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D'un passé oublié, Vanessa Bamberger nous fait traverser les étendues désertiques et minérales du haut plateau de l'Aubrac. Cantal, Lozère et Aveyron, l'auteur comble avec nous les trous de mémoire d'une triple identité : trois entités rassemblées sous la bannière de l'Auvergne, trois communautés géologiques et humaines qui forme le coeur de la France, et celui d'une femme.

Brune est une jeune parisienne privilégiée. de nature calme et rangée, elle mène une vie paisible et épanouie en tant que directrice de crèche.
La disparition de sa grand-mère risque bien de profondément bouleverser sa vie simple et tranquille.
C'est Douce, la bien nommée, et sa soeur Annie, également appelée Granita, qui ont élevé Brune après le décès très tôt de sa mère.

Aveyronnaises d'origine, leur verbe haut et imagé rythmera les souvenirs de son enfance. Des femmes fortes au tempérament bien trempé, à l'image de leur région natale : l'Aveyron sur les hauts plateaux de l'Aubrac, région volcanique et minérale, balayée par le vent, mystérieuse et âpre à l'identité secrète mais tenace.

Ma chronique :
Lien : https://www.fnac.com/Alto-Br..
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L'Aubrac, ses terres rudes, ses fermes, sa gastronomie, Laguiole… Ce massif que se partagent trois départements : l'Aveyron, la Lozère et le Cantal, Vanessa Bamberger m'y a ramené, me plongeant d'abord dans une histoire familiale compliquée, puis elle a emporté mon adhésion avec son immersion dans la nature sauvage et son analyse de l'élevage.

Alto braco ne signifie pas « haut lieu » comme indiqué en quatrième de couverture, version que donne d'abord l'autrice mais qu'elle rectifie peu avant la fin : « La teinte brune de la tourbe de l'Aubrac, dont l'origine occitane, alto braco, signifiait donc « haute boue » et pas « haut lieu » comme je le croyais. »
Vanessa Bamberger mène son roman en quatre parties comme un grand repas, avec Mise en bouche, Hors-d'oeuvre, Viandes et Entremets, ainsi qu'on aime le faire, là-haut du côté de Laguiole ou Nasbinals. Pourtant, tout commence à Paris et on y reviendra régulièrement avec les limonadiers aveyronnais et cantalous qui, dans les années 1980, possédaient encore les trois quarts des cafés-tabacs de l'Île-de-France.
La narratrice, Brune Salazard, fille d'un bistrotier, est élevée par ses deux grands-mères, comme elle les appelle : Douce et Annie Rigal, cette dernière étant surnommée Granita. Elles tiennent toutes les deux un bistrot, le Catulle, rue Catulle-Mendès, dans le 17earrondissement.
C'est la mort de Douce qui va ramener Brune et Granita sur l'Aubrac, retour pour l'enterrement, à Lacalm. Cela va déclencher une avalanche de retrouvailles, de mises au point et de révélations surprenantes et bouleversantes, touchant Brune au plus profond d'elle-même.
L'autrice m'a régalée de descriptions détaillées, de précisions bien senties chaque fois qu'elle monte sur l'Aubrac ou qu'elle part en balade. Elle découvre le plateau où vit et travaille encore une bonne partie de sa famille.
C'est au cours de ses pérégrinations sur l'Aubrac que surgit immanquablement le débat sur l'élevage et sa conséquence, la consommation de viande. La recherche du profit a enclenché un processus constaté dans toutes les filières de l'élevage, absurdités dictées par l'appât rapide du gain mais contribuant un peu plus au saccage de notre planète.
« D'après Granita, sur l'Aubrac, les vaches avaient plus de valeur que les êtres humains. On y trouvait plus de vétérinaires que de médecins. » Cela n'empêche pas les éleveurs de vendre leurs veaux aux Italiens pour qu'ils les engraissent au maïs et autres ajouts dangereux pour notre santé, pratiques aberrantes pour le bien-être de ces animaux. Certains éleveurs tentent de changer, de passer à l'élevage bio, comme Clémence, ou encore à l'élevage raisonné mais reste le poids des mauvaises habitudes.

Sur fond de bonne cuisine et de consommation de viande excessive comme le constate souvent la narratrice, Alto Braco se termine de façon un peu décevante car Vanessa Bamberger prouve, hélas, que lorsqu'on est déraciné, c'est très dur, voire impossible de revenir au pays.


Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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« Alto braco », le « haut lieu » en occitan, l'ancien nom du plateau de l'Aubrac. Brune, la narratrice trentenaire en est originaire, mais a été élevé à Paris dans le bistrot de ces deux grands-mères, ou plutôt Douce sa grand-mère maternelle et Annie sa grand-tante. Elle aussi ont quitté l'Aubrac, définitivement pensaient-elles. Brune doit y retourner pour y enterrer Douce et découvre ce territoire inconnu comme une touriste chez soi.

Les thèmes qui courent dans tout le roman et qui questionnent la narratrice sont passionnants : la transmission, le lien au pays d'origine. On suit pas à pas le cheminement intime de Brune qui ne croit ni aux gènes ni à la terre, mais découvre progressivement qu'elle s'est trompée sur ce qu'elle aime en réalisant la beauté rude et authentique de l'Aubrac et des êtres qui le peuplent. Sa quête de sens débouche sur une quête de vérité qui la mettent en face de lourds secrets de famille, de mensonges ou d'arrangements avec la vérité. Si elle veut devenir une femme entière, elle ne peut plus esquiver le passé comme l'ont fait ses deux grands-mères avant elle et comme elle l'a fait aussi, prise dans une lignée généalogique qui fait bégayer l'histoire.

Thèmes forts donc mais malheureusement, je suis restée spectatrice très lointaine de cette épiphanie de l'être. Si j'ai été touchée par les magnifiques descriptions de l'Aubrac et par les personnages fantasques des deux grands-mères bistrotières, la narratrice m'a souvent indifférée voire quelque peu agacée avec ces questionnements répétitifs et naïfs.

Je pense également que je n'ai pas accroché avec la volonté kaléidoscopique de l'auteure qui plaque sur la transformation intime et profonde de Brune une thématique plus documentaire sur l'élevage et l'industrie de la viande. Cela m'a semblé artificiel, avec des enchaînements peu fluides entre les deux univers, alors que la trame romanesque de quête de soi et des origines était suffisamment forte pour se suffire en soi.

De beaux thèmes, deux beaux personnages mais au final un roman pas assez abouti à mon goût pour me faire vibrer.
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Dans Alto Braco, Vanessa Bamberger brosse un magnifique tableau de l'Aubrac.
Brune, originaire d'un petit village de l'Aveyron mais ayant grandi à Paris, y retourne pour l'enterrement de sa grand-mère, Douce. Elle ne reconnaît rien mais, petit à petit, elle va se familiariser avec ce pays d'élevage et va fleurir en elle un sentiment d'appartenance.
Si, parfois, j'ai trouvé le ton un peu trop journalistique, cette fiction est un bel hommage que rend l'autrice à l'Aubrac.
En conclusion, je dirais qu'il paraît important que chacun d'entre nous connaisse sa propre histoire familiale, que ceci est indispensable à notre épanouissement.
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Voyage en terre... familière : j'ai lu avec curiosité et sans déplaisir le livre de Vanessa Bamberger qui déroule son menu roboratif construit comme un repas de noces ou plutôt,  en l'occurrence,   d'enterrement ,- des hors d'oeuvres aux entremets- , pour raconter  une saga familiale sur fond de crise de l'élevage,   entre quatre villages haut perchés de mon Aubrac bien aimé: Lacalm,  Laguiole,  Saint Urcize et Nasbinals.

L'auteur sait "documenter" un sujet et s'organiser pour que rien de cette manne récoltée par elle ne soit perdu pour le lecteur!  Un vrai dépliant touristique, assez habilement habillé en roman. Pourtant, je n'y ai pas appris grand chose, si ce n'est l'étymologie du nom, Aubrac, cet alto braco qui signifie non pas  le haut lieu mais la haute tourbière...

Un vrai roman de crises, aucune ne manque : de la crise identitaire de Brune Alazard, la parigote, petite- fille de bistrotier parisien, et descendante d'éleveurs  aveyronnais, en mal de racines, de pays natal et de ( secrets de ) famille, à la crise de la viande sur fond de malbouffe et de vache folle, en passant par la crise des campagnes pas aussi déshéritées ni désertifiées qu'elles en ont l'air, et la crise  de la capitale- proclamée-  inhabitable... mais si  addictive que Brune  n'arrête pas d'osciller entre l' Aveyron et Paris comme un pendule irrésolu!

La problématique de l'élevage et celle qui lui est étroitement liée, la consommation de viande, n'est pas abordée , ici, de façon révolutionnaire: ni bio, ni intensif, l'élevage se doit d'être de qualité, tant dans le choix des bêtes que dans leur élevage proprement dit.

Étables de taille humaine, races authentiques, fourrage naturel, estives de luxe au milieu des fleurs, veaux sous la mère, engraissement sur place et abattage  intra muros: autrement dit , d'un bout à l'autre de la chaîne, responsabilité et familiarité. Style :  "J'ai bien connu la vache dans votre assiette"!

Le tour du pays, de ses us et coutumes , quoiqu'assez appuyé et exhaustif , ne manque pas de sel, la question de la viande, elle , ne manque pas  d'à propos ( à moins que ce ne soit l'inverse!) ...mais les  relations familiales et les secrets de famille, l'alibi romanesque,  sont si banals, si inutilement complexifiés qu'ils m'ont proprement rasée,  et ont encombré cette lecture didactique qui n'avait pas besoin de cet enrobage romanesque en kit pour se laisser lire.

Vous dirais-je le fond de ma pensée?

Quand il s'agit d'Aubrac, je préfère à toutes les documentations de parisienne ayant fait sciences Po',  quelques lignes des Carnets du Grand chemin de mon cher Julien Gracq qui, tout agrégé de géographie qu'il est,  ne fait jamais sentir son érudition mais ,  pour chanter le paysage, et le plateau d'Aubrac en particulier, sait y puiser ses images les plus fortes,  en distiller la poésie la plus secrète.

C'est ce qui m'a le plus manqué dans cette lecture.
Les images et la poésie. 
Autrement dit , l'essence même de mon Aubrac bien-aimé.
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Dans son second roman Vanessa Bamberger renoue les fils d'une histoire familiale en retournant sur le plateau de l'Aubrac enterrer la grand-mère qui l'a élevée.

La narratrice, répondant au doux prénom de Brune, vient de perdre Douce, la grand-mère qui l'a élevée avec sa soeur Annie, sa mère étant décédée à sa naissance. Installée dans la région parisienne, elle fait partie des descendants de bougnats, ces immigrants venus des hautes terres du Massif central et qui ont petit à petit mis la main sur le commerce du bois et du charbon livré à domicile), mais surtout des boissons. Ce qui les a conduit à gérer cafés, restaurants et hôtels. Leur succès a été tel que les Auvergnats de Paris formaient dans le premier tiers du XXe siècle la communauté immigrante la plus importante de la capitale française.
Brune a promis à Douce de l'enterrer dans son Aubrac natal et si Annie, proche de ses sous, a bien rechigné un peu face à la dépense, elle a fini par accepter de prendre la route derrière le corbillard.
À l'émotion du dernier adieu vient alors s'ajouter celle de ces paysages où les racines familiales sont bien plus profondément ancrées qu'elle ne s'imagine. Brune retrouve là son taiseux de père, Serge Alazard. Il avait choisi de lâcher son bistrot pour reprendre l'élevage de ses parents à Saint-Urcize, laissant Brune avec ses aïeules.
Dans un quadrilatère composé de Laguiole, Lacalm, Saint-Urcize et Nasbinals, elle va aussi retrouver des cousins, des traditions, des secrets de famille. Et cette certitude qu'elle est beaucoup plus proche de ce coin perdu qu'elle ne l'osait se l'avouer: « J'avais raison, je venais d'ici, j'étais d'ici. Il ne faut pas oublier d'où l'on vient. Ou plutôt, il faut savoir d'où l'on vient pour pouvoir l'oublier. Je n'appartenais pas à une terre, mais à une histoire, dont je devais connaître le début pour en écrire la fin. »
Brune, qui a la phobie des couteaux et ne mange quasiment pas de viande, et surtout pas de viande rouge, va se transformer au fil des pages et au fil des rencontres. À Laguiole, avec son cousin germain Gabriel, qui travaille chez «Boyer & fils, maîtres couteliers depuis 1904» elle va non seulement apprendre à aimer les couteaux, mais aussi lever un coin du voile sur son ascendance. Douce avait été le grand amour de Maurice Boyer, mais ce dernier avait épousé Eliane. le couple avait donné naissance à Chantal, tandis que Douce mettait au monde Rose, la mère de Brune et de Maurice. du coup, Brune comprend mieux pourquoi Chantal avait haï Douce toute sa vie. Mais elle n'est pas pour autant au bout de ses surprises…
À Nasbinals où habite le cousin Bernard, elle va aussi rassembler des indices. Mais aussi s'intéresser à l'élevage et aux pratiques agricoles censées faire la richesse de cette région, au point de vouloir initier un projet pour transformer l'exploitation paternelle.
Au fil des pages, on comprend que le centre de gravité de sa vie s'est déplacé. Elle prend souvent la route de l'Aubrac, elle délaisse Maxime, ce cadre supérieur à la Société Générale, avec lequel elle s'est liée. Un peu comme s'il y avait urgence, un peu comme si c'était sa dernière chance de rassembler les pièces de son puzzle.
Les dernières pages sont magnifiques, riche en rebondissements et en révélations et viennent confirmer le talent de conteuse de Vanessa Bamberger.

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Quoi de plus merveilleux pour un lecteur que de contempler en direct les paysages décrits par le roman que l'on est en train de lire? C'est ce qui m'est arrivé il y a une semaine; de séjour dans l'Aveyron nord, j'ai pu découvrir le venteux et sauvage Aubrac.

L'auteure, à travers ses personnages, raconte la région de sa famille, et l'on sent combien elle y est attachée. le style est souvent poétique et rend bien la beauté particulière et dépaysante des lieux.

La narratrice, élevée à Paris par sa grand-mère et sa grand-tante, très originales propriétaires d'un bistrot de quartier, retourne sur les terres de l'Aubrac, à la mort de sa chère mamie, Douce. Elle n'y était plus venue depuis l'enfance.

J'ai beaucoup aimé ce retour aux sources, cette remontée vers les origines, qui s'accompagne d'un dévoilement de secrets douloureux. S'y greffe une analyse intéressante de l'élevage, principale activité de l'Aubrac, les procédés malhonnêtes de certains pour rentabiliser la vente des bêtes, la volonté d'autres de préserver le bien-être animal et la nature. Cependant, cela a un peu court-circuité l'histoire personnelle des personnages, c'est dommage. Et on perd en émotion.

Un bel hommage sensible à l" Alto Braco", cet haut plateau aveyronnais au charme fou. A découvrir!
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Pour son deuxième roman, Vanessa Bamberger explore le monde des éleveurs de l'Aubrac. avec son héroïne, Brune, fonctionnaire de 35 ans élevée par sa grand-mère et sa grand-tante, deux soeurs auvergnates et bistrotières, au caractère fantasque.

A la mort de l'une d'entre elles, elle va partir à la quête de ses origines.et va creuser le sillon de cette Auvergne qu'elle connaissait si mal.

Sans trop y croire au départ, ce retour aux sources fait vaciller les certitudes de Brune. alors même qu'elle ne croyait pas particulièrement aux racines terriennes, persuadée que le sentiment d'appartenance n'existait pas vraiment .

Brune va alors découvrir un Aubrac bien vivant (Alto Braco, «haut lieu» en occitan, l'ancien nom du plateau de l'Aubrac.) et va rencontrer ses cousins qui lui révèlent des secrets de famille -

Cette découverte de son son histoire intime va finalement la soulager et lui faire comprendre ce qui l'a bloqué jusqu'alors.

En découvrant son passé auvergnat, l'avenir de cette Parisienne purs jus se libère totalement de ses chaines.

Sur une histoire largement autobiographique - la grand-mère maternelle de l'auteur y avait passé son enfance et elle y est retournée à sa mort, Vanessa Bamberger nous livre une ballade touchante sur le destin d'une jeune femme qui se révèle à elle même et à ses ancêtres.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Mère, père et… terre ! Comme le dit la grand-tante de la narratrice au début du roman : à la campagne, les psys ne sont d'aucune utilité. Brune, l'héroïne, interroge sa mémoire, celle de sa mère morte en couche, celle de son père qui a fuit le malheur et les responsabilités. Il lui reste ses aïeules… et la terre de l'Aubrac. La terre suffit, elle est le début et le commencement de tout. La terre et les sacrifices qu'elle demande à ceux qui la sollicitent, son ingratitude, sa dureté, sa bonté aussi, quand le fruit du labeur nourrit et donne un sens à la vie. Brune croyait refermer le livre de son histoire familiale en enterrant sa grand-mère mais elle en découvre de nouveaux chapitres en arpentant les terres austères de l'Aveyron. Plus elle en apprend sur cette terre, ses secrets inavouables, ses hommes, ses animaux (« ici les vaches sont plus importantes que les le gens »), plus elle prend conscience de son identité et de son lieu d'appartenance (on dirait where I belong, en anglais). Et si le fait d'appartenir à une terre et d'y grandir un peu nous marquait à jamais, en produisant une « épimutation » ? Dans une écriture raffinée et une tradition qu'on n'avait perdue depuis des auteurs comme Genevoix ou Vialatte, Vanessa Bamberger se risque à nous parler de racines et du retour aux sources. le pari était osé, il est réussi. On ne s'ennuie jamais, on s'éprend des personnages et on apprend beaucoup (l'Aubrac, les bougnats de Paris, l'élevage, la viande, le bio...) On sent que Vanessa Bamberger a potassé son sujet et qu'elle a l'ambition de nous transmettre l'intégralité de son savoir – c'est l'unique reproche que je lui ferais. On lui pardonne volontiers, à une époque où les écrivains se prélassent dans une autofiction qui ne sort pas du périph'. le voyage, qu'il soit aux antipodes ou dans l'Aveyron, est toujours salvateur.
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Sa mère étant morte dans les jours suivant sa naissance, Brune, la narratrice, a été élevée par ses deux grands-mères, à vrai dire par sa grand-mère et sa grand-tante, deux soeurs originaires de l'Aubrac et venues dans les années soixante s'établir bistrotières à Paris, dans la plus pure tradition auvergnate. Fantasques et terribles, mais si humaines et attachantes, les deux « maîtresses-femmes » se sont consacrées sans relâche, avec acharnement et souci de bien faire, à leur travail et à l'éducation de Brune, en faisant une petite Parisienne bien éloignée des racines familiales dont elle ignore quasiment tout.


Lorsque sa grand-mère décède en exprimant le souhait d'être inhumée en terre natale, c'est pour Brune une profonde remise en cause de toutes ses certitudes qui l'attend au berceau familial. Dans ces paysages à la beauté et à l'âpreté climatique si particulières de l'Aubrac, l'attend une famille dont elle ignorait les secrets très longtemps cachés et dont les révélations vont bouleverser sa vie. Elle y découvre aussi un univers qui ne la laissera bientôt plus indifférente : celui de l'élevage bovin, producteur de ces résistantes vaches rousses aux grands yeux ourlés de noir, comme maquillés de khôl, et aux longues cornes en forme de lyre, que l'on appelle les reines d'Aubrac.


Au thème intimiste de la filiation et de la transmission, se mêle une réflexion sociale sur le délicat équilibre entre rentabilité économique et respect de l'animal et de la nature. Si l'émotion largement autobiographique de ce vibrant hommage aux terres d'Aubrac est contagieuse, le déroulement du raisonnement écologique, par ailleurs tout à fait intéressant, m'a semblé trop rapidement plaqué sur l'histoire personnelle de Brune pour ne pas conférer à l'ensemble un certain sentiment d'artifice, un peu comme si la journaliste tendait à l'emporter sur la romancière.


Je referme donc Alto Braco avec une impression mitigée, touchée par ses personnages et éblouie par la majesté de l'Aubrac, mais avec le regret que la trame trop manifestement journalistique ne se soit pas davantage transformée en « oeuvre littéraire ».
Lien : https://leslecturesdecanneti..
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