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3,67

sur 4333 notes
Dans ce roman, la dégénérescence morale du père préfigure les rougons-macquart de Zola. Des instincts de "la Terre" transpirent de ce bûcher.

La puanteur et l'animalité de la campagne, la tristesse et la peur de la fille subissant la pression paternelle cadenassée jusque dans ses pensées.

Portrait trop réaliste d'un univers pervers entre mensonges et cupidité, entre viols et violences,entre monstruosité et décadence.

La terre ne permet pas de s'exhaler de l'animalité, le retour à la bestialité est obligatoire. Pulsions mortifères liées à ce terreau de vengeance. le lien social n'existe plus, la confiance en l'être humain est utopique.

L'argent coule des plaies béantes pourrisant à la surface de ce monde détruit. L'argent est le seul remède à ce mal rural qui ronge le tissu d'humanité.

Et dire qu'un siècle s'est écoulé et le constat dégouline de la même horreur.

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Encore un livre lu il y a longtemps et qui m'avait alors passionné. Je viens de le relire avec un toujours aussi grand plaisir …

Balzac jette, ici, son regard acéré sur une petite ville de province, Saumur. le genre de petite ville, à l'écart des grandes villes et loin de Paris, où la vie semble assoupie. Délicatement, il nous fait pénétrer dans les vieux quartiers en contrebas du château qui domine la ville puis dans une maison "de faible rapport" où vit la famille Grandet. Et d'ailleurs, cela s'explique bien par le fait que le père Grandet n'est qu'un tonnelier au départ. Il va s'enrichir à la suite de successions opportunes, de placements opportunistes et d'un flair peu commun. Mais, dans nos provinces, on garde l'argent et on ne le dépense pas. On n'en parle pas non plus. Donc pas de raison de changer de maison ou de standing. Quitte au petit monde de Saumur de supputer, estimer, envier, exagérer peut-être la vraie fortune du bonhomme. Mais le regard De Balzac poursuit sa route et nous laisse découvrir les capacités financières et surtout la passion avaricieuse de Grandet pour l'or.

"Financièrement parlant, M. Grandet tenait du tigre et du boa".

Dans l'ordre d'apparition dans le roman, Balzac commence par les relations de la famille Grandet, Cruchot (le notaire et le droit), de Grassins (la finance), puis Madame Grandet, puis Nanon la servante et termine enfin par Eugénie. Une fleur en bouton.

Ainsi se met en place le roman dont on comprend peu à peu les ressorts et modes de fonctionnement de tous ces gens. Eugénie devient un enjeu familial entre Grandet, Cruchot et de Grassins qui ont, comme par hasard, un garçon à marier. Enjeu dont on parle, qu'on laisse miroiter, qui est envisageable sous réserve que…

Arrive le cousin Charles, jeune gandin en provenance de la Capitale et voilà qu'il agit comme un révélateur de l'avarice et du comportement de Grandet, de la peur à laquelle il soumet sa famille et du coeur d'Eugénie qui se met soudain à battre. le roman prend alors une dimension presque tragique.

On se rend compte que la vie de province telle que décrite par Balzac, qu'on retrouvera dans bien d'autres romans, est très contraignante notamment pour les femmes qui n'ont guère d'horizon et qui n'ont pas ou peu d'occasions de s'épanouir par elles-mêmes. Ce qui doit bien correspondre à une réalité corsetée par le "paraître", les exigences de la religion et le "qu'en dira-t-on". Rares sont les romans De Balzac où comme dans la Rabouilleuse, une femme parvient à fuir et à se faire une situation par elle-même. Eugénie était une fleur en bouton ; à l'arrivée de Charles, elle vient d'éclore puis se met à attendre comme une jeune fille de la bourgeoisie saumuroise se doit d'être.

Si au début du roman, Eugénie est naïve et crédule, elle mûrira sans pour autant pouvoir ou vouloir s'émanciper. On retiendra du personnage d'Eugénie Grandet une force de caractère se traduisant par un équilibre entre son côté romanesque et son côté réaliste qui la rend très crédible voire admirable aux yeux du lecteur. Par exemple, elle trouvera les moyens pour convaincre sa mère et Nanon, terrorisées, de passer outre les contraintes et l'avarice de son père sans oublier, évidemment, son comportement plein de dignité et même de grandeur lorsque Grandet découvre qu'elle a fait don de ses louis d'or.

J'aime bien ce roman où Balzac nous laisse entrevoir à la fin une Eugénie qui ne tombe pas dans le vice de son père, qui paraitrait "parcimonieuse si elle ne démentait la médisance par un noble emploi de sa fortune". Et puis j'aime la fin ouverte que Balzac nous propose où l'histoire d'Eugénie n'est pas forcément terminée…

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Une nouvelle page des corruptions du monde...

Quand on retourne en pays De Balzac, on est en terrain connu : les rideaux qui s'ouvrent sur une description des lieux d'une richesse inouïe, puis l'inventivité et l'acuité de la présentation des acteurs, tout ça dans la beauté d'une langue peu commune... Comme quand l'auteur après cinquante pages nous décrit Eugénie, entre raffinement des mots, inventivité et contradictions.
Alors tout de suite on se laisse prendre au jeu, on se régale de ces situations théâtrales.
Comme toujours, l'humain y est toujours aussi petit, vil :
"Suivant une observation faite sur les avares, sur les ambitieux, sur tous les gens dont la vie a été consacrée à une idée dominante..."
On pourrait y voir là le portrait de presque tous les personnages de cette comédie humaine.
Gros bémol : le côté saint ridicule de cette Eugénie trop chérie par l'auteur.
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Lecture saine, excitante, passionnante même. Eugénie Grandet est mon premier Balzac, celui qui m'a fait découvrir et aimer l'auteur. Un livre de 270 pages environ qui passèrent bien rapidement, faciles à lire. Femme de théâtre, j'ai aimé que les personnages soient précis et ait pris plaisir à analyser la place de chacun dans l'oeuvre, Balzac s'est vraiment consacré à chaque personnage à juste mesure.

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Nous sommes sur les bords de la Loire, à Saumur plus précisément. Monsieur Grandet y exerce la profession de tonnelier. Là-dessus viennent se greffer une passion amoureuse et une rivalité familiale. de plus, le père Grandet est très riche et d'une incomparable avarice. Ce n'est bien sûr pas un polar mais cette ambiance provinciale, lourde et étouffante ne déparerait pas dans un Maigret. J'avoue avoir versé une larme ( non, plusieurs larmes) sur le destin de cette jeune fille. J'ai lu dans les commentaires précédents que certains lecteurs étaient rebutés par Balzac, notamment parce qu'ils l'avaient lu dans le cadre scolaire. C'est vrai que lire Balzac demande une certaine maturité et s'y atteler trop tôt est complètement contreproductif. Toutefois, si vous êtes dans cette situation, je vous implore de laisser une deuxième chance à Balzac et de laisser cet immense chef-d'oeuvre s'infuser en vous.
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J'ai savouré Eugénie Grandet du grand génie Balzac.

Pour ma part on peut aussi bien débuter ce livre avec la deuxième chapitre 'Le cousin de Paris' qui introduit le personnage de Charles Grandet. le deus ex machine Parisien qui va chambouler la vie monotone des Grandets de Saumur. Une configuration contrastée qui donnera lieu à beaucoup de scènes comiques.

Encore une fois surpris par la lisibilité et le féminisme De Balzac. Parfois on croit avoir en main La deuxième sexe De Beauvoir. "En toute situation, les femmes ont plus de causes de douleur que n'en a l'homme et souffrent plus que lui."

Très bonne lecture mais j'ai toujours mes réserves quant à la trop grande importance que Balzac porte vis-à-vis les affaires financières de ses personnages. Ce sont pas mes passages préférés pour m'exprimer d'une maniére gentille
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Eugénie Grandet ou la revanche des femmes sur le destin tout tracé qui était le leur dans les maisons bourgeoises du XIXieme siècle. Un beau roman féministe avant l'heure ?
Lien : https://lediscoursdharnois.b..
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rien de surprenant dans ce roman. On reconnait l'écriture De Balzac. Très bonne analyse sur le pouvoir de l'argent et jusqu'où l'être humain peut aller pour l'obtenir.
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Lu en 1994. J'ai bien aimé ce grand classique de la littérature française (un des rares que j'ai lus au collège sans y être obligée) et l'histoire touchante de cette jeune femme.
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Le premier Balzac que j'ai lu. Ce livre m'a donné envie de continuer et lire le Père Goriot juste après.
L'histoire d'Eugènie Grandet, et aussi celle de son père, le père Grandet aussi avare (comme le Père Goriot d'ailleurs).
Balzac nous dépeint une province oubliée des citadins et l'amour qui emplit le coeur d'Eugenie lorqu'elle voit Charles pour la première fois. Cet amour va la maintenir dans une attente interminable, jour après jour dans cette lugubre maison familiale.
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