Je n'invente rien. La littérature quelquefois se passe d'imagination.
La morale des bandits organisés est une bigoterie aussi grotesque que la bigoterie d d'église, de mosquée ou de synagogue. C'est le même sérieux dans l absurde, la même violence infligée aux impurs déclarés, la même occultation des femmes, le même monde du phallus roi et la misère sexuelle qui l accompagne...
La solitude est un bienfait dès lors que l'on dispose de livres,de papier et d'un crayon
"C'est un film, et ce n'en est pas un. C'est un roman, et ce n'en est pas un. Je n'ai rien inventé. Ce qui importe, c'est le moment où la littérature rend la vie plus intéressante que la littérature , ce qu'il faut, c'est l'attraper comme on attrape un poignard. La meute lancée à mes trousses craignait que tout finisse dans un livre.Le voilà."
L'humanité est étonnante - étonnante dans la forme, quoique lassante dans le fond. ça s'abandonne à la vieille routine carnassière, aux usages immodérés du feu et du sang, et à peine sorti de la fange et des cendres, ça dresse des monuments aux grands carnivores; et puis on y retourne, la folie carnassière, le feu, le sang et l'inépuisable recommencement pour rien. Quelle santé ! Quelle fatigue !
Je m’appelle Landov, le diable est avec moi , vous n’aurez pas ma peau
La prison n’est pas un lieu pour les endormis, les faibles y périssent. « Le tri est fait en un clignement de paupière », m’a dit Vladimir un jour que je me plaignais au parloir ; ce fut ma première et mon unique jérémiade. La dégringolade arrive vite, on a tôt fait de devenir la proie, le rouge ou le coq. La prison est un exercice spirituel et corporel. C’est une représentation, une ascèse, une lutte. Oncle Sania me demande si je connais le dessin de Victor Hugo qui représente de manière exacte notre promenade. Je lui fais confiance, il existe quelque part. Un jour, je vérifierai. Je lui parle de La Ballade de la geôle de Reading , quand Oscar Wilde évoque les singes et les clowns qui en silence tournent sans fin. Je n’avais pas les vers en tête, mais j’avais en moi leur empreinte et la certitude qu’ils disaient ma promenade.
Ce dont on ne peut parler, il faut l’écrire
Frères humains qui après vous nous vivez,
N'ayez les coeurs contre nous endurcis,
Car, si pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tôt de vous merci.
Le bon peuple peut donc se scandaliser, on l’y encourage, il peut s’il le souhaite rester indifférent, c’est bien aussi, et si beaucoup distinguent derrière l’affaire la main malpropre du FSB, c’est parfait, cette poigne est effrayante, regardez-la, on vous la montre à la télévision. Redoutez-la en silence. Une foule de simples railleurs est docile, une foule d’indignés est souvent utile. Craintive, elle est idéale.