retour en arrière qui nous ramène aux pires heures vécues par l'armée française lors de la retraite de Russie, lorsque la Grande Armée napoléonienne, décimée par le froid et la faim, poursuivie par les armées russes, se retrouve devant la Bérézina, affluent du Dniepr, sans pouvoir la franchir, le pont ayant été détruit par l'ennemi. Napoléon ordonne de construire des ponts provisoires pendant que les russes se rapprochent et que les canons tonnent de plus en plus près.
Philippe de Sucy s'emploie à assurer la survie de Stéphanie qui a suivi son époux, le comte de Vandières, un vieux général. Il parvient à la faire passer, elle et son mari, de l'autre côté de la rivière, sur un radeau construit à la hâte, mais ne trouve pas de place pour lui. C'est alors qu'elle lui lance ce mot ultime : « Adieu » et qu'il sera fait prisonnier par les cosaques.

Le colonel va tout faire désormais pour aider la comtesse à recouvrer la raison mais l'issue sera tragique. Comment survivre après une telle tragédie ? La nouvelle traite donc de la folie et montre comment l'esprit, lorsqu'il qui ne peut en supporter davantage, s'évade dans un autre monde où rien ne peut l'atteindre.
Le grand morceau de bravoure de l'écrivain est la description de ce passage de la Bérézina, moment tragique dans la retraite de Russie. Après l'avoir lue nous comprenons d'autant plus le sens de l'expression employée devant un échec, une défaite cuisante : « C'est la Bérézina ! »



Lien : https://claudialucia-malibra..
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