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3,88

sur 4508 notes
J'ai tout aimé dans ce livre !! Je retrouve tout ce que j'aime dans les classiques... L'histoire fantastique sert de prétexte ... C'est mon premier Balzac mais certainement pas le dernier ! Je suis tombée amoureuse de sa plume ... ça c'est fait ! Il ne me reste plus qu'à découvrir d'autres oeuvres de cet auteur !
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Un classique de la littérature française auquel je n'ai pas échappé à l'école. L'intrigue de ce roman est intéressante en soit, et se démarque des autres romans de la même époque par son aspect fantastique. La plume De Balzac est excellente, il sait transmettre des émotions à ses lecteurs et dépeint avec talent la société de son époque.
Cependant, même si ce livre s'est laissé lire et que mon intérêt a grandi au fil des pages, je n'ai pas vraiment accroché à ce livre. Je ne sais pas s'il s'agit des commentaires que notre professeur de français nous faisait sur l'oeuvre qui m'ont freinée dans ma lecture, ou le fait de me sentir obligée d'analyser chaque événement (bac de français oblige...) qui ne m'a empêché de me plonger vraiment dans l'histoire. En tous cas, j'espère le relire un jour et cette fois saisir tous les messages que Balzac fait passer dans ces pages
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Quelle déception ! Quelques fulgurances quand Raphael de Valentin se met à s'exprimer dans les dialogues ; mais que c'est long, que c'est lent... La soirée chez la princesse Foedora est tout simplement soporifique.
Abandonné à la fin de la deuxième partie. Hélas.
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Deuxième roman signé par Balzac de son nom de plume (après « Les Chouans »), « La Peau de chagrin » est son premier véritable succès. Succès mérité d'ailleurs : l'inspiration est radicalement différente du roman précédent : si « Les Chouans » était un roman politico-militaire, apparenté à un roman historique, « La Peau de chagrin » se situe dans une veine plus fantastique… et réaliste en même temps.
Au départ, il s'agit d'une variante du mythe faustien : un pacte avec le Diable. Faust troquait son âme contre la réalisation de ses désirs. Raphaël de Valentin accepte de raccourcir sa vie pour ce même motif. Pour l'un comme pour l'autre, c'est un jeu de dupe.
Raohaêl de Valentin, qu'on pourrait surnommer « le débauché « (ça rappelle un film de Michel Deville en 1971) est dans une sale passe : il a perdu son dernier napoléon au jeu et sur le point de se suicider, et fait chez un antiquaire un pacte extraordinaire : cet homme sans âge (bizarre) lui offre une peau de chagrin magique qui lui permet d'exaucer tous ses désirs, mais à chaque voeu exaucé, la peau rétrécit. Trop préoccupé pour se penser à l'avenir, Raphaêl accepte. Dans un premier temps tout lui sourit, il fait un héritage, trouve l'amour avec Pauline, sa jolie voisine, se lance même dans l'écriture d'un livre « La Théorie de la volonté » mais il ne voit pas que la peau de chagrin rétrécit, lui-même devient malade, une affection qu'aucun remède ne peut guérir. Hanté par la peur de mourir, il vit en reclus, étouffé par l'amertume, il revient vers Pauline et meurt dans ses bras, celle-ci sombre dans la folie.
Les interprétations de « La Peau de chagrin » sont multiples. Sous l'apparence d'un conte à la fois fantastique et philosophique (comme chez Voltaire, mais beaucoup moins souriant), Balzac nous livre une réflexion sur le temps et le désir qu'il présente sous forme d'un paradoxe : « toute » la vie, mais « à l'économie ». Raphael ne le comprend qu'à la fin : il voulait tout avoir et n'a rien eu, il est passé à côté de l'essentiel. Pour parodier un slogan politique récent : vivre mieux, mais vivre moins. Evidemment c'est un choix à faire, mais pas réversible. Encore eût-il fallu, en vivant mieux et en vivant moins, vivre heureux, et ce ne fut pas le cas. La réflexion sur le temps et le désir peut donc se doubler d'une réflexion sur le bonheur. Et même se tripler si on ajoute une réflexion sur l'argent. La sagesse populaire n'est pas loin : le temps c'est de l'argent. L'argent ne fait pas le bonheur. Si l'on continue le syllogisme, il faut conclure : donc le temps ne fait pas le bonheur.
Ces divers thèmes ; le temps, l'argent, le bonheur, le désir, parcourent le roman dans tous les sens, se rapprochent et s'écartent les uns des autres. Raphaël voudrait bien courir ces quatre lièvres à la fois, mais le pacte qu'il a lié avec l'antiquaire le freinent considérablement.
On remarquera que l'amour, pourtant pur et désintéressé, de Pauline ainsi que la relation perverse et ambigüe de Foedora, n'ont pas de poids dans la tragédie de Raphaël. Ou en tous cas, il n'arrive pas à établir un équilibre.
Curieusement (ou pas, après tout), ce roman me rappelle « le portrait de Dorian Gray » d'Oscar Wilde : dans les deux romans, il y a une double évolution : chez Balzac, au fur et à mesure que les désirs sont exaucés, la peau de chagrin rétrécit ; chez Wilde, au fur et à mesure que les désirs sont exaucés, le portrait vieillit.
Etonnant, non ?

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Ah force de lire des classiques au moins plus de 40 en même pas 2 ans !
J'ai commencé à aimer notre cher Balzac !
Et les écrits vraiment approfondi comme Balzac....
Avant c'était très froid entre nous dans le livre "Le Colonel Chabert" ça aide ça aide !
Pourquoi c'est pas venu plus tôt ?
Prochain défi de lire "Les Lys Dans les Vallées" !
Merci Balzac
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Peut-on vivre sans désirer ?

C'est autant pour cette réflexion que pour ses qualités romanesques que cette oeuvre m'a intéressé (Balzac l'a classée parmi ses « Études philosophiques »). En suivant le parcours du jeune marquis Raphaël de Valentin, ponctué souvent par des rencontres symboliques avec de mystérieux vieillards, Balzac fait l'analyse de différents modes de vie (l'étude, la vie mondaine, la débauche, la vie rurale…), tout en offrant des réflexions sur le suicide, la pitié, les insuffisances de la science, etc.

Le roman est divisé en trois parties. La première installe de façon remarquable l'atmosphère fantastique, avec l'emploi d'une langue foisonnante et suggestive. Les personnages sont croqués en quelques lignes, de façon très convaincante. C'est une très belle trouvaille romanesque que le tourbillon qui emporte le lecteur et le personnage principal quand ce dernier, au bord du suicide, est accosté et entraîné par ses amis. Alors qu'on reproche souvent à Balzac ses interminables descriptions en début de roman (personnellement, je les apprécie), seules des bribes d'informations sont données au lecteur au profit d'un rythme effréné captivant. de même, la dernière partie offre des pages admirables et offre un portrait plus nuancé du personnage principal.

En revanche, quelle purge que la deuxième partie, où Raphaël raconte son propre parcours ! On y trouve des répétitions exaspérantes et c'est complètement invraisemblable (c'est censé être une confession faite à un ami pendant une nuit d'orgie, mais c'est beaucoup trop long !). Surtout, et je sais que c'est une lecture anachronique, le personnage principal m'y semble très antipathique pour un lecteur du XXIe siècle. Raphaël est présenté comme un homme de génie : on doit donc l'admirer. Peu importe si le génie, qui consacre trois ans de sa vie à deux oeuvres, n'en finit aucune. Sa pauvre logeuse et sa fille multiplient les sacrifices pour qu'il poursuive son oeuvre : cela donne des scènes touchantes, mais qui ne font pas oublier que Raphaël a fait des études de droit qui auraient pu lui fournir un emploi et que son génie, stérile, repose sur beaucoup d'égoïsme.
Son amour pour Feodora le rend plus antipathique encore : il semble que Balzac cherche à nous faire condamner comme cruelle l'indifférence de cette femme, alors qu'elle annonce dès leur rencontre qu'elle ne veut ni mari ni amant. Mais comme ce génie admirable l'aime, la distrait et lui rend quelques services, il conviendrait tout de même qu'elle cède au bout d'un moment, comprenez-vous… le pire est atteint quand Raphaël raconte qu'il a été tenté de la violer (mais il s'est retenu car il est marquis et génial), et il semble qu'on doit y voir la juste expression de sa passion… Il y a donc dans cette deuxième partie des passages très pénibles et très gênants.

En somme, c'est toujours la même chose avec Balzac : il est capable du pire comme du meilleur, mais celui-ci l'emporte presque toujours sur celui-là, et il y a dans La Peau de chagrin des pages inoubliables.

Enfin, si vous comptez acheter ce livre, évitez l'édition « Étonnants Classiques » conçue pour les élèves de première préparant le bac, truffée d'erreurs.
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La Peau de Chagrin, roman ou plutôt la tragédie fantastique du XIXe, en trois actes racontant la tragique vie puis l'agonie de Raphaël de valentin, un personnage sur lequel nous reviendrons plus tard.

Dans un premier temps, ce dernier désire ce suicider, et c'est par des magnifiques phrases, qui par ailleurs sont parmi les plus belles phrases de la plus belle écriture que j'ai rencontrée jusqu'à maintenant que l'immense Honoré de Balzac déroulera son roman. Sauf que voilà, le roman ne se déroule pas aussi facilement qu'on pourrait l'espérer. L'écriture est certes belle, magnifique et propre à Balzac, mais parfois on se dit que c'est mieux pour le bien commun ! Elle reste ampoulée, longue et digresse selon moi, et bien que les détails soient utiles pour s'immerger dans l'oeuvre, pour s'humidifier jusqu'à l'os de ce récit, de cette histoire ; elle a plus tendance selon moi à nous noyer. Des torrents de détails qui laissent l'auteur plus longtemps les yeux baignant dans le notes et explications que dans le récit en lui-même.

Contrairement à la majorité des gens, j'ai choisit de lire ce livre en premier lieu parce qu'il abordait un homme suicidaire allant se repentir et j'étais intrigué de savoir comment un si grand auteur tel que Balzac allait étudier le suicide et la mélancolie de ce jeune homme. Et sur ce point, je n'ai pas été déçu, le suicide, tantôt comparé à un « sublime poème de mélancolie » tantôt par l'horrible sentiment de solitude ; même lorsque Raphaël de Valentin levait les yeux au ciel « des nuages gris, des bouffées de vent chargées de tristesse, un atmosphère lourde, lui conseillaient encore de mourir ». Balzac a bien retranscrit la solitude et la complexité de la pensée suicidaire, en attestant que c'est une souffrance inouïe difficilement descriptible par des mots, mais que c'est la plus profonde et ignoble de toutes les misères.

Suite aux sublimes larmes pures nettoyant toute mélancolie que m'ont évoquée la tristesse et la solitude de Raphaël dans ce passage, survint celui chez l'antiquaire, en somme, la fin de mon exaltation et le début de l'ennui. Noyé sous toutes ces cascades de descriptions, seul la connaissance de la future peau de chagrin me faisait encore tenir ma lecture. Elle survint après des pages, des lignes et des mots de souffrance inutile. Enfin ! Enfin, j'entendais parler de cette fameuse peau qui a, pour une majorité de lecteurs, été le moteur de leur motivation pour lire La peau de chagrin, ce qui n'étais d'ailleurs pas mon cas et heureusement car cette peau restera assez anecdotique pendant une bonne partie du roman ; ce soi-disant personnage principal de l'histoire se fondra dans les tonnes de détails pendants les trois quarts de l'ouvrage. Toutefois j'en retiendrai l'idée principale du roman, contenue dans une ingénieuse citation : « vouloir nous brûle et pouvoir nous détruit ».


Désirez-vous vivre une vie d'exaltation et de débauche, qui vous apportera une joie intense, mais courte, et qui précipitera votre perte ou désirez-vous vivre longtemps, mais tranquillement, sans beaucoup de secousses, et avec de surcroît, l'ennui de la vie (et l'ennui de ce livre par moment) ? Balzac va nous faire méditer sur ces sujets, en nous posant un grand nombre de questions, sur la débauche, l'argent, les femmes, la bourgeoisie, et bien d'autres. Et cela rapidement lors du fameux dîner, symbolisant l'extase, l'exotisme démesuré, qui nous ferra par ailleurs réfléchir car c'est à travers toutes ces incohérences débitées et proliférées par les invités ainsi que leur ivresse, que seront placées des réflexions sur la société, la politique, mais aussi les femmes, dont une citation sur « La Parisienne », que j'ai beaucoup appréciée : « La Parisienne dont toute beauté gît dans une grâce indescriptible, vaine de sa toilette et de son esprit, armée de sa toute-puissante faiblesse, souple et dure, sirène sans coeur et sans passion, mais qui sait artificieusement créer les trésors de la passion et contrefaire les accents du coeur, ne manquait pas à cette périlleuse assemblée où brillaient encore des Italiennes (…). Des descriptions qui permettront d'introduire Acquelina et Euphrasie, deux prostituées permettant de symboliser la débauche non seulement de l'homme mais aussi de la société tout en dénonçant la place et la représentation des femmes de cette époque. A ce titre, nous pourront dire que à travers son roman, Balzac, au même titre que Stendhal dans « le rouge et le noir » est également un psychologue (comme l'avait décrit Nietzche), qui dépeint la société et l'analyse, et cela grâce à son outil, le roman, qui est, rappelons-le un miroir que l'on promène sur le sentier, tantôt reflétant à nos yeux l'azur des cieux tantôt la fange des bourbiers de la route. Ainsi le roman De Balzac reflètera ces deux prostituées, « l'une était l'âme du vice, l'autre le vice sans âme » ; qui marqueront une première réflexion sur la débauche, sur ces femmes avide d'argent et de plaisir : « j'aime mieux mourir de plaisir que de maladie ». Toutefois, nous pourrons nous questionner si le vice, l'arrogance et la débauche de ces jeunes femmes ne sont pas, à elles seules, des maladies ayant contaminés l'âme de ces dernières, auxquelles nous avons point envie de ressembler.


Après la découverte de ces deux jeunes femmes, qui resteront assez anecdotique dans l'histoire, nous ferons une rencontre plus en profondeur de Raphaël de Valentin, qui reste tout de même le personnage principal, nous découvrirons son enfance torturée, cette enfance pleine d'illusions, d'un homme désargenté, pur qui, au même titre qu'Eugène de Rastignac, qui reviendra d'ailleurs au passage dans le roman afin de faire entrer Raphaël dans la débauche, ses illusions de jeune homme, cette « délicate fleur de sentiment, cette verdeur de pensée, cette noble pureté de conscience qui nous laisse jamais transiger avec le mal ».

Ainsi, le deuxième partie « La femme sans coeur » nous contera l'histoire de Raphaël. Et c'est dans ce registre qu'apparaîtra la douce Pauline, qui va symboliser la pureté, la gentillesse, cette fleur d'un rouge éclatant mais ombrée, par toutes les lumières de la factice société de l'époque. Pauline est cette femme parfaite, douce et aimante mais qui ne sera pas aimé par Raphaël car cette dernière est trop pauvre pour lui. Raphaël est un ambitieux, voir un opportuniste qui désire « une femme, qui elle aussi, secoue la neige, car quel autre nom donner à ces voiles de voluptueuses mousselines à travers lesquels elle se dessine vaguement comme un ange dans son nuage(…).

Cette femme riche et enviée par tous que désire Raphaël porte un nom, Foedora. Foedora, la femme qui, embellie par le maquillage représente ainsi le maquillage et les artifices de la société de son temps, car comme dit dans la dernière phrase du roman : « Foedora, elle est partout, si vous voulez, c'est la société ». Bien qu'elle soit symbolique et qu'elle serve de représentation de la frustration pour la bourgeoisie de cette époque, qui contrairement au plus précaires tels que Pauline, ne sont pas des gens intéressants ; tout n'est qu'artifice et que mensonge, tout n'est qu'argent et ces gens, bien que remplis de bourses et de paroles d'esprits, sont en réalité, les plus creux au monde. Tout en critiquant la société, et les vices des femmes, Foedora reste un personnage complexe et emblématique de ce roman, on dira même d'elle qu' « elle peut être expliquée de tant de manières qu'elle devenait inexplicable ». Cette femme complexe et cette société artificielle seront traumatisantes pour Raphaël qui ne parviendra point à obtenir la main de Foedora ni le succès voulu par ce dernier. Sa complexité fait d'elle un personnage intriguant qui a su retenir notre attention.

Apparaîtra ensuite un autre personnage, que nous connaissons déjà, ni plus ni moins que Eugène de Rastignac, héros du célèbre roman « le Père Goriot », qui, après avoir subi une désillusion après la mort du Père Goriot, sera comme le démon tentateur sur l'épaule gauche de Raphaël qui permettra d'ouvrir un passage de réflexion sur la débauche et sur le fait de pouvoir, qui nous détruit. Toutefois, Balzac décrira la débauche non pas comme un vice horrible, il n'est pas là pour faire la morale mais se place plus comme un philosophe qui saura dire que certes la débauche nous détruit, mais elle « est sans doute au corps ce que sont à l'âme les plaisir mystiques ».

Tout en poursuivant ces réflexions sur la débauche, le jeu et les vices, Balzac poursuivra ses réflexions fort intéressantes sur la société tels que : « Les Français sont égaux devant la loi est un mensonge inscrit en tête de la Chartre. Il n'obéira pas aux lois, les lois lui obéiront. Il n'y a pas d'échafaud, pas de bourreaux pour les millionnaires ! ». En somme, des réflexions qui nous font nous dire que les choses n'ont pas réellement changé à notre époque…



Ensuite commencera la dernière partie de cet ouvrage, « L'agonie », et disons-le nous franchement, la meilleure partie. Meilleure car elle entrera dans le vif du sujet ; meilleure car l'action se déroulera concrètement, car l'histoire nous tiendra en halène et surtout car La peau de chagrin n'aura plus un rôle anecdotique mais deviendra la réelle obsession de Raphaël, qui va se voir mourir à petit feux, après s'être rapidement détruit dans la débauche.
Ce dernier ouvrira les yeux sur Pauline, qui désormais devenue riche paraît sublime et parfaite aux yeux de Raphaël, l'argent rend beau, sûrement. Mais ce bonheur sera de courte durée, car ayant passé tout son temps à se détruire, à s'aveugler de l'illusoire Foedora, sa rétine se rétrécissait et n'apercevais plus Pauline, qui était toujours la même, bien qu'ombrée, mais présente. Raphaël s'est rendu compte trop tard de ce qu'il le rendait heureux, métaphore de la vie et qui nous invite à réfléchir sur comment réellement profiter, en espérant toujours avoir quelque chose et se rendre compte trop tard que ce que nous possédons nous convient ? Cet amour trop beau mais trop court sera merveilleusement retranscrit dans toutes les phrases passionnées et Balzac, que j'ai beaucoup apprécié.


Raphaël sera envoyé en cure, à cause de sa maladie, d'abord dans des bains, ce qui ne lui apportera rien, mais surtout à la montagne dans les eaux de Mont Dore, qui nous permettront de savourer les plus belles descriptions, la plus belle retranscription d'une tranquillité, d'une sérénité, d'une harmonie entre l'homme et la nature, comparable au chapitre X du roman réalité « le rouge et le noir » De Stendhal, où le héros Julien Sorel aura un moment de proximité rare avec la nature. Toutefois, cette harmonie sera gâchée d'une part par l'obsession de Julien pour la peau de chagrin et sa taille, mais d'une autre part par sort : La mort. Qui ne tardera pas à arriver. Digne d'une grande tragédie antique ou classique de Racine, le héros succombera à ses douleurs dans les bras de Pauline, dans un malheur trop grand pour un bonheur ayant été trop court.


Ainsi, ce roman, qui gravitera autour de l'évolution de Raphaël, ses phases, ses philosophies et ses manières de voir la vie, nous permettront de nous donner toutes les clefs afin de nous ouvrir sur le monde et ouvrir la porte de la réflexion. Grâce à la peau de chagrin, allégorie qui symbolise notre vie et l'impact direct de notre décision sur cette dernière, grâce à ses personnages stéréotypés mais intéressants et surtout avec cette écriture magnifique mais trop chargée, Honoré de Balzac est parvenu à faire un roman qui trouve encore un écho dans notre monde et dans nos coeurs.
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Sommes nous prêts à tout dans la vie même à vendre sa vie au diable ? de toute évidence Raphaël de Valentin l'est.

Animé par la misère et la tentation du suicide, Raphaël erre dans les rues de Paris et se retrouve chez un antiquaire qui va lui faire découvrir « la peau de chagrin ». Au bord du désespoir et prêt à se donner la mort, il va trouver un certain intérêt dans cette peau de chagrin qui peut réaliser tous ses souhaits. En contrepartie de ses volontés, il perdra du temps de sa vie. Chaque fois qu'il souhaitera quelque chose la peau de chagrin rétrécira et sa vie aussi jusqu'à l'inévitable. Cela lui semble une belle aubaine, mais pour combien de temps ?

Honoré de Balzac découpe son roman en trois parties.
La première étant la découverte du talisman à savoir « la peau de chagrin ». Cette partie donnant au lecteur les conditions de la vie de Raphaël et ce que va lui coûter d'obtenir ce cuir que personne ne peut changer. Dans une ville où la richesse est de mise, chacun est prêt à tout pour réussir et faire partie de la haute société. Raphaël n'est pas du genre à vouloir mendier sa vie et préfère la mort ou donner sa vie pour des milliers d'écus. Cependant est-ce vraiment le plus important dans la vie ? L'argent peut-il tout offrir ? N'y a t'il pas plus important que cela ? Raphaël va l'apprendre à son dépit.
Dans une deuxième partie, nous allons remonter dans son passé et découvrir comment il en est arrivé à sa situation et pourquoi il n'a plus goût à rien et surtout tout ce qu'il a perdu. Sa rencontre avec Feodora n'aura rien de glorifiant pour lui et pourtant il sera prêt à tout pour lui plaire et pour s'en faire aimer. Mais cette dernière est-elle prête à changer sa vie pour lui ? C'est ce qu'il espère en tout cas.
Dans la dernière partie, nous assisterons à son agonie. Car de toute évidence à trop en vouloir on finit par tout perdre. Pauline apportera un peu de douceur dans la vie de Raphaël mais est-il prêt à ouvrir les yeux sur elle qui n'a rien alors que Feodora a tout. Cette pauvre fille qui est prête à tout sacrifier pour lui pendant que lui sacrifie sa vie pour une autre qui ne lui apporte rien. Se rendra t'il compte de l'amour qu'il a auprès de lui au lieu de le chercher aussi loin ?
Est-il plus judicieux de vivre ses derniers instants auprès de l'amour de sa vie ou en reclus de la société afin d'économiser au maximum son temps de vie ?
Quand on vend son âme au diable, il faut savoir s'attendre à tout et surtout à tout perdre.
Honoré de Balzac nous dépeint avec talent, la société telle qu'elle était avec d'un côté les plus riches et de l'autre les plus pauvres. Avec les gens rusés d'un côté et ceux qui se font manipuler de l'autre.
Avec son écriture captivante, il arrive à traverser les siècles pour toucher ses lecteurs en mêlant fantastique et réalité d'une main de maître.

Un classique littéraire qui m'a beaucoup plu.


Lien : https://fantasydaniella.word..
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J'ai relu ce livre que j'avais découvert durant mes études de lettres. Cette fois-ci c'est dans le cadre du changement d'oeuvres au programme pour les 1ères dans l'objet d'étude du roman. J'avais le choix entre "Manon Lescaut" de l'abbé Prévost (choix abandonné tout de suite), "Sido" et "Les vrilles de la vigne" de Colette (choix du coeur) et "La peau de chagrin" (choix stratégique étant donné mes élèves).
Pour être bien sûr de mon choix j'ai effectué cette relecture et au final je ne suis pas déçu ! Tout y est : du réalisme, un peu de romantisme et du fantastique. Bien sûr, les descriptions sont parfois longues mais c'est une caractéristique De Balzac.
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Lorsque Raphaël de Valentin pénètre dans la maison de jeu du Palais Royale à Paris, un cerbère lui demande d'ôter son chapeau. Ce geste de dépouillement et d'humilité symbolise la soumission devant la puissance de l'ordre établi par l'argent. Ce lieu de perdition attire tous ceux qui espèrent se refaire une fortune sur un coup de dé. Raphaël, jeune noble désargenté vient de subir une grande déception amoureuse et songe au suicide, il vient sans conviction jeter sa dernière pièce d'or sur le tapis, en vain. Son errance le conduira par hasard chez un antiquaire, un vieillard étrange l'accueille, il semble sortir des enfers, mais son discours est néanmoins empreint de sagesse et de bienveillance. Cette dualité place Raphaël au carrefour de sa vie, le vieillard lui propose un talisman, une peau de chagrin, qui possède un pouvoir magique, celui d'exaucer tous les voeux de son possesseur.

Tout le sujet du roman est condensé dans le monologue de l'antiquaire : « Je vais vous révéler en peu de mots, un grand mystère de la vie humaine… Deux verbes expriment toutes les formes que prennent ces deux causes de mort. Vouloir et pouvoir. Entre ces deux termes de l'action humaine, il est une autre formule dont s'emparent les sages, et je lui dois le bonheur de ma longévité. Vouloir nous brûle, et pouvoir nous détruit ; mais SAVOIR laisse notre faible organisation dans un perpétuel état de calme… La pensée est la clef de tous les trésors, elle procure les joies de l'avare sans en donner les soucis… le mot de sagesse ne vient-il pas de savoir ? Et qu'est-ce que la folie, sinon l'excès d'un vouloir ou d'un pouvoir ? »

Raphaël n'a rien à perdre, il saisit la Peau de chagrin et espère ainsi réaliser tous ses rêves. le vieil homme le met en garde et lui fait lire les termes du contrat inscrits sur la peau. « Celui qui me possède accomplira tous ses désirs, mais ses jours décroîtront à chaque voeu exaucé ».

Ce célèbre roman De Balzac est un conte fantastique et philosophique publié en 1831. C'est sans doute l'une des oeuvres les plus remaniées par Balzac au fil des éditions. Les variantes du texte occupent à elles seules 160 pages en petits caractères de l'édition 1985 de la collection « Classiques Garnier ». Balzac relisait scrupuleusement chacune des éditions de ces oeuvres pour corriger et améliorer sans cesse son texte. Quand on considère l'ampleur de son oeuvre, 91 romans pour la Comédie Humaine seule, on imagine le travail de relecture et d'écriture que cela représentait en moins de 30 ans ! (Balzac a commencé à écrire vers l'âge de 20 ans jusqu'à quelques années avant sa mort survenue à l'âge de 51 ans).

Ce livre a toujours été l'un de mes préférés en raison de la profondeur du message philosophique qu'il porte et aussi en raison du traitement littéraire. La forme choisie par Balzac, le « conte fantastique » est d'une grande originalité et tranche sur la production littéraire de l'époque. Mais cet ouvrage est aussi prémonitoire, il décrit avec une exactitude confondante le destin de son auteur. Balzac n'a-t-il pas toute sa vie formulé le voeu de devenir célèbre, riche et heureux en amour auprès de son "étrangère" la comtesse Rzewuska. Au moment même où ses voeux sont exaucés, il dépérit et meurt dans la fleur de l'âge, brûlé par le désir.


Encore une fois Balzac nous emporte dans un monde où le héros est écartelé entre le désir d'opulence qui mène à l'excès et le besoin d'équilibre qui peut conduire à l'austérité et l'ennui. L'auteur semble nous suggérer une voie qui est celle de la sagesse une sorte de sobriété heureuse ou le vouloir et le pouvoir sont bannis au profit du savoir. Une grande leçon que n'a sans doute pas toujours suivie Balzac lui-même dont la force vitale démesurée ne pouvait conduire qu'à l'excès. Ce génie, dont les ailes de géant l'empêchaient de marcher, avait trouver une manière a lui de résoudre ce dilemme. À la fois bénédictin et bon vivant, il s'astreignait à un labeur immense et solitaire jusqu'à l'épuisement. Pour se régénérer, il sortait de sa réserve et troquait sa robe de bure pour un habit au luxe ostentatoire afin de se fondre dans les milieux de la haute bourgeoisie. Un monde envers lequel il éprouvait à la fois de l'attrait et de la répulsion et dont il nourrissait son oeuvre.

— « La Peau de Chagrin », Honoré de Balzac, Classiques Garnier Éditions de M. Allem (1985), 461 pages (introductions, notes et variantes).

Je vous recommande aussi une l'excellente chaîne Youtube de Paper Boy consacrée à la littérature où vous trouverez plusieurs vidéos d'excellente qualité sur https://www.youtube.com/watch?v=YDrc2MM8KYk&t=138s
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