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3,64

sur 98 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Avez-vous consommé ? » Si cette injonction ne nous est pas tout à fait inconnue, elle a été poussée à son paroxysme dans ce roman. L'ultra-libéralisme a en effet été reconnu comme la solution ultime à tous les problèmes. Désormais, être un bon citoyen, c'est consommer. Toute épargne est strictement interdite et chaque citoyen doit atteindre une consommation journalière minimale, étroitement surveillée par la police et la répression des fraudes.

Tout est permis si ça génère du profit : chaque citoyen porte comme prénom la marque de son « sponsor de vie » (on suit ainsi les aventures de Toshiba, policier à la section « Crimes à la consommation »), le mariage avec des robots sexuels est autorisé, ainsi que toute drogue ou opération chirurgicale qui permet de devenir ce que l'on souhaite : cyborg, vampire, body-builder, … Les comportements improductifs et anti-sociaux, tels que la méditation ou les promenades en forêt, sont violemment réprimés.

D'une certaine manière, l'auteur est parvenu à dépeindre un monde ultra-libéral parfait. Pas dans le sens où tout le monde baigne dans la félicité, mais parce qu'une fois atteint, il est impossible de s'en échapper. le Marché a tout envahi, et au moindre problème qui se pose dans la société, la solution est immédiatement « comment réussir à monétiser cette nouvelle niche ». On ne vous interdit rien, et pour cause : pour la moindre de votre envie, il y a un marché : on ne vous interdit pas de faire la sieste – si vous achetez une application qui optimise votre temps de repos ; ni de vous balader – tant que vous circulez dans un espace de réalité virtuelle qui vous abreuve de publicité.

Chaque citoyen est devenu l'Égoïste idéal, cet individu uniquement préoccupé par ses propres envies dont la somme forme le meilleur des mondes possibles. le mantra est d'ailleurs répété par tous les personnages du roman : « C'est mon droit absolu de … et personne ne peut m'en empêcher ».

Les romans de Jean Baret sont assez terribles, car l'auteur présente des avenirs (ultra-libéralisme ici, algorithmique avec Vie™) qui clôturent l'Histoire : personne n'empêchera votre colère, ou votre révolte, car elles aussi font déjà partie intégrante du système.
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Dans un futur proche, Toshiba et Walmart sont chargés de surveiller les fraudes à la consommation. Tous les habitants sont surveillés et se doivent de consommer. Si des écarts sont repérés, une enquête est ouverte et des représailles peuvent avoir lieu. En effet, une seule loi existe, il est obligatoire de consommer et tout le monde est obligé de s'y soustraire. Lors d'une banale enquête à la consommation, Walmart et Toshiba rencontrent un Netrunner (homme qui passe sa vie dans le monde virtuel) qui leur laisse une drôle d'impression. Ils décident de faire des recherches sur ce Netrunner et son monde virtuel. Ce qu'ils vont découvrir pourrait remettre en cause le leitmotiv de leur existence : Consommer c'est le Bonheur !

Livre coup de poing qui, pour dénoncer tous les maux de nos sociétés modernes, nous montre un futur où ces maux sont la norme. Tout est publicité. Des hologrammes sont présents du soir au matin vantant les mérites de milliers de produits que l'on se doit d'acheter pour atteindre le Bonheur. Tout est sponsorisé, chaque habitant a son sponsor de vie. Fini les noms propres, seul le nom du sponsor permet de définir une personne. le sponsor reste, alors que l'individu est lui interchangeable à l'infini. Il n'y a pas de place à l'oisiveté, seule la consommation a le droit de cité, aucun temps libre. Des émissions où débattent des spécialistes sont diffusées partout, que ce soit dans les rues, dans la voiture ou dans les cages d'ascenseur. Et là encore, les spécialistes ont tous une pensée formatée, tous différents mais tous pareils.

La liberté de l'individu est totale, il peut vivre avec un ou plusieurs hommes et/ou femmes, avec un robot, un cyborg, un transhumain, un posthumain... L'individu est libre de se transformer physiquement, de s'injecter toutes les drogues qu'il veut, de vivre dans un monde virtuel, la seule chose immuable est son obligation de consommer, car consommer c'est être heureux.

Sur le fond, le roman est saisissant, agaçant, dérangeant, il imprime en nous une habitude, une logique : la consommation comme seule possibilité de vie. le libre arbitre n'est plus, le choix inexistant. Et c'est juste un livre passionnant, intelligent qui égaie vos neurones. Sur la forme, les répétitions, la redondance des faits, la routine m'ont un peu dérouté voire agacé mais elles participent à la cohérence de l'ensemble.

En résumé, l'auteur pousse à l'extrême son raisonnement : la surconsommation comme mode de vie ultime et on le prend dans la gueule, nous petits consommateurs individualistes ! Bonheur TM est donc un livre qui fait réfléchir et nous permet de découvrir la pensée du philosophe Dany-Robert Dufour dont la postface apporte au livre un indéniable plus.

Achetez Bonheur TM, sa consommation est indispensable !
Lien : https://les-lectures-du-maki..
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Bonheur™ est le premier tome de la "Trilogie Trademark", que l'auteur lui même présente comme mettant en scène trois univers différents, avec des personnages différents. "La question fondamentale de la recherche du sens de la vie est cependant au coeur de chaque livre".  Avez-vous consommé aujourd'hui ? Dans la société au coeur de Bonheur™, le sens de la vie est littéralement la consommation. le code de la consommation oblige chaque personne à consommer chaque jour, et le travail du protagoniste de ce roman est justement de traquer ceux qui dérogent à la règle. En contrepartie, tous les citoyens ont le droit absolu au bonheur, quel que soit le moyen pour y parvenir : absorption massive de pilules, mariage avec un robot dévoué et docile, remodelage complet du corps... Ce qui m'a marqué, à la lecture de ce roman, c'est à quel point c'est justement la société qui en est le personnage principal. Les différents protagonistes ne faisant que répéter à l'envie les même gestes et les mêmes comportements, jusqu'à l'aliénation totale. Quand un grain de sable vient enrayer la machine à l'échelle d'une vie, elle sera au final rapidement absorbée. Dystopie poussée dans un extrême grotesque, cauchemardesque, Bonheur™ m'a furieusement fait penser à un American Psycho encore plus sous amphétamines dans la codification des gestes et l'énumération des marques. Hypnotique et dérangeante, la lecture de Bonheur™ n'est sans doute pas un plaisir, et elle soulève nombre de pistes de réflexions. Elles restent cependant trop peu exploitées à mon goût, laissant le lecteur en contemplateur passif, sans le prendre à part ou le forcer au jugement. Ceci dit, en le réduisant presque au rang de "consommateur", il est dans le ton du récit ! J'ai tout de même fortement aimé cette lecture, le style de Baret et son érudition qui transparaît clairement n'y étant pas pour rien. J'apprécie de lire ce qui me semble intelligent, et ce roman l'est sans conteste. le second tome de la trilogie, Vie™, m'attendant déjà dans ma PAL, il est clair que je te reparlerai prochainement des écrits de Jean Baret.…
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Une histoire dense et riche qui vaut vraiment la peine d'être lue si vous aimez les dystopies sociales.
Dans cet avenir décomplexé et amoral, où tout (absolument tout) est monnayable, le Code de la Consommation oblige les citoyens à consommer sans relâche. Tout écart est sanctionné, faire des économies est interdit. D'ailleurs, les deux personnages principaux, flics spécialisés dans les fraudes à la consommation, y veillent quotidiennement.
Prendre des paris sur des conflits géopolitiques? C'est possible. Contractualiser une relation de maître/esclave sexuel? C'est également possible. Même les attentats terroristes peuvent être profitables, dès lors qu'on trouve le moyen de les inclure dans la vie économique.
Officiellement, personne n'a de prénom. Tout le monde a un sponsor de vie. Toshiba, Walmart, Guerlain, Coca-Cola...
Le pitch de départ est vraiment brillant. Chaque chapitre commence par cette sempiternelle question: "Avez-vous consommé aujourd'hui?". Chacun est libre de consommer ce qu'il souhaite: drogues, implants cybernétiques, mondes virtuels... Car au fond, chacun a droit au bonheur comme bon lui semble, non?
L'histoire ne s'essouffle presque pas. La fin est un petit peu décevante, mais le voyage en vaut vraiment le coup. Je conseille sans hésitation.
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Il s'agit d'un roman d'anticipation sociale et culturelle, basée sur une pensée philosophique.
Dans ce monde futuriste : "je consomme, donc je suis", chaque citoyen est sponsorisé par une entreprise et porte son nom. C'est le cas de notre personnage principal, Toshiba.
Toshiba est policier. Un policier au sein de la Section des crimes à la consommation. Car ne pas consommer est devenu un crime et Toshiba et ses collègues cherchent les fraudeurs. Un algorithme analyse la consommation des citoyens et fait remonter les incohérences.

Dans ce monde tout est possible et plusieurs communautés se sont créées : cyborgs, surhumains, transhumains… la science s'est développée et n'a plus de limite.
Jean Biret nous offre une civilisation de consommation poussée à son extrême, dans le but d'illustrer les propos d'un philosophe français : Dany-Robert Dufour. Il a d'ailleurs poussé les concepts de Dany-Robert Dufour à leur maximum.

Un livre qui peut dérouter, mais un roman d'anticipation digne d'un "1984" ou d'un "Fahrenheit 251". A suivre (ou pas, on peut les lire comme on veut) avec "Vie TM".
Je vous laisse une analyse plus poussée sur le blog si vous le souhaitez.
Lien : http://blondes-and-litterair..
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Dans ce roman, Jean Baret nous plonge dans un univers qui n'est pas si éloigné du nôtre, où la consommation est devenue obligatoire. Les personnages ne s'identifient même plus par des prénoms mais par leurs sponsors de vie, comme c'est le cas pour les deux protagonistes principaux "Toshiba" et "Walmart". Ces derniers appartiennent au service de répression des fraudes en tant que chasseurs d'idées et on les suit à travers leurs journées répétitives. Cette répétition est d'ailleurs la raison pour laquelle je ne mettrai que trois étoiles. D'un côté, cela nous permet de parfaitement appréhender le décor dans lequel évoluent les personnes vivant dans cette société, où la démocratie est poussée à son extrême. Mais d'un autre côté, on en perd le fil de l'histoire, et on se retrouve à contempler des journées similaires les unes aux autres à quelques détails près, témoins muets de la lente plongée en enfer des protagonistes. Je n'arrive donc pas à décider si ce style de rédaction, composé également de nombreuses listes d'énumérations (par exemple "Walmart sort un sachet de pilules , des petites, des grosses, des plates, des bombées, des rondes, des carrées, des friables, des solides, des vertes, des jaunes, des rouges, qu'il gobe une par une"), est des plus ingénieux ou non. L'univers créé par l'auteur Jean Baret est remarquable d'inventivité, et nul doute qu'il pourrait donner lieu à des adaptations cinématographiques. Cependant la substance de l'histoire, que l'on peut au final résumer en quelques lignes, semble légère comparée aux détails foisonnants caractérisant ce futur dans lequel chacun peut choisir d'être qui il veut tant qu'il continue à consommer : transhumain, pur, cyborg, furry, punk, goth, transexuel, homme d'affaire... Quoi qu'il en soit, ce roman reste agréable à lire tout simplement par la découverte de cette société extrême.
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En ce mois de décembre pré-apocalyptique, quand chacun redoute que le méchant virus n'aille nous empêcher de nous livrer à l'orgie consumériste qu'est devenu noël, il est bon de lire Jean Baret, pour se rappeler pourquoi on cherche frénétiquement le bonheur sans jamais y parvenir.
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Dans un monde dystopique où la consommation est l'alpha et l'oméga de l'expérience humaine, Toshiba navigue comme un poisson dans l'eau. Mais petit à petit, sa confiance dans la société s'effrite.
Quant à nous, l'écriture de Jean Baret, hypnotique par ses répétitions maîtrisées, nous plonge dans un monde si proche du nôtre, juste assez différent pour qu'on en saisisse immédiatement l'insoutenable violence et la nature cauchemardesque.
Des myriades de petites références raccrochent cet univers de fiction à notre réalité, à tel point qu'on s'effraie : n'irait-on pas déjà, de notre plein gré, vers une société semblable ?
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Friande de roman d'anticipation, c'est avec beaucoup de curiosité que je me suis plongée dans Bonheur TM.

Des la préface de l'éditeur celle-ci est encore plus attisée, c'est un roman qui pourrait me marquer à vie.

Bon, certes ce roman m'a fait réfléchir sur des thèmes vraiment particuliers et j'ai réellement aimé ça. Prenez toutes les dérives de notre société, prenez les transformation qui s'y opèrent et les acceptations qui s'y ajoutent, multipliez leurs effets par 1000 et vous arriverez sur la Terre de Bonheur TM. L'écriture de plus en plus pesante par les répétitions de situations marquent bien l'évolution de Toshiba, un des personnages principaux, et le lecteur subit aussi cette société où l'homme est certain qu'il peut faire ce qu'il veut du moment qu'il consomme.

Pourtant, même si j'ai vite été happée dans l'univers, il m'a manqué quelque chose et je pense que je n'ai pas réussi à me sensibiliser aux personnages: on regarde avec horreur ce que le monde est devenu mais les acteurs du roman (qui au final n'en sont pas) ne m'ont aucunement touché même dans leur mal-être. La société est tellement pourrie et ceux-ci tellement soumis à elle et sans "réveil " conséquent que je suis passé à côté. Mon âme rebelle aurait préférée une action et non une résignation.

J'ai eu aussi du mal avec les idées philosophiques énoncés vers la fin du roman, pas assez approfondies pour être comprise et qui dans mon cas n'a pas réveillé mon intention de faire des recherches sur ce philosophe (j'ai même laissé tombé la fin du bouquin ou celui-ci nous parle de lui).

Donc c'est un bilan mitigé pour moi, mais je lirai les 2 autres romans pour voir à quel point ceux-ci peuvent être différents.




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