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Critique de kielosa


C'est un peu délicat d'écrire une critique sur un livre d'une amie babélienne, surtout, si à en juger par ses photos sur le net, l'auteur a l'air tellement sympathique. Mais faisons abstraction de cette réalité et comme les chevaliers du moyen-âge, allons-y sans crainte et sans reproche.

Laure, soyez rassurée ! Vu les circonstances un tantinet particulières et pour démontrer qu'il m'arrive aussi d'être sympathique, j'annonce d'emblée la couleur : votre ouvrage m'a beaucoup plu ! Et comme un théorème mathématique, je vais le prouver. Ne fût-ce que pour convaincre vos futurs lecteurs, qui pourraient émettre des doutes sur mon objectivité et non (ou très subsidiairement alors) pour vous faire plaisir.

D'abord, il y a le choix du sujet : un crime situé dans le 'Deep South' des États-Unis, en proie à des luttes raciales. Peut-être quelque part logique pour un John Grisham, né en Arkansas, qui, dans son thriller 'Non coupable' nous raconte un événement, qui, dans une certaine mesure offre des similarités avec le présent récit, prend place en Mississippi. Mais beaucoup moins evident pour une jeune française du Languedoc-Roussillon d'élire comme théâtre des opérations l'Alabama des années 1950. Période, qui plus est, d'avant même sa naissance. Un projet ambitieux qui demande, outre du courage, une solide recherche documentaire. Prendre comme thème un sujet racial, à un moment d'une incontestable intolérance dans notre Europe éclairée, suite au problème des réfugiés politiques, n'est pas non plus exactement une solution de facilité.

Ensuite, il y a le défi psychologique : imaginer des personnages de race, couleur, éducation etc...foncièrement différent de vous-même et les faire agir et réagir avec conviction ne doit pas être simple. Bien que je ne souffre pas trop d'un manque d'imagination, il me serait totalement impossible de prédire comment des amis de couleur, que j'ai eu à l'université, se seraient conduits dans une situation exacerbée. Et Laure Barachin les place justement dans une telle situation.

Troisième considération : il faut éviter de se laisser influencer par un ou plusieurs ouvrages lu. Comme par exemple le classique 'La Case de L'oncle Tom' de Harriet Beecher Stowe, que nous avons tous dévoré, mais pas impunément, car ce genre de récit, certainement en tant qu'enfant ou adolescent, laisse des traces dans notre subconscient. Sans mentionner les ouvrages que l'auteur elle-même cite dans sa critique. En d'autres termes : le danger des clichés.

Quatrième et dernier critère d'évaluation : le rythme narrateur ou l'enchaînement des événements qui doit persuader le lecteur à continuer la lecture. Si possible, avec une impatience grandissante ou du moins avec enthousiasme, regrettant presque d'arriver aux dernières pages.

Pour ce qui est du style et de la langue, ce serait un peu prétentieux de ma part, dont la langue maternelle n'est même pas celle de Moliere, de vouloir émettre un jugement sur la qualité de la langue administrée par une Diplômée de Lettres modernes.

C'est donc avec ces quatre éléments constamment en tête, ce qui a hypothéqué probablement quelque peu mon jugement du 4ème critère, que j'ai lu cet ouvrage et que je peux conclure que l'écrivain a réussi sa mission haut la main.

Je n'ai eu à aucun moment l'impression que l'auteur se trouvait en terre étrangère. Je n'ai pas non plus relevé d'anachronismes. Lisa, le personnage central, qui bien qu'elle soit fictive, est là, devant mes yeux, et rien dans ses réflexions et agissements m'ont paru bizarre ou peu crédible. Il en va de même pour les autres personnages. Bien que je ne réussirai jamais à comprendre la mentalité de ces 'gentlemen' du Ku Klux Klan, de la NRA (National Rifle Association, qui compte toujours 5 millions de membres nostalgiques du 'Far West') et autres clubs américains tres selects.

Le seul élément pour lequel je me vois obligé de retirer 1 ou 2 points est le suspens. Mais je ne crois pas que c'était l'ambition de sa créatrice de produire un 'hardboiled' thriller avec des fusillades et des batailles en règle à tout bout de champ. D'ailleurs l'éventuel manque de suspens pour les uns est largement compensé pour les autres par les évocations historiques, qui nous rappellent entre autres le lamentable épisode de Rodney King et de la LAPD (Los Angeles Police Department) de 1991 et l'hommage au sublime 'I have a dream' ou 'Je rêve' du géant Martin Luther King de 1963 (reproduit ingénieusement en fin de volume).

Je suis ravi de pouvoir recommander cet ouvrage de Laure Barachin à tous ceux qui adorent lire un bon livre, où à côté d'une histoire réussie, nous apprenons une multitude de faits historiques, mines de rien, quasiment en passant. Je souhaite à l'auteur de continuer sur sa lancée, et de nous offrir après celui-ci et son 'Un été en terre catalane', d'autres ouvrages de qualité comparable.



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