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Trademark tome 3 sur 3
EAN : 9782843449864
400 pages
Le Bélial' (30/09/2021)
3.64/5   38 notes
Résumé :
Rasmiyah vit à Babel. Bien qu’elle réside dans un quartier musulman, c’est une chaos magicienne. Enseignante de profession, elle vénère le dieu serpent Glycon et organise sa vie en fonction du grimoire fondateur de sa religion, le Moon and Serpent Bumper Book of Magic. De l’autre côté de la Bordure, à Mande-Ville, Xiaomi est journaliste. Et gonzo, avec ça. Ses enquêtes génèrent du clic comme s’il en pleuvait — de la consommation en bonne et due forme, bien entendu, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Après BonheurTM en 2018 et VieTM en 2019, Jean Baret termine logiquement sa trilogie « Trademark » chez les éditions le Bélial' en 2021 avec MortTM.

Retour en absurdie
D'abord, il y a Babel, cité divisée en de très nombreux quartiers tous affiliés à une religion bien définie et préservant des cultures toutes aussi hétéroclites les unes que les autres. Cette mosaïque est dirigée par le Triumvirat, qui s'assure que chaque citoyen se réfère à l'une de ces religions autorisées. Rasmiyah fait partie de ces fidèles citoyens : habitante du quartier musulman, elle traverse chaque jour une partie de ces districts pour rejoindre le quartier tengriste où réside le jeune musulman à qui elle sert de préceptrice. Tout serait parfaitement normal si elle n'était pas en plus « chaos magicienne » ; ainsi, elle peut changer régulièrement de religion au gré de ses envies de découvrir de nouveaux rites, ce qui lui fait voir Babel d'un autre oeil. Ensuite, il y a Mande-Ville (du nom du philosophe anglais du XVIIIe siècle Bernard Mandeville et les origines de la théorie du ruissellement par le vice, que notre contemporain Dany-Robert Dufour a re-présenté par exemple dans cet article : https://www.monde-diplomatique.fr/2017/12/DUFOUR/58219), cité où le marché est la religion unique selon le principe de ce philosophe : « Soyez aussi avide, égoïste, dépensier pour votre propre plaisir que vous pourrez l'être, car ainsi vous ferez le mieux que vous puissiez faire pour la prospérité de votre nation et le bonheur de vos concitoyens ». Ainsi, tout s'achète et tout se vend, les hologrammes vous vendent des produits à longueur de journée, consommer est un devoir inscrit dans la loi et même les prénoms sont désormais monétisés. C'est le cas de Xiaomi qui s'échine à consommer autant qu'il peut, à s'accomplir autant qu'il le veut et à vendre ses produits autant qu'il l'espère : il est un journaliste gonzo en quête d'un scoop encore plus lucratif à sortir. Enfin, il y a Algoripolis, vaste cité ne contenant que d'immenses immeubles identiques, renfermant des milliers de cases de 8 m² où des individus numérotés sont nourris, logés, entretenus et branchés toute la journée à des réseaux numériques, des hubs. C'est là que nous trouvons le citoyen DN4n93xw, alias Donald Trompe (tous les citoyens ont des patronymes dérivés de personnages célèbres comme Sylvester Staline ou Donald Fuck), qui essaient d'équilibrer ses niveaux d'activité (amour, amitié, travail, repos) tout en s'adonnant à ses loisirs récréatifs préférés. Tous les trois ont des vies normalement bien rangées, même s'ils ne cernent pas toujours le sens de tout ce qu'ils doivent accomplir (le bienfondé des rites pour Rasmiyah, l'intérêt de consommer sans cesse pour Xiaomi et l'utilité de son travail pour Donald Trompe). Et cela ne risque pas de s'arranger quand chacun est confronté à la « M-Théorie »

Mises en abîmes
Jean Baret clôt avec MortTM une trilogie et ce tome-ci sonne vraiment le glas. Ainsi, il prend du recul sur les deux romans précédents, les plaçant finalement dans la même époque, dans un monde plus vaste (que nous ne faisions que deviner précédemment) et pourtant réduit à une mégapole divisée en trois zones accolées. Il organise une alternance parfaite entre Rasmiyah et Babel, Xiaomi et Mande-Ville, enfin Donald Trompe et Algoripolis. Les choix ne sont pas les mêmes que dans les deux premiers romans : ici, le but est de se comparer afin de se trouver des points communs, pas de mettre en scène une vision de la société comme totalement aboutie (pour le pire et le meilleur d'ailleurs). de plus, entre « les religieux, les libéraux et les fascistes » (pour citer les personnages), chacun a sa vision de la liberté ; pourtant, aucun ne considère la liberté des autres comme nécessaire. En cela, en comparant trois systèmes sociétaux ayant totalement abouti, Jean Baret propose une dystopie complète puisque chaque personnage est confronté aux mêmes affres de la vie, alors même que son bonheur est assuré de bout en bout s'il adhère au système qui est créé pour gérer sa vie. Cette réflexion des uns sur les autres est intéressante, elle poursuit l'ultraréférencement présent dans les deux tomes précédents puisqu'elle en reprend une large essence : ainsi, un chapitre sur trois se place dans le monde de Rasmiyah, ce qui est neuf pour le lecteur et nous donne l'occasion de parcourir quantité de religions ou de confessions pas forcément très connues ; un chapitre sur trois se place dans le monde de Mande-Ville, déjà décrit, et largement, dans le premier tome ; enfin, le dernier tiers se place dans le monde d'Algoripolis, déjà décrit et magistralement, dans le deuxième tome. de fait, le lecteur assidu n'est pas pris au dépourvu, d'un autre côté il n'est plus surpris, on n'est plus happé par un coup de poing en pleine face comme dans les deux premiers, cela ne s'en laisse pas moins lire avec plaisir, même si cela fait redite puisque Xiaomi et Donald Trompe ont les mêmes problématiques que Toshiba et Sylvester Staline. C'est toujours l'occasion de multiplier les marques de façon humoristique, les dérisions amicales et sexuelles, ainsi que la présence du copycat de Spider Jérusalem (d'où l'intérêt de lire le comics Transmetropolitan, de Warren Ellis, en parallèle).

Thanatocentré
En bon roman nihiliste, MortTM s'astreint à ne créer de l'espoir que pour le doucher invariablement. Tout au long du récit, une certaine « M-Théorie » est au centre de tout et vient tenter nos trois personnages. Que contient-elle ? En quoi consiste-t-elle ? Est-elle là pour abattre les murs qui séparent les trois zones ? le lecteur, comme Rasmiyah, Xiaomi et Donald Trompe, piaffe d'impatience. Tout réside donc dans cette théorie et dans ce qu'elle propose. C'est cette philosophie que l'auteur calque assez abruptement au bout du compte. Attention alors à ne pas transformer un roman coup de poing en un essai qui pourrait devenir indigeste. Les longues tirades sont utiles pour placer le contexte, mais le but n'est pas de rendre l'intrigue mortelle (sans sous-entendu). Cela ne sert à rien ici de réécrire toutes les belles formulations, car les démonstrations sont très bonnes et agréables à lire, mais il n'empêche que le lecteur peut se sentir comme les trois personnages : éberlué au départ, remonté ensuite, apathique à la fin. Et c'est tout là la tristesse : il n'y a pas d'alternatives, pas d'autres possibilités de sociétés organisées qui sont proposées en-dehors du tout religieux, du tout marché ou du tout algorithme. Ce sont là trois visions politiques, conservatrices à l'extrême, mais clairement pas les seules. Toutes trois, au vu de leur organisation, ne propose qu'une fin inévitable pour les trois personnages, chacun s'en rendant compte à sa façon, bon gré mal gré. Mais finalement, la conclusion n'est pas aussi forte que les deux précédents opus, car ceux-ci nous ont bien trop préparé à cette inéluctabilité.

MortTM clôt donc la trilogie Trademark en une dystopie complète qui reprend des éléments des deux précédents tomes au détriment de l'efficacité pugnace à laquelle Jean Baret nous avait habitués. Pris seul, ce tome aurait été exceptionnel, là le lecteur peut se demander que garder de tout cela.
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Mort™ m'a tué !
Le roman que j'attendais le plus, que j'espérais trop clic-clic a fait flop-flop.

Et voilà le troisième et dernier tome de la trilogie Trademark est enfin paru. Trop clic clic. J'ai demandé à ALGO 876893324 de télécharger l'epub histoire de consommer tout en priant que Mort™ soit un putain de bouquin What the Fuck.

Livre dans la liseuse, excitation au paroxysme ce qui me permet de réduire un peu de mon temps de sexe. Ouverture, la couverture est vraiment trop clic clic, l'illustrateur a du talent. Premier chapitre avec Rasmiyah et sa scramble suit dans une ville où la religion est reine. Deuxième chapitre qui nous ramène à Algopolis tandis que le trois nous ramène à Mande-ville. Terrain connu , mon temps de loisir va être déficitaire. Mais ne croyez pas que je suis quelqu'un qui en a quelque chose à foutre.

7 jours plus tard, l'orgasme religieux n'est plus là. Mon temps de lecture frôle le zéro. Rien à foutre du monologue religieux pour nous démontrer l'absurdité des religions et de la place de la femme dans celle-ci. Pendant les monologues, je me distrais en regardant des holos tweets jusqu'à ce que je me dis : "Putain, fini le ce putain de bouquin ou ce sera le dernier livre que tu as lu avant de mourir". Mais pourquoi ? Quelle utilité ? Pourquoi pas ouvrir le tiroir, ouvrir la boîte qui s'y trouve, prendre le revolver et me le mettre dans la bouche ? Oui mes Vie et Bonheur étaient trop clic clic, il doit bien y avoir un truc de bien dans la Mort™. Il n'y a sûrement pas que ces foutues longues digressions chiantes et barbantes sur le pourquoi de cette trilogie.

Heureusement, les marques sont là pour me donner du bonheur, vive Mande-ville est son humour trash. La religion est triste, on s'emmerde. Pourquoi Baret a voulu justifier ? Pourquoi vouloir montrer qu'il est un écrivain philosopho-penseur, pas comme tous ces livres divertissants qui font oublier l'existence. Car en lisant je le vois passer le temps, j'ai même l'impression qu'il fait des pauses. Pourquoi je lis, pourquoi je m'emmerde ?

Passage mille fois sur le hub du Bélial. Toujours personne ne parle de ce dernier roman à la mode. Pas glop. Un flop. Ou ils ont tous fondé une secte : Baret m'a fait marrer et il me l'a mis profond ?
Et de toute manière, qu'attendre d'un livre sur le sens de la vie qui n'a même pas 42 chapitres ?
Le final que j'espérais trop clic-clic a fait flop-flop.
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Quel est votre futur favori ? Une théocratie envahissante qui cherche en permanence à vérifier si vous avez effectué vos rites dernièrement ? Une société de consommation qui a fait du Marché le seul principe valable d'organisation sociale et qui vous enjoint à consommer en permanence sous peine d'amende ? Ou un futur dirigé par des algorithmes qui calculent tout pour vous, vous laissant libre de vous épanouir dans des mondes virtuels pourvu que vous obéissiez à leurs consignes de bien-être ?

Heureusement, dans Mort™, les trois sociétés cohabitent – séparées par de hauts murs, ça évite les problèmes de voisinage. On y suit la vie de trois citoyens, pas très à l'aise dans leur monde, mais très soulagés de ne pas vivre dans les deux autres, qui n'ont quand même aucun sens. Jusqu'à ce qu'arrive la M-théorie dans chacun des blocs, semant la panique avec sa promesse de faire sauter ces frontières.

Mort™ semble être une synthèse de la trilogie. La société des algorithmes a été développée dans Vie™, celle de la surconsommation dans Bonheur™ (que je n'ai pas encore lu). Et ça se ressent, car la société de la religion paraît assez pauvre à côté des deux autres, sans identité très marquée. D'autant que l'héroïne de cette zone y vit elle-même à la marge et n'est pas vraiment représentative de ses habitants. Les lecteurs qui ont lu la trilogie dans l'ordre risquent d'avoir peu de chose à se mettre sous la dent (mais c'est leur punition bien méritée pour avoir eu une idée aussi bizarre).

J'ai malgré tout apprécié cette vision délicieusement pessimiste de trois modes de vie, déterminés par un principe directeur unique poussé à son extrême, qui forment des sociétés « parfaites » incapables de la moindre mutation. Assez proches de nous pour pouvoir s'y identifier, assez lointaine pour pouvoir en rire. Pour le moment.
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Après « Bonheur TM » et « Vie TM », « Mort TM » constitue le troisième et dernier tome de la trilogie Trademark de Jean Baret. S'il est précisé que les trois tomes peuvent être lus indépendamment les uns des autres, mieux vaut prévenir d'emblée que pour « Mort TM », ne pas avoir lu les deux premiers tomes risque d'amener à passer à côté de beaucoup d'éléments et/ou de références. Ce troisième opus capitalise en effet sur l'existant et replonge le lecteur dans les deux univers créés dans les livres précédents, auquel il faut en ajouter un troisième, Babel, fondé sur la religion. C'est sur la juxtaposition et la comparaison de ces trois univers (« zones » dans le livre) que se joue la construction de l'intrigue du récit.

Retour donc dans « Mande-Ville » le nom donné au monde complètement déjanté de « Bonheur TM », où la consommation et le marché sont érigés en valeur suprême au point que chaque citoyen prend le nom de son sponsor, où tous les curseurs du néo-libéralisme sont poussés à leur paroxysme et où se côtoient Furries, Copycat, humain, transgenre, netrunners et autres Moreau...

Retour aussi à Algoripolis de « Vie TM » avec ses cubes de 8m² et la vie de leurs habitants entièrement tournée vers la réalité augmentée et exclusivement régulée par des algorithmes.

Et bienvenue à Babel, une zone où la religion est la valeur au centre de toute choses. Dans cet endroit, chacun doit avoir une confession, peu importe laquelle, et strictement se conformer à ses rites, sous peine de sévères sanctions.


« Mort TM » suit le parcours de trois personnage : Xiaomi pour Mande-ville, Donald Trompe pour Algoripolis et Rasmiyah pour Babel. Chacun évolue classiquement dans son quotidien jusqu'à entendre parler d'une certaine « M-Théorie », déclarée extrêmement dangereuse et donc prohibée par les autorités des trois zones. Bien que connaissant les risques de représailles qu'ils peuvent subir, chacun des trois protagonistes va chercher à en savoir plus sur cette « M-Théorie », ce qu'elle signifie, qui en est l'auteur et quels en sont les principaux vecteurs de diffusion. Ces recherches vont être autant d'occasion de questionner leur mode de vie et de se poser la question du reniement ou de l'acceptation de leur croyances, au marché, au virtuel ou à la religion...non sans lorgner parfois du côté des autres zones.


J'ai apprécié de replonger dans ce qui faisait le charme des deux premiers tomes. A quelques nuances près, on retrouve toute la folie et l'humour caustique des dystopies proposées précédemment par Jean Baret. La critique du néo-libéralisme est toujours férocement présente à travers l'histoire de Xiaomi tandis que Donald Trompe symbolise par son évolution l'inanité potentielle d'une vie uniquement tournée vers le virtuel. Il n'y a pas de réelle surprise dans ces récits, mais cela est toujours aussi efficace, et la mise en perspective de ces deux univers (ainsi que de celui de Babel) amène à quelques passages originaux sur ce qui différencie et rapproche les fondements des modes de vie des êtres de ces trois zones.

Concernant Babel justement, en capitalisant sur le passif des deux premiers tomes, Jean Baret réussit intelligemment à introduire, sous un angle critique, le thème ô combien casse-gueule du religieux. Moins dingue que les deux autres zones, celle de Babel réserve néanmoins son lot de surprises. le nombre de mouvements religieux, des plus absurdes aux plus sérieux, évoqués dans le récit est conséquent et donne par moment un certain cachet comique à l'ensemble. Néanmoins, tous les mouvements qui se côtoient à Babel ont en commun d'exister ou d'avoir existé et l'énumération des cultes et des rites qui y sont associés, au fil du récit est l'occasion d'ouvrir à la réflexion sur la relativisation du caractère universel de la religion et sa dimension salvatrice ou illusoire, en se gardant toutefois le côté « donneur de leçons » en exprimant trop ouvertement un avis sur ces sujets (mais ne se gardant pas toutefois de coucher par écrit nombre de dérives objectivement observables et observées).

« Mort TM » conclue efficacement le triptyque dystopique « Trademark », qui s'inscrit extrêmement bien le XXIe siècle et ses dérives potentielles. L'écriture de Jean Baret pourra rebuter certains amoureux des belles lettres, le style étant souvent et à dessein assez direct, cru et usant de nombreuses répétitions. Mais ce style est justifié, parfois par une redondance nécessaire dans la représentation de l'absurdité des actions des personnages, parfois par une violence subite qui nécessite une écriture donnant une vision extrêmement graphique des choses, parfois par une allégorie de la modernité qui nécessite sur même pas deux pages un enchaînement rapide et sans nuance des actions ; Jean Baret prouvant à diverses reprise qu'il sait aussi prendre le temps de poser et développer son récit quand cela est nécessaire.

Lecture essentielle pour ceux ayant lu les deux premiers livres, ils retrouveront dans "Mort TM", l'humour, la causticité et la folie qui caractérisent l'écriture de Jean Baret. Pour les autres, la lecture de « Vie TM » et « Bonheur TM » reste toujours recommandée, avec une préférence pour le Premier, qui allie superbement forme et fond.
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Après Bonheur™ où la société de consommation est poussée à l'extrême et dont la lecture est un direct pleine face. Après Vie™ décrivant une société régit par les algorithmes et dont la lecture est équivalent à un bel uppercut. Voici Mort™, qui promettait de terminer cette trilogie avec des religions et croyances, potards à fond et qui s'avère être pour moi, une immense déception.

Déjà, un tiers du livre se déroule dans l'univers de Bonheur™, un tiers dans celui de Vie™. le message développé dans deux tiers du livre est donc en partie une redite des premiers tomes. Ne reste plus qu'un tiers du livre pour développer un propos percutant sur les religions. Et si pendant la première moitié du roman j'y ai cru, j'ai fini par me résigner, Mort™ n'a clairement pas le punch des deux premiers tomes.

Je m'attendais à être surpris par la capacité de Jean Baret à aller infiniment plus loin que ce que je peux imaginer : un ou deux messies qui débarqueraient dans une société rendue individualiste à l'extrême par le développement personnel ? des propos sur les nouvelles spiritualités et dérives sectaires qui sont des religions sans que les personnes qui y adhèrent ne se rendent vraiment compte qu'elles sont croyantes ? une application genre Strava qui permettrait de comparer sa ferveur religieuse avec celle ses proches afin de développer un esprit de compétition ? une déesse qui débarquerait dans un monde à la religion patriarcale misogyne et extrémiste ? que sais-je encore… justement !

J'aurais aimé un énorme fight religion/newage/scientisme/politique/fakemed/complotisme/… avec un bon gros coup inattendu qui me ferais changer d'avis sur mes propres croyances. J'en attendais beaucoup. le livre n'est pas mauvais, contient quelques bonnes idées et réflexions, quelques punchlines sympathiques mais ne me semble pas apporter grand chose de plus que les 2 premiers tomes. Surtout, le fait qu'il soit écrit pour réunir 3 mondes dont 2 seulement on eu droit à leur propre volume donne l'impression qu'il s'agit d'un quatrième tome, un bonus, écrit pour les fans ou pour l'argent, qui serait sorti après Foi™, troisième tome d'une trilogie impactante et culte.

Restera tout de même, pour moi, surtout cet extrait :

« Tu as déjà réfléchi au sens de la vie ? »
Donald reste interloqué. Il dit :
« Hein ? Le… ?
– le sens de la vie. Pourquoi je vis, pourquoi je meurs. Pourquoi je ris, pourquoi je pleure. Tu n'y as jamais réfléchi ?
– Ben… Euh… Non, mais… C'est un truc de croyants ça, n'est-ce pas ?
– Non. Les religieux pensent apporter une réponse à cette problématique, c'est vrai, et ils se trompent tous, évidemment. Mais il n'empêche que c'est une question que tout le monde doit se poser. »
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
L'un des spécialistes explique que le droit de protester doit être absolu car c'est le droit de tout un chacun que de choisir d'être mécontent. Un autre spécialiste approuve et ajoute que les mouvements de révolte ont toujours été bénéfiques à long terme en ce qu'ils impliquent des changements politiques majeurs. L'un d'eux demande si quelqu'un connaît les revendications des manifestants, mais un autre spécialiste rétorque que ça n'a aucune importance, que ce qui compte, c'est que ces agitations sociales font tourner l'économie. Les compagnies d'assurance agissent dans le sillage des casseurs et des pilleurs, sans compter que les policiers vont consommer des gaz lacrymogènes et des flashballs. Un spécialiste ajoute qu'il espère qu'un leader va se dégager, de sorte qu'on puisse vendre tout un tas de goodies à son effigie ; chacun y va de son analyse sur le chiffre d'affaires considérable que les sociétés capitalistes ont généré grâce à des figures révolutionnaires. Tous s'accordent sur le fait que le Che est sans aucun doute le rebelle qui aura rapporté le plus d'argent au grand capital.
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Est-ce que finalement, tout se résume à une question sociologique ? La religion organise les hommes entre eux, tout comme le commerce ou les algorithmes ? Un marché, un État ou un culte ne sont-ils que des outils de gestion enrobés de fallacieuses promesses ? Ne sont-ils que des délires mortifères ? Des pis-aller, dans l’attente du trépas ? Peut-être qu’au fond, c’est de ça qu’il s’agit. De s’organiser et de s’occuper en attendant la mort. C’est bien l’unique certitude en ce monde, que toute chose doit périr. La seule incontestable réalité. Ce qu’il y a après la mort, et même ce qu’il a avant la mort, n’est que délire. Les hommes conçoivent la mort comme la vie, en imaginant détenir des vérités. Mais tout n’est qu’invention. Il n’y a rien après la mort, et rien avant non plus. Rien que des illusions nous dictant que croire.
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Une fois par mois chaque citoyen, quelle que soit sa croyance, est tenu de fabriquer un collier de nouilles, acte de foi compatible avec toutes les doctrines, ou qui, en tous les cas, n'en heurte aucune. C'est un geste gratuit, d'allégeance au principe que l'homme ne doit pas chercher à appréhender les plans divins, mais s'y soumettre. Si Dieu vous demande de faire un collier de nouilles et que ça vous paraît idiot, vous n'avez pas à juger de Sa volonté. Telle est la base de toute religion. Croire sans avoir l'orgueil de penser pouvoir comprendre.
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L'univers est sans doute froid et vide. Mais notre monde intérieur est infiniment riche. Et c'est ça, l'être humain. Une machine à fabriquer du sens.
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Il n'y a aucun dieu, aucune force économique, aucune intelligence artificielle qui détienne une vérité unique. Il n'y a aucun sens à l'aventure humaine. Seulement des organisations sociales qui reposent sur une croyance partagée en leur efficacité.
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Vidéo de Jean Baret
Parfois notre psyché ne résiste pas aux pressions qu'elle subit, ou bien notre corps à la naissance ou à un accident ultérieur… de Jekyll & Hyde à Miles Vorkosigan en passant par Hulk, petit traité de la pathologie mentale ou physique en science-fiction.
Avec : Killoffer, Jean Baret, Claire Duvivier, Karim Berrouka Modération : Olivier Gechter
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