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sur 98 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Trademark, c'est d'abord une nouvelle parue dans un numéro de la revue Bifrost. Mais avec bonheur[tm], Jean Baret lance une trilogie Trademark où il compte bien montrer une société où l'ultraconsommation est devenue la norme. Vie[TM] et Mort[TM] sont deux autres romans prévus pour être des volumes lisibles indépendamment.

Au Bonheur Capitaliste !
Toshiba est un chasseur d'idées, un enquêteur de ce qui ressemble à une police métropolitaine, chargé de traquer ceux qui contreviennent aux codes de lois du quotidien, notamment le Code de la consommation qui oblige à consommer chaque jour, à participer à la reproduction car c'est un devoir civique et interdit le surendettement tout en favorisant les surcrédits à la consommation. Pourquoi ce prénom, Toshiba ? Tout simplement, parce que chaque individu est sponsorisé et que chaque sponsor de vie s'impose dans l'ensemble des aspects personnels, au point qu'on peut lire ce genre de phrases un peu surréalistes : « Toshiba et Walmart entrent dans la voiture Pepsi » ou bien que Huawei rencontre KFC dans l'immeuble Guerlain. Si on devait franciser les marques, on aurait pu imaginer qu'Alinéa et Intermarché utilisent le tramway Orangina, que ça ne donnerait pas forcément le même effet… Et toute cette société est à l'avenant, d'autant que violence et sexualité extrêmes sont le lot quotidien et que ce sont de magnifiques occasions pour miser, acheter ou vendre tout ce qui peut se consommer. Une certaine rengaine est installée quasiment à chaque début de chapitre : « Avez-vous consommé ? », « Avez-vous consommé ? »... C'est là le coeur de cette société et le coeur du roman : à quoi peut bien mener un système de consommation poussé jusqu'au bout ?

Violente et puissante critique de notre société de consommation
Dans cette société, tout le monde recherche le Bonheur avec un grand B, d'où le titre choisi. Sexe, drogue, violence : tous ces ingrédients sont devenus quotidiens et marchandisés, ce qui fait que chaque journée est surtout rythmée par des médicaments pris à hautes doses, des sexualités libres mais toujours tarifées et des paris quotidiens sur les conflits mondiaux en cours. Chacun de ces aspects peut être vu comme un argument supplémentaire pour immerger le lecteur dans un monde abrutissant et répétitif, qui éloigne la notion de libre arbitre, de créativité et de « bonheur simple ». Cela pourra certainement sembler répétitif à un certain nombre de lecteurs, mais le chemin est nécessaire pour faire arriver le protagoniste et le lecteur à l'écoeurement. Il y a ainsi dans ce roman la construction d'une analyse profonde de cette société à travers des émissions de « débats » comme on peut en avoir des overdoses déjà de nos jours : le talk-show The Shot Heard Round the World multiplie les sujets de société, mais les intervenants sont la plupart du temps d'accord sur le bien-fondé et les bienfaits apportés par la société de consommation. Toutes ces directions prises une à une peuvent sembler dérisoires, mais font évidemment partie d'un système extrêmement bien ordonné, et donc rassurant pour une partie de la population. Toutefois, il ne faut jamais oublier que ce capitalisme, par nature libéral économiquement mais pas libéral politiquement, est une idéologie ; à laquelle on peut adhérer ou qu'on peut rejeter, mais en tout cas une idéologie avec toutes les conséquences sociétales que cela comporte, reposant notamment sur du contrôle et de la domination dans la vie privée, dans les médias, dans la répartition de la valeur économique et du pouvoir de décision. Bien sûr, tout n'est pas parfait dans ce roman, dans la formulation de ce qui semble être une critique anticapitaliste, mais c'est tout de même diablement efficace et réflexif. le lecteur ne s'étonnera pas de découvrir une postface extrêmement inspirante sur le lien entre ce roman et la pensée d'un philosophe français, Dany-Robert Dufour, qui formule de quoi sortir de ces impasses.

Cyberpunk et/ou urban SF ?
Il est possible de calquer sur cette anticipation sociale un certain nombre d'étiquettes de genres. Celle de cyberpunk risque de se rappeler assez vite à nos oreilles, celle d'« urban SF » me semble également intéressante. La philosophie cyberpunk est prégnante, car nous suivons un protagoniste qui glisse doucement mais sûrement vers les marges de sa société afin de comprendre leur existence et leur fonctionnement, au risque de questionner le bien-fondé de son propre fonctionnement. Car oui, chez Toshiba, le doute l'habite au fur et à mesure de son enquête, d'autant qu'il prend relativement conscience qu'il n'est qu'un très humble rouage d'un système concentrationnaire et sécuritaire très oppressant dominé par les firmes multinationales. Mais de plus, dans un cadre urbain, nous suivons cette enquête à propos de personnages en marge, mais ceux-ci sont structurés dans une ribambelle de catégories autorevendiquées et qui correspondent parfois à des créatures limites surnaturelles mais désormais bien réelles par l'ajout ou l'ablation d'organes cybernétiques. On croise alors des cyborgs, des transhumains, des surhumains, des furrys, des mutants, des métamorphes, des purs et tant d'autres statuts plus ou moins humains. Puisque chaque catégorie essaie de se singulariser non plus par une appartenance ethnique ou culturelle comme on peut le connaître de nos jours, mais plutôt selon le credo « transforme-toi, transcende-toi, mais fais quelque chose ». Toutefois, la rencontre de différentes créatures, qui se cachent plus ou moins, lorgne sur bien d'autres influences science-fictionesques certes, mais aussi fantasy et fantastiques. Guettez alors les références à un Animus, à un jeu de Gwynt, à la contrée de Nilfgaard, à la psychohistoire, même à des vampires ; c'est au départ des petits liens culturels, voire de saines influences sait-on jamais, mais c'est aussi une manière de faire un lien intéressant entre les transformations des corps très SF et la possibilité de côtoyer des créatures fantastiques qu'on place habituellement dans d'autres contextes. du coup, voir ce roman comme de l'« urban SF » est intéressant, car dans ce cadre urbain omniprésent, nous naviguons au fond dans un monde tout à fait réel (même si c'est de l'anticipation, les codes utilisés nous correspondent plutôt très bien, malheureusement) ; en son sein, surgissent des éléments déconcertants, bouleversant de manière progressive et non trop brutale notre vision des choses en contrepoint des autres habitants qui ressentent de la rationalité à vivre dans une telle société : le concept de nouvelle frontière numérique vient donc confronter nos protagonistes, et surtout le lecteur, à leur rôle dans cette gigantesque organisation dite libérale, dite rationnelle, dite sécurisante.

C'est donc un sacré coup de coeur que ce BonheurTM ! C'est très difficile de ne pas être erratique dans cette critique tant il y a d'aspects à développer sur ce roman, tant cela touche des pans entiers de notre propre société. En tout cas, dans son propos, il a la capacité à avoir autant d'impact sur le lecteur que d'autres célèbres dystopies comme 1984. Vivement d'autres écrits de Jean Baret !

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Avez-vous consommé aujourd'hui ? Question simple à laquelle Jean Baret répond dans ce roman qui est le premier d'une trilogie. Mais une trilogie un peu particulière, puisqu'elle met en scène trois univers différents, avec des personnages différents. Les deux autres tomes devraient s'appeler Vie[TM] et Mort[TM] et seront lisibles indépendamment et dans l'ordre que l'on souhaite. le numéro 91 de Bifrost proposait une nouvelle intitulée Trademark en guise d'avant-goût et permettait de présenter l'univers du roman.

Bonheur [TM] présente une société futuriste où la seule règle est de consommer encore et toujours, toujours plus. La liberté dans ce monde est totale, chacun peut faire ce qui lui plait, vraiment tout, c'est même son droit le plus total, du moment qu'il consomme encore et toujours. Tous les matins, la phrase « avez-vous consommé aujourd'hui » s'affiche dans les logements et il faut penser à vérifier quotidiennement si on a assez consommé. On peut même consommer de l'argent que l'on n'a pas et emprunter à outrance, mais pas avoir d'économies. Il faut faire tourner l'économie et consommer. À tel point, que les gens n'ont plus de véritables noms mais portent le nom de leur sponsor avec le logo correspondant marqué sur leurs vêtements.

Les deux personnages principaux s'appellent ainsi Toshiba et Walmart et exercent la profession de chasseurs d'idées. Leur travail consiste à éplucher des dossiers pour vérifier que tout un chacun consomme bien comme il faut, et à traquer les fraudeurs qui ne font pas leur devoir de consommateur. Au cours d'une de leurs enquêtes, ils vont trouver un étrange complot destiné à mettre en danger la société de consommation. L'intrigue est assez simple mais ce n'est pas ce qui est marquant dans ce roman. L'important est la description d'un monde qui ressemble au notre par certains points, et qui fait penser à ce que nos sociétés pourraient devenir en peu de temps. Et franchement, ça fait peur, vraiment froid dans le dos. le Bélial définit le roman comme : « roman coup de poing visionnaire et syncopé aussi hilarant qu'effrayant, il nous offre le miroir à peine déformé de nos sociétés modernes en bout de course : rien moins qu'une révolution. ». Et cette phrase définit parfaitement le roman si ce n'est que j'ai plus été marqué par le côté effrayant.

La société dépeinte par Jean Baret est marquante par plusieurs aspects. La violence y règne en maître, et personne ne semble plus avoir aucun sentiment, agissant pratiquement comme des robots. Chacun peut agir comme bon lui semble et vouloir appartenir à telle catégorie, transhumain, netrunner, surhumain ou encore U-men et se transformer physiquement pour cela. Tout est possible et favorise même la consommation. La consommation à outrance est la seule règle.

Pour illustrer son propos, l'auteur utilise très souvent des listes de gens ou de choses, la répétition des slogans, des journées qui sont toujours les mêmes, encore et encore, un peu comme si on était dans Un jour sans fin, mais sans aucune possibilité d'en sortir. Cette répétition du quotidien provoque un véritable engourdissement des masses qui ne se rendent compte de rien et pensent vivre dans une société parfaite où ils bénéficient d'une liberté totale et possèdent tout ce qu'ils désirent à défaut de ce dont ils ont besoin. La culture y est totalement proscrite, comme tout ce qui est considéré comme une perte de temps, les promenades ou tout ce qui n'est pas voué à faire marcher l'économie. La critique de notre société de consommation est bien présente et pousse à la réflexion sur notre manière de vivre et d'acheter. La société dépeinte peut être parfois drôle tant elle est excessive mais elle est surtout écoeurante car plus rien n'a de sens, plus personne ne ressent rien, plus personne ne pense par lui-même, plus personne n'a de libre arbitre.

Le roman est suivi d'une postface signée Dany-Robert Dufour, philosophe qui a travaillé sur les sociétés occidentales et le fait de toujours vouloir posséder de plus en plus de biens. le philosophe est d'ailleurs cité dans le roman qui est une parfaite illustration de ses propos. L'auteur, dans cette trilogie, a la volonté de s'interroger sur le sens de la vie. Ce premier tome illustre la recherche du bonheur par la consommation et la liberté.

Bonheur [TM] est donc un roman brillamment construit dans le but de faire réfléchir sur nos modes de vie et de mettre en avant les travers de la surconsommation. Ce récit ne peut laisser personne indifférent tant la plongée dans notre monde à travers l'anticipation est glaçante. Car c'est notre monde que l'on voit sous ce filtre. Et surtout, avez-vous consommé aujourd'hui ?
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Avez-vous consommé aujourd'hui ? Consommé est un devoir civique. Ne pas consommer est passible d'une amende - Art. L.643-2 ter du Code de la consommation.


Voilà le crédo qui suit le lecteur tout au long de Bonheur TM. Dans un futur plus ou moins lointain (voire demain), la société de consommation est devenue l'axe central de la vie des citoyens (n'est ce pas déjà le cas ?). Consommé est un devoir civique, une obligation légale pour chacun, un monde ultra-libéral où faire marcher l'économie est le devoir de tout citoyen. Un monde à la fois proche du notre et en même temps étranger. Afin de mettre un pied dans ce monde, Jean Baret nous propose de suivre Toshiba, policier, section des "crimes à la consommation"... autrement dit Toshiba enquête sur les personnes dont le profil de consommation montre des anomalies... Un boulot nécessaire et prenant. Les noms ne sont plus utilisés, chacun portant le nom de son sponsor de vie dont le slogan apparait alors sur ses vêtements. Toshiba porte donc le slogan de son sponsor : Leading Innovation et celui du sponsor de son service Pepsi : Think different, Think Pepsi.

Jean Baret nous fait suivre son personnage jour après jour avec une volonté d'imprégner le lecteur de cette vie où consommer est le centre de tout. Et ça marche, même très bien ! Suivre la vie de Toshiba entre son appartement, son boulot et son appartement a rendu la lectrice que je suis très mal à l'aise. On découvre, page après page, par un jeu de style tout en répétitions, la vacuité de cette existence. C'est perturbant... et même relativement effrayant ! Mais également fascinant. Jean Baret, en 340 pages, arrive à parler d'un nombre incroyable de sujets : religion, transhumanisme, génie génétique, exclusion, liberté individuelle et bien sur du bonheur... car le bonheur est "notre droit le plus stricte", chacun à droit au bonheur et doit pouvoir l'atteindre en consommant comme il l'entends. La preuve ? Notre personnage principal est officiellement marié à un robot... et son coéquipier, en tant que surhumain, peut passer sa journée à se toper sans que personne ne trouve à y redire.

La société de consommation menée à son paroxysme où tout peut être un business : un problème de surpopulation ? La fondation Bill & Melinda Gates vous propose de faire un don à leur association qui sous couvert de vaccination propose de stériliser des millions d'africains, tout ceci dans un soucis du bien être de chacun. Vous voulez lutter contre le Khalifat mondial ? Bono vous propose de participer à une OPA agressive afin de racheter les petits états qui composent le Khalifat et ainsi le faire reculer... Une vision extrêmement dérangeante de notre futur, dérangeante et assez navrante il faut bien le dire, surtout que le récit de Jean Baret sonne presque trop "juste" par rapport au monde économique actuel : reste à enlever quelques tabous moraux et ce monde "futuriste" pourrait bien être le notre.

Je pense que par certains cotés, notamment avec son style souvent répétitif, ce livre peut rebuter des lecteurs. Et pourtant, la richesse de ce premier tome de la trilogie Trademark est hallucinant. Jean Baret utilise sa plume sans complaisance pour démontrer l'absurdité d'une société qui prône la liberté individuelle tout en contrôlant le temps libre de chaque individu : l'oisiveté est un délit, le temps libre de chacun doit être utilisé pour consommer. La pub est omniprésente, partout et tout le temps... de quoi devenir agoraphobe rapidement.

Un détails que j'ai particulièrement aimé : à chaque fois que les personnages prennent l'ascenseur, il se retrouvent au milieu d'un talk show d'actualité : The Shot Heard Round the World. Les sujets sont différents à chaque émission et en quelques lignes, l'auteur nous présente un sujet de société. Je trouve l'exercice particulièrement réussi car ce talk show donne énormément de détails sur le monde dans lequel le récit prend place.

Au final, Bonheur TM est une lecture top. Un OVNI littéraire dérangeant mais visionnaire. Jean Baret nous propose un récit d'anticipation présentant l'absurdité d'une société où le travail et la consommation sont des vertus cardinales... toute ressemblance avec un société actuelle serait fortuit... vraiment ? Une chronique difficile à écrire tellement ce livre est riche en réflexions sur notre société, les thèmes abordés étant également particulièrement nombreux. Je pense qu'on ne peut pas ressortir de cette lecture sans un léger sentiment de malaise. Je le dis rarement, mais je trouve que ce livre est une lecture à ne pas rater... Je ne sais pas ce que nous réserve l'auteur dans les deux tomes suivants mais je les lirai avec beaucoup de curiosité mais aussi une petit appréhension... due à ces auteurs qui tapent parfois "trop juste" dans leur manière d'abordés des thèmes d'actualité.
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Avec BonheurTM, Jean Baret nous décrit une société proche d'une société cyberpunk, mais en plus extrême et actualisé, avec ses corporations qui dominent la planète, ses publicités partout, l'obligation pour les citoyens de consommer.
Les personnages que l'on suit ne sont pas des rebelles, ils sont parfaitement intégrés à ce système dans lequel une marque peut être le sponsor de vie d'un individu, qui se voit dépossédé de son identité au profit du nom de la marque (on suit ainsi "Walmart" et "Toshiba"), et contribuent même à son bon fonctionnement puisqu'ils sont "chasseur d'idées" dans une police de "crimes à la consommation"...
Chronique complète et très détaillée sur le blog.
Lien : https://leschroniquesduchron..
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Ce livre fait désormais partie de mes ouvrages repères. ces espèces d'ovnis non pas inclassables mais plutôt qui aident à classer le reste. Jean Baret a du prendre son pied à romancer ces idées liées à une philosophie de vie et ces manières de vivre qui en découlent. on est bousculé, saisi, amusé, dégoûté et attiré par cette histoire
A bientôt Jean
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Quelle idée de lire ça en vacances, c'était très bien mais plombant.
Dans un futur proche, la clé de voute de la société est la consommation pour ne pas dire la surconsommation. Dans ce monde, « tout » est permis tant qu'on participe à l'économie et qu'on n'a aucun loisir « gratuit » (ballade en forêt, regarder le ciel, bavarder avec autrui…). Les personnages n'ont plus aucune identité, ils sont nommés par le nom de l'entreprise qui les sponsorisent. On suit Toshiba, un policier de la brigade de la fraude à la consommation et ses réflexions sur son état qui n'est pas joyeux malgré le fait qu'il « a tout pour être heureux ». On a tout ce que la société de consommation poussée à l'extrême peut donner. C'est oppressant, flippant, malsain et pose plein de problématiques. Dans ce monde, consommer est synonyme d'être libre et la combinaison de faire ce qu'on veut, de gros pouvoir d'achat, de technologie et de liberté donnerait le meilleur système possible.
Tout est dans la manipulation des foules. Chacun est noyé dans un bonheur artificiel consumériste pour ne pas avoir à penser et à se poser des questions. Il n'y a plus de débats seulement du divertissement de plus en plus crash et la publicité est omniprésente. On pousse même jusqu'à avoir un algorithme pour calibrer les livres de sorte à toucher le plus grand nombre. Celui-ci permet de doser action, sexe… et le résultat est particulièrement beurk. Cette vision extrême de la consommation et de la société centrée sur la consommation est difficile à lire car on voit très vite qu'on n'est pas si loin de ce monde. Juste une mise en garde, le héros est marié avec une femme robot et la façon dont il l'a traite est problématique donc si la maltraitance est un sujet sensible pour vous, n'y allez pas.
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(...) Ce qui est certain, en revanche, c'est qu'il est choquant. Il exploite nos travers contemporains pour nous faire réfléchir et n'hésite jamais à être cynique, grinçant, incorrect et à salement bousculer le lecteur. Et c'est totalement jouissif !
L'article complet sur mon blog.
Lien : https://touchezmonblog.blogs..
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Jean Baret signe ici une dystopie effarante de réalisme qui, sous couvert d'anticipation, généralise les travers existants de notre société actuelle pour mieux nous les faire voir, pour nous alarmer, pour nous réveiller. Dany-Robert Dufour dit de Bonheur™ qu'il s'agit de la dystopie que notre siècle attendait, une dystopie qu'il place au même niveau que le meilleur des mondes d'Huxley. Et je suis entièrement d'accord avec lui ! La critique du consumérisme est puissante à travers cette société où tout peut se monnayer, y compris les conflits et massacres, où tout peut s'acheter, même l'amour et l'immortalité, où chacun peut modeler le réel pour accéder au bonheur illusoire et où consommer devient un devoir de bon citoyen. Les personnages perdent même leur identité, au sens propre puisque leur nom devient celui de leur sponsor, comme au figuré. Chacun s'isole de plus en plus dans sa quête du bonheur, et se perd dans les affres d'un désir jamais assouvi.

Quelle [...]

Pour lire la suite de cette critique, rendez-vous sur yuyine.be!
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Deux points à avoir en tête avant la lecture :

1. le style est simpliste à l'extrême, exagérément répétitif, envahissant voir même grotesque, à l'image des publicités et des incitations à consommer qui pourrissent la vie des personnages, que l'auteur va jusqu'à prénommer par des marques. Tout le monde n'appréciera pas cette démarche, indubitablement volontaire, parfois un peu extrême, je trouve l'idée plaisante.

2. Si je n'avais pas été préalablement prévenu que l'auteur aime créer des personnages ambiguës, le livre aurait probablement volé à travers la pièce dès le 9e chapitre (assez tôt dans le récit, puisque les chapitres sont très courts). Jusqu'alors, même si certaines choses me laissaient dubitatif, le personnage principal m'était plutôt sympathique. Je ne m'attendais pas à ce que son comportement devienne aussi dégueulasse et violent envers sa femme, robot programmée essentiellement pour lui sucer inlassablement la bite et s'occuper des tâches ménagères. Ensuite j'ai été surpris de ma réaction, puisque j'éprouvais de la sympathie et de la pitié pour un robot qui ne ressent pas la douleur, programmé pour le plaisir de son propriétaire. de l'empathie pour un grille-pain sexuel ! Même en sachant cela, je continue à détester l'attitude du personnage et à ressentir un malaise. Je pense que ce genre de situation peu rebuter certains lecteurs.

Dans Bonheur™, consommer est un devoir civique. Les publicités et incitations à consommer sont omniprésentes, la police de la consommation vérifie que vous n'avez pas sous-consommé. Les individus sont invités à s'accomplir par la consommation, à vivre pour la consommation. C'est une vision très exagérée de notre réalité mais reste hélas suffisamment proche pour que certaines situations semblent déjà effectives.

Les conflits d'intérêt, la publicité, l'humour controversé, l'assistance au suicide, les violences et viols conjugaux, les paradis fiscaux, le traitement désastreux des sdf, les fondamentalismes religieux, le mommy-porn, le machisme, tout est abordé et décortiqué sans jamais donner l'impression d'être là sans raison.

L'auteur dénonce la toxicité masculiniste, ce propos est d'ailleurs appuyé par le fait qu'aucun personnage féminin fort n'est développé pendant une bonne part du roman, s'en est tellement exagéré qu'il est impossible que ce soit involontaire. Au début du roman, les personnages féminins sont : un harem, des danseuses de strip-club, une femme robot sexuel et une présentatrice télé à trois seins. Seule la cheffe du héros est non sexualisée, mais après une vingtaine de courts chapitres, son personnage n'est toujours pas développé… J'en arrive alors à douter (j'en suis à un petit tiers du roman), c'est tellement trop, est-ce que je me trompe dans mon interprétation, est-ce que je ne suis pas en train de lire un livre juste odieux… Puis je lis « Toshiba apprécie tout particulièrement ce mélange astucieux d'histoires inventées et d'éléments réels […] Cette technique permet d'ancrer le livre dans une certaine réalité, ce qui rend la critique sociale plus pertinente. Cependant, il ne parvient pas pour l'instant à déterminer clairement quel est le message de Moody. Heureusement, il n'en a rien à faire. ». Je ne sais pas si Jean Baret, souhaitait vraiment par un passage méta inviter le lecteur à lui accorder sa confiance, mais c'est ainsi que je l'ai compris.

Je n'ai pas regretté. C'est trash, c'est intelligent, c'est une claque !

Je suppose que l'auteur est arrivé à ses fins avec moi, j'ai envie de lire Dany-Robert Dufour
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Jean Baret, depuis que je l'ai découvert avec ce titre il y a trois ou quatre ans, est devenu un de mes auteurs phares.

J'ai découvert Bonheur TM avec... bonheur ! Et dégoût, et colère, et désespoir aussi. Parce que clairement, c'est un roman qui secoue, qui te force à mettre le nez dans le caca et qui te sort plein de concepts de libertés - liberté de croyance, de faire ce que tu veux de ton corps, de tes paris, de ton temps libre, etc - mais qui en même temps te noies sous le poids de la consommation.

Le roman m'a transportée dans une société que j'ai trouvé extrême mais également extrêmement crédible. le genre de société dans laquelle nous pourrions vivre dans quelques décennies. C'est dérangeant et ça permet de prendre du recul sur pas mal de chose de notre quotidien.

Si vous aimez l'anticipation, alors foncez lire ce livre. Il n'est cependant pas très facile d'accès pour des lecteurs novices.
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