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3,79

sur 273 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Si comme moi vous baignez dans la littérature policière, que votre quotidien de lecteur est fait de tueurs psychopathes, de flics torturés qui leur courent après, d'enquêteurs scientifiques obsessionnels , de braqueurs de banques et autres trafiquants de drogues qui dézinguent à tout va, peut être alors ressentez vous parfois l'envie de changer d'air, d'un dépaysement complet, d'élargir votre horizon.

Si tel est le cas, alors il grand temps pour vous d'ouvrir un roman d'Olivier Barde-Cabuçon. Après le remarqué « Casanova et la femme sans visage », l'auteur nous offre avec « Messe noire » la suite des aventures de son improbable et pittoresque duo d'enquêteurs constitué de Volnay, le commissaire aux morts étranges et de son complice le moine hérétique ( Les deux romans peuvent se lire indépendamment).

Car c'est en plein milieu du 18ème siècle que Barde-Cabuçon projette son lecteur, dans ce Paris tempétueux et parfois colérique et violent. C'est là que l'auteur plante le décors de sa nouvelle histoire.

Nous sommes en décembre 1759. le corps sans vie d'une jeune fille est retrouvé sur une tombe d'un cimetière parisien. Sur place, le commissaire aux morts étranges ne trouve pour seuls indices, qu'un crucifix ,une hostie noire et quelques traces de pas dans la neige. Mais un peu plus loin, sur la grille du cimetière, une pancarte intrigue: » Interdit à dieu d'entrer dans ce lieu » . Dès lors il n'en faut pas plus pour que le pouvoir s'inquiète de la possible résurgence des messes noires qui avaient défrayées la chronique sous le règne de Louis XIV. C'était l'affaire " Monpassan – Lavoisin » qui avait vu nombre de condamnés, dont des nobles, pour pratique de sacrifice humain et rites interdits.

Cette nouvelle affaire est donc suffisamment importante en tout cas pour que Sartine, le lieutenant général de police en personne, décide de suivre de très près l'enquête de son inspecteur peu conventionnel et vis à vis duquel il nourrit une certaine méfiance. Car en cet hivers rigoureux, la misère nourrit le mécontentement de la population ,le froid avive sa colère en gestation. Pour l'homme de confiance du roi, il convient de veiller à ce que la monarchie ne soit pas davantage affaiblie par une histoire qui pourrait exacerber les superstitions et souligner l'impuissance des autorités à maintenir l'ordre.

Pour garder un oeil sur ses deux inspecteurs aux méthodes parfois peu orthodoxes, il leur adjoint une équipière chargée de les seconder, mais surtout de lui rendre compte de leur moindre faits et gestes. Un élément qui ne manquera pas d'interférer dans l'osmose et la complicité des deux hommes.

Séduisante, ensorcelante et manipulatrice, la belle réveillera une sourde rivalité entre eux malgré un lien de filiation qui les unit . Car si Volnay est un jeune et beau garçon dont un chagrin d'amour hante les nuits, c'est son père, bien plus âgé, qui semble manifester une appétence toute juvénile pour la gente féminine qu'il a du mal à dissimuler.

C'est donc un trio atypique qui se lance à la poursuite des adorateurs du malin. Et l'on peut compter sur toute la coquinerie de l'auteur pour entraîner ses personnages dans une enquête sinueuse, semée de cadavres, pleine de fausses pistes et d'étranges situations.

Au delà de cette énigme, l'intérêt du roman tient d'abord au portrait de ce Paris du XVIIIème que dépeint l'auteur avec la couleur de ses mots. Un paris grouillants de vie, où la crasse le dispute aux odeurs pestilentielles des sels balancés par les fenêtres. Un Paris aux rues étroites, sombres, où noblesse et pauvres gens se côtoient, où les prostituées s'agrippent à vous comme des sangsues et où les mouches (indics) de Sartine sont partout . Un Paris qui à la nuit tombée devient le royaume des malfrats et des renégats, où la vie n' est plus qu'un lancer de dés. Malheur à celui qui croiserait la route d'une bande de maraudeurs en vadrouille.

C'est avec force détails qu' Olivier Barde-Cabuçon nous dessine cette capitale pré révolutionnaire où règne la manigance, le complot , surveillée par les espions d'un pouvoir aux abois . Il dresse avec réalisme le portrait de ces petites gens, et restitue parfaitement cette atmosphère si particulière de fin de règne qui s'annonce pour la monarchie française.

Mais l'autre intérêt du livre, tient aussi dans ses personnages. L'auteur nous offre une galerie de protagonistes hauts en couleur. Un Sartine manipulateur, pervers, un enquêtrice au passé sentant le souffre de la sorcellerie, et surtout, notre si pittoresque duo père- fils, adeptes de l'esprit des lumières, qui nous offrent une rivalité des plus savoureuses.

Rien ne manque à ce roman ,ni la qualité de conteur de l'auteur et sa faculté à immerger son lecteur dans un univers qu'il n'a pas l'habitude de fréquenter, ni l'épaisseur des personnages que vient servir une intrigue parfaitement maîtrisée. « Messe noire » est assurément un agréable moment de lecture, totalement dépaysant et qui malgré l'époque où elle se situe, n'en n'arrive pas moins a captiver le lecteur polars contemporains que je suis !
Lien : http://www.passion-polar.com/
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