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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
L'Aubrac, ses terres rudes, ses fermes, sa gastronomie, Laguiole… Ce massif que se partagent trois départements : l'Aveyron, la Lozère et le Cantal, Vanessa Bamberger m'y a ramené, me plongeant d'abord dans une histoire familiale compliquée, puis elle a emporté mon adhésion avec son immersion dans la nature sauvage et son analyse de l'élevage.

Alto braco ne signifie pas « haut lieu » comme indiqué en quatrième de couverture, version que donne d'abord l'autrice mais qu'elle rectifie peu avant la fin : « La teinte brune de la tourbe de l'Aubrac, dont l'origine occitane, alto braco, signifiait donc « haute boue » et pas « haut lieu » comme je le croyais. »
Vanessa Bamberger mène son roman en quatre parties comme un grand repas, avec Mise en bouche, Hors-d'oeuvre, Viandes et Entremets, ainsi qu'on aime le faire, là-haut du côté de Laguiole ou Nasbinals. Pourtant, tout commence à Paris et on y reviendra régulièrement avec les limonadiers aveyronnais et cantalous qui, dans les années 1980, possédaient encore les trois quarts des cafés-tabacs de l'Île-de-France.
La narratrice, Brune Salazard, fille d'un bistrotier, est élevée par ses deux grands-mères, comme elle les appelle : Douce et Annie Rigal, cette dernière étant surnommée Granita. Elles tiennent toutes les deux un bistrot, le Catulle, rue Catulle-Mendès, dans le 17earrondissement.
C'est la mort de Douce qui va ramener Brune et Granita sur l'Aubrac, retour pour l'enterrement, à Lacalm. Cela va déclencher une avalanche de retrouvailles, de mises au point et de révélations surprenantes et bouleversantes, touchant Brune au plus profond d'elle-même.
L'autrice m'a régalée de descriptions détaillées, de précisions bien senties chaque fois qu'elle monte sur l'Aubrac ou qu'elle part en balade. Elle découvre le plateau où vit et travaille encore une bonne partie de sa famille.
C'est au cours de ses pérégrinations sur l'Aubrac que surgit immanquablement le débat sur l'élevage et sa conséquence, la consommation de viande. La recherche du profit a enclenché un processus constaté dans toutes les filières de l'élevage, absurdités dictées par l'appât rapide du gain mais contribuant un peu plus au saccage de notre planète.
« D'après Granita, sur l'Aubrac, les vaches avaient plus de valeur que les êtres humains. On y trouvait plus de vétérinaires que de médecins. » Cela n'empêche pas les éleveurs de vendre leurs veaux aux Italiens pour qu'ils les engraissent au maïs et autres ajouts dangereux pour notre santé, pratiques aberrantes pour le bien-être de ces animaux. Certains éleveurs tentent de changer, de passer à l'élevage bio, comme Clémence, ou encore à l'élevage raisonné mais reste le poids des mauvaises habitudes.

Sur fond de bonne cuisine et de consommation de viande excessive comme le constate souvent la narratrice, Alto Braco se termine de façon un peu décevante car Vanessa Bamberger prouve, hélas, que lorsqu'on est déraciné, c'est très dur, voire impossible de revenir au pays.


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Brune a été élevée par Douce et Annie, deux soeurs, Douce est sa grand-mère. Après la mort de sa mère, elle a été recueillie par sa grand-mère, ne voyant son père que rarement. Ils vivaient tous en région parisienne mais leurs racines étaient celles de l'Aubrac. Une région que Brune n'a connu que très jeune lorsqu'à l'époque elle allait chez des cousins en vacances.

Aujourd'hui, Brune a 38 ans, elle est directrice de crèche, sa grand-mère vient de mourir. Elle est enterrée sur sa terre natale selon sa dernière volonté. C'est donc un retour timide qui se fait sur la Plateau d'Aubrac, dans cette famille mal connue, retour vers un père qui à la mort de ses parents a repris leur ferme. La découverte d'une culture, d'un territoire, de la cuisine, chaque chapitre est une partie d'un repas, tout commence avec la mise en bouche.

Avec Brune nous allons au fil des pages rencontrer la famille, les cousins, le père, entendre des vérités bien cachées, les langues se délient, on dépoussière les mémoires pour faire ressurgir les secrets bien gardés. Jusqu'à la fin, alors que nous pensions tout savoir enfin, eh bien non, ce n'est pas tout, tu ne savais pas, personne osait encore le dire mais ....

Tout un voyage dans le temps et dans cette magnifique région de l'Aubrac. Ce roman est un très bel hymne à cette région, au monde paysan. C'est aussi une histoire de femmes, de ces femmes qui comme dans bien d'autres régions de France et du monde, femmes de marins ..... ont donné de leur vie pour tenter de vivre une vie décente, de réaliser leurs possibles. Si elles ont un peu des grands-mères de l'auteure, tout en restant personnages de fiction, elle me rappelle, avec beaucoup d'émotion aussi mes deux " grands-mère ", deux soeurs, Tante guite et grand mère, tout un sujet de roman aussi....Enfin une autre histoire.

Un très beau portrait de femmes tout en surprise, humour et délicatesse, merci Vanessa Bamberger et les éditions Liana Levi.

Prix Arverne 2019
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Un premier roman très réussi "Principe de Suspension", une première rencontre chaleureuse avec l'auteure, Vanessa Bamberger, c'était en 2017. Puis une deuxième rencontre, l'année dernière à la Comédie du Livre à Montpellier, tout aussi chaleureuse et la dédicace de son deuxième roman "Alto Braco". Les jours ont filé et pendant tout ce temps, il m'a attendu. Voilà, je l'ai enfin lu, il confirme haut la main le grand talent de la romancière.

Brune, Parisienne, directrice de crèche retourne en Aubrac pour les obsèques de Douce, sa grand-mère, propriétaire d'un café parisien, et qu'elle ramène sur ses terres originelles. Douce, à la beauté transcendée par une écriture fabuleuse, Douce qui "…avait emporté son pays sur son visage. Son front bombé, une prairie éclaboussée de lumière, ses dents blanches, des pétales de narcisse du poète, sa fossette au menton, une combe, son corps long et délié, la rencontre d'un chemin pierreux et d'un cours d'eau." Annie, la soeur de Douce, est là aussi, que l'on appelle plutôt "Granita". Loin de moi, l'idée d'entrer plus avant dans l'histoire. Un roman comme celui-ci se mérite. Il a besoin d'être découvert, pas à pas, d'être savouré, il a besoin de se dévoiler lentement.

A la manière d'un repas avec mise en bouche, hors d'oeuvre, viandes et entremets l'auteur nous raconte une histoire, véritablement romanesque entre secrets de famille et personnages hauts en couleur. Parmi ces derniers, le plateau dont le nom vient de l'occitan "Alto Braco", Braco, comme la boue, la tourbe dont est fait le sol, souvent détrempé par les pluies froides, sa beauté, sa rudesse, ses vaches et ses couteaux. Car les vaches prennent une place considérable dans le récit, sans que pour autant, il ne soit jamais ennuyeux. C'est un bel hommage, sensible et émouvant que Vanessa Bamberger rend à cette terre rude et à ses occupants, aux éleveurs, aux couteliers. On sent derrière ses mots un amour inconsidéré pour la région de ses aïeux. Et, je ne parle pas de l'allusion à l'impact éventuel de l'environnement sur nos gènes, question fort intéressante liée à l'épigénétique.

En un mot, j'ai adoré ce deuxième roman de Vanessa Bamberger, pour la forme, le fond, la merveilleuse écriture, et la force avec laquelle elle nous démontre que se connaître est indispensable pour bien vivre.

Lien : https://memo-emoi.fr
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Un récit en quatre services : ainsi se présente le témoignage d'une jeune femme. Brune est recueillie au décès de Rose, sa mère, quelques jours seulement après sa naissance, par sa grand-mère Douce et sa tante Granita tenancières d'un bistrot à Paris, « le Catulle ». Aimantes et protectrices, ses deux « grands-mères » ont aussi su emmêler les fils de la vie de Brune.
En cette fin octobre, Brune et Granita accompagnent le corps de Douce à Lacalm comme elle l'a souhaité, village où elle a vécu jusqu'à son adolescence avant de partir précipitamment pour Paris.
De l'Aubrac, Brune n'a aucun souvenir des courts séjours qu'elle a pu faire lorsqu'elle était enfant. L'enterrement de Douce est donc le point de départ du chemin qui la conduit sur les traces de ses origines. En réalité, cette quête, elle n'en a jamais rêvé, elle pensait « que le sentiment d'appartenance n'était qu'une construction de l'esprit, une histoire qu'on se raconte à soi-même ».
Comme mise en bouche, Vanessa Bamberger évoque les derniers moments de Douce à la maison de retraite, le long voyage entre Paris et l'arrivée au cimetière de Lacalm après avoir traversé les hauts plateaux désertiques, l'enterrement, les retrouvailles de Granita avec les anciens voisins, cousins, l'évocation des souvenirs. A l'entrée du cimetière, Douce est accueillie par Serge, son père qu'elle connaît si peu. Déjà les conversations lui révèlent les premiers secrets d'une longue histoire.
Et pour suivre, hors-d'oeuvre, viandes et entremets… Cela ressemble à un vrai séjour touristique. L'auteure décrit scrupuleusement les caractéristiques d'une région, la géographie des lieux, son histoire, ses paysages, son climat, une région où accueil et convivialité ne sont pas de vains mots. Là-bas, on se rassemble encore autour de grandes tablées pour déguster la viande saignante venue tout droit des élevages rescapés de la désertification rurale. Petit à petit, Brune s'imprègne de cette terre inconnue.
En guère plus de 200 pages, Vanessa Bamberger brosse un tableau très actuel des difficultés de l'agriculture en France, des techniques d'exploitation et d'élevage, d'un système économique qui ne repose plus sur une région mais doit s'adapter aux exigences du commerce européen auquel les paysans sont totalement dépendants. La question du respect animal et de la consommation de viande est traitée par le prisme du comportement du consommateur citadin défenseur du bien-être animal et de celui du paysan dont l'élevage constitue ses seules ressources.
Aussi, Alter Braco prend-il parfois l'aspect d'un documentaire avec une dimension politique ou d'un guide de voyage. Ici, l'épigraphe citant les mots de Sylvain Tesson dans la traversée de ses « chemins noirs » prend tout son sens. Dans cet écrin presque énigmatique, s'inscrit l'histoire des origines et se révèle une appartenance.
La documentation riche et précise constitue le squelette d'une histoire passionnante autour de laquelle est construit un scénario fort en émotions. C'est également une magnifique histoire d'amour entre trois femmes soudées par le destin.
De cet ensemble, ce livre m'a marquée parce que je me suis identifiée dans certaines étapes de de la vie de Brune, ce qui m'a valu d'être parfois submergée par les émotions. Lorsque l'auteure parle des relations entre ces trois femmes, souvent sur un ton humoristique, on mesure l'intensité de l'amour de ces deux grands-mères et la protection qu'elles portent à l'enfant puis à la jeune femme. Ce volet sentimental n'est peut-être pas le plus exprimé dans le roman, mais il apparaît subtilement tout au long du texte, évitant l'effet larmoyant. Mais c'est bien dans cet amour que Brune a eu le courage d'affronter les révélations, de comprendre puis de se servir du poids de son passé pour comprendre et pour se construire.
Je conclurai en disant que l'écriture et le style sont très adaptés à l'histoire de cette quête identitaire, le tout formant un bel objet littéraire.

Lien : https://mireille.brochotnean..
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Alto Braco...
Inutile de préciser qu'en Aveyron, ce titre a fait grand bruit dès sa sortie. "Tiens, un roman qui parle de l'Aubrac, écrit par une parisienne et, surtout, qui passe à la radio ..." Voilà de quoi attiser les esprits aveyronnais, un poil "chauvin" qui se sont rués sur Alto Braco.
Etant aveyronnais, je dois avouer que j'ai été également plutôt curieux par la réception positive critique et publique de ce titre du coup, il fallait bien le lire. Je n'ai pas été déçu. Je ne suis pas du tout issu de l'Aubrac mais il faut avouer que Vanesse Bamberger brosse un tableau à la fois rude et poétique de cette terre le tout à travers un portrait familial des plus réussie.

Alto Braco est tout simplement le récit d'un retour aux origines, c'est un roman personnel, presque de l'autoficition dans laquelle Bamberger dresse un éloge parfois doux, parfois amer de ces racines aveyronnaises ou plutôt aubracoises !
Vanessa Bamberger délivre une écriture délicate, à la fois simple et doucement poétique, une sorte de petite brise qui anime l'Aubrac sans trop de fioritures.
Ce que j'ai beaucoup aimé dans ce roman, c'est sa légèreté. Que ce soit au niveau du style, ou au niveau du découpage des chapitres plutôt courts, ce roman nous transmet un retour aux origines avec suffisamment de délicatesse pour être enivrant et suffisamment de force pour être pragmatique mais sans aucun effet de remplissage.
Ainsi l'Aubrac est décrit comme une terre particulière, un paysage presque exotique, doté d'un certain "tempérament" naturelle. On ressent bien l'attachement qu'à ressentie l'auteure pour cette environnement indomptable et bien affirmé.
De plus, Bamberger évite judicieusement tous les clichés de la " parisienne qui découvre un autre monde " , elle confronte cette rencontre avec réalisme , avec également un certain humour mais un humour qui est avant tout défini par le caractère des deux grands-mère de Brune, le personnage principal.
Car, si il y a bien une force qui transcende celle du paysage, celle du lieu des origines, c'est la force suscitée par ces deux grands-mères Douce et Annie dite Granita.
Pour rappel, le roman est centré sur le personnage de Brune qui, avec sa grande-tante Annie, vont accompagner le cercueil de sa grand-mère Douce pour la ramener en Aubrac. C'est une intrigue toute simple qui est magnifiée par ce rapport avec la famille à travers les portraits de Douce et Annie, deux soeurs qui ont dû quitter l'Aubrac pour ouvrir un café sur Paris comme beaucoup d'aveyronnais d'ailleurs. Chacune des deux grands-mères possèdent son caractère, excentrique, douce et joviale pour l'une, autoritaire, cassante et moqueuse pour l'autre. Elles incarnent deux reflets qui vont parfaire le personnage de Brune. Ce sont deux personnalités qui se fondent jusque dans l'écriture même du roman, tantôt délicate dans ses instances descriptives tantôt intenses dans ses scènes dramatiques ou dans son réalisme. A travers ces portraits, ce n'est ni plus ni moins qu'un hommage à ces femmes fortes qui ont su s'imposer dans des périodes difficiles. C'est peut-être un peu naïf comme remarque mais il y a vraiment un respect inébranlable pour elles.
Si il y a bien une autre qualité que nous pouvons donner à ce livre, c'est que c'est tout simplement une agréable mine d'informations sur l'élevage et ses différentes facettes. D'ailleurs, Vanesse Bamberger remercie Daniel Crozes, l'un des auteurs aveyronnais les plus prolifiques, qui a beaucoup écrit sur l'Aveyron et notamment sur l'Aubrac.
Il y a un souci du détail et de l'attachement entre l'éleveur et le bétail qui est juste passionnant avec une réflexion lucide et tout en nuance dans le domaine de l'éthique et de l'alimentation. C'est remarquable.
On retrouve cette qualité de recherche dans les descriptions du paysage de l'Aubrac. Ce roman n'est pas seulement un retour à la source personnel et intimiste, c'est aussi une vision fort bien documentée de cette même source.
Je glisserais un petit bémol sur un certain rebondissement dramatique qui casse un peu le ton du récit, le transformant en l'espace de quelques secondes en intrigue un peu pathétique ou convenue mais honnêtement, ça ne gâche rien.

Attachant dans sa vision de l'Aubrac, sublimé par ses relations familiales avec le portrait ces remarquables grands-mères, Vanessa Bamberger délivre un retour au source intimiste tout simplement enivrant. L'auteure ne se perd pas dans un faux romantisme mais dépeint son roman avec une belle lucidité assortie avec une pointe de délicatesse poétique.
Une petite bouffée d'air frais ne fait jamais de mal.

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Brune a vécu toute son enfance chez sa grand-mère Douce et sa grand-tante Granita, deux soeurs inséparables originaires de l'Aubrac et plus précisément de sa partie aveyronnaise. Puis Douce décède des suites d'alzheimer dans sa maison de retraite et sa petite-fille décide de la faire inhumer dans le village de son enfance en Aveyron. C'est ainsi que Brune et Granita retourne sur leur terre d'origine et que l'on découvre ce bout du monde, ses paysans, ses éleveurs dont certains très peu soucieux du bien-être animal... et c'est peu de le dire.

L'écriture est limpide et très agréable, on découvre beaucoup de secrets familiaux et de non-dits. le récit est passionnant, les chapitres défilent et il faut dire que ce cadre géographique est assez rare en littérature. le lecteur fait une belle découverte de personnalités mais aussi de lieux naturels attirants. Douce est un personnage étonnant et hauts en couleurs dont Brune ne cessera de découvrir alors même qu'elle pensait tout en savoir.

Belle découverte que ce roman !
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« Alto Braco » est un hymne régionaliste. Il enclenche dès l'incipit « Je me suis réveillée en sursaut » un retour ancestral alloué aux racines existentialistes. Puissant, empreint d'une écriture habile, ciselée, précise, aérienne, la lecture en devient voyageuse. le regard se dirige subrepticement vers la narratrice, en l'occurrence Brune. On ressent la vie à bras le corps dans ces lignes magnifiées de sens, de senteurs. le terroir emblématise une quête essentielle et nourricière. On respire l'air frais. L'idiosyncrasie d'un monde en roue libre où l'habitus bien plus que l'autarcie semble une coutume amplifiée de raison et de nécessité. L'Aubrac s'éveille dans ce récit, devient cette encre, qui, sans elle, les lignes n'auraient pas cette teneur sociologique et sentimentale. Tout se tient dans ce décor, ces rites riches de secrets, ces habitudes, ce savoir-faire millénaire. Alto Braco,est un haut lieu mythique, attisé par une poésie nostalgique «Le plateau ressemblait il est vrai, à certains paysages peu habités. Et, comme eux, croyais-je en cet instant il offrait l'immensité. » Brune, en narratrice hors pair pose le « Je » à l'instar d'une photo en noir et blanc arrachée à la muraille des souvenirs. Elle se cherche, pousse du pied ce conformisme où sa vie teintée de Bovarysme emmure ses élans. Les pans de cet Aubrac parabolique s'effritent au fur et à mesure que Brune s'affranchie. Son attachement à cette terre-mère semble les métaphores de Douce et Granita ses deux mères gémellaires. Ces dernières plus que mères pour Brune auront forgé son espace vital, glaises de ferveur, de foi et d'endurance. « Alto Braco » est une cartographie sincère, lucide d'un Aubrac qui se dévoile, kaléidoscope d'un passé révolu et d'un futur modernisé. Ce roman est une délivrance bénéfique, digne, altière, heureuse et apaisante. Un arc-en-ciel qui illumine l'Aubrac. Publié par les Editions Liana Levi, ce roman de Vanessa Bamberger est en lice pour le Prix France Télévision le livre 2019 Catégorie romans.
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" Il ne faut pas oublier d'où l'on vient. Ou plutôt, il faut savoir d'où l'on vient pour pouvoir l'oublier."

Brune est une jeune femme de trente-huit ans, devenue directrice de crèche par refus de perpétuer la tradition familiale en reprenant le bistrot parisien de ses "grands mères" dans lequel elle a grandi. Brune a été élevée par sa grand-mère et sa grand-tante maternelles, Douce et Granita, deux soeurs inséparables qui entretiennent une relation exclusive, les deux soeurs Rigal ont passé leur vie à se disputer mais ont fait le pacte de rester toujours ensemble. Brune sait peu de choses de Rose, sa mère décédée quelques jours après sa naissance. Quant à son père, elle ne l'a pas revu depuis qu'il a quitté Paris pour s'installer en Aubrac pour reprendre la ferme de ses parents quinze ans plus tôt.

Le décès de Douce qui a émis le voeu d'être enterrée dans sa terre natale, l'Aubrac, contraint Brune à un retour dans le pays de son enfance. L'Aubrac dont le nom vient d'Alto Braco, haut lieu en occitan, est un plateau au confins de l'Aveyron, la Lozère et le Cantal. Brune n'est pas revenue depuis de nombreuses années dans cette région où elle passait ses vacances d'été chez une cousine quand elle était petite.

Avec ce roman Vanessa Bamberger nous immerge dans cette région désertifiée par l'exode rural, une terre volcanique au climat rude peuplée de fermiers solitaires et taiseux, un pays de femmes, de "maîtresses femmes", un monde où se mêlent tradition et modernité, où se côtoient éleveurs de vaches, bouchers, couteliers, un monde où le culte du travail prédomine, une terre de traditions où les vaches seraient plus précieuses que les êtres humains...

Vanessa Bamberger excelle pour créer une atmosphère, évoquer un monde rural sans aucune description inutile. Elle nous décrit un monde de saveurs, d'attachement à la terre et aux bêtes, parsemant son récit de mots de patois. Les titres des différentes parties du roman vont joliment de la "mise en bouche" aux "entremets". L'âpreté des paysages, les étendues d'herbes rocailleuses, la rudesse du climat sont parfaitement restituées. Vanessa Bamberger met en scène deux soeurs au caractère très marqué, la plus jeune coquette, désinvolte mais fragile, l'aînée à l'allure sévère et au caractère bourru, unies par des secrets de famille, des histoires de patrimoine, de terres d'estive...
Une atmosphère, des personnages forts, une belle écriture, une histoire de famille bien construite, une histoire de transmission et de secrets de famille... Ce roman réunit tous les ingrédients pour en faire une très belle réussite. Une histoire qui illustre à merveille l'importance de retrouver ses racines, de "savoir d'où l'on vient pour pouvoir l'oublier."
Lien : https://leslivresdejoelle.bl..
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Brune, la narratrice, a été élevée en région parisienne par sa grand-mère, Douce, et sa grand-tante, Annie – la mère de Brune, Rose, étant morte peu après la naissance. Douce et Annie ont toujours travaillé dur et elles tiennent un bistrot à Paris. Brune ne connaît pas ses racines familiales, elle va découvrir l'Aubrac après l'enterrement de Douce et elle y retrouvera son père, Serge Alazard, qu'elle a très peu connu puisqu'il a lâché le bistrot familial pour reprendre l'élevage de ses parents.
Les secrets de famille vont se dévoiler peu à peu, les langues vont se délier et Brune n'est pas au bout de ses surprises.
Un roman magnifique, s'appuyant en partie sur l'histoire familiale de l'auteure, des descriptions précises de la vie sur l'Aubrac, celle vécue par Douce et Annie dans leur enfance, mais aussi celle des éleveurs aujourd'hui. Une belle écriture, pleine de sensibilité, ce qui rend les personnages attachants. Des paysages que l'on a envie de découvrir en refermant ce roman qu'il faut absolument lire.
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Le roman s'ouvre sur le décès de Douce, la grand-mère de la narratrice.

Au fur et à mesure des pages, nous découvrons l'enfance de Brune entre sa grand-mère et sa grand-tante, bistrotières parisiennes venues de l'Aveyron, deux femmes que rien ne pourra séparer.

Et puis, au gré des confidences, Brune découvrira également le secret de famille qui entoure la fuite à Paris de ses deux anges gardiens.

J'ai aimé les deux soeurs qui ouvrent leur commerce 7 jours sur 7, de six heures jusque tard le soir, par roulement.

J'ai aimé le père de Brune qui tente vainement de faire vivre son exploitation sur le plateau de l'Aubrac.

J'ai aimé en apprendre plus sur cette région à cheval sur trois départements à la nature presque intact mais rude.

Le personnage de Brune m'a moins parlé, trop parisienne, sans doute, trop révolutionnaire après avoir discuté avec seulement 3-4 personnes.

Un roman plein de vaches et de ceux qui les aime.

L'image que je retiendrai :

Celle de Douce préparant la pâte à crêpes avant d'aller se coucher (de la farine, des oeufs, du sucre et du lait, un bon coup de fouet, et repos jusqu'au matin).
Lien : https://alexmotamots.fr/alto..
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