Quand j' étais petit, l' huile d' olive se vendait en pharmacie et servait à ramollir les bouchons de cérumen. Aujourd' hui, les Anglais ont totalement oublié cette fonction, et en arrosent leurs plats plutôt que leurs oreilles. (p15).
alors que je n'hésite guère à supprimer des livres de cuisine dont je ne me sers pas, j'ai toujours eu plus de mal à jeter les ustensiles de cuisine: un sachet de perles chinoises qui n'ont jamais empêché la pâte de gonfler lorsque je la fais cuire à blanc; des moules à pain achetés quand mes fantasmes de pâte levée suivaient une courbe ascendante; un mortier qui, depuis que le pilon s'est cassé, se traîne sans son compagnon. Je continue de les amasser aux côtés de pots sans couvercles (normal) et de couvercles sans pots (absurde).
... en pratique, échouer est bel et bien ressenti comme une honte pour la majorité des cuisiniers domestiques, et il faudrait des années de thérapie pour les convaincre du contraire. Aussi ai-je développé, au fil des années, une très bonne méthode pour réduire les risques d'échec. Si je prépare un jour un plat qui s'avère à mi-chemin entre le ratage complet et le gâchis total, je ne le refais pas. Plus jamais. C'est la sélection naturelle appliquée à la cuisine. Et, en tant que méthode - dans le sens le plus ordinaire du terme -, c'est simple.
Bref, cela n'avait pas d'importance, finalement ? Non, pas vraiment. Pourquoi toutes ces histoires, alors ? Parce que... eh bien... c'est ça la cuisine, non ? On pourrait presque en faire une définition du dictionnaire. Cuisiner consiste à transformer l'incertitude (la recette) en certitude (le plat) via beaucoup de chichis.
Lorsque j'étais écolier, on s'insultait à coup de : "celui qui peut, agit. Celui qui ne peut pas, enseigne". Ce à quoi mon père, en homme habile à manier l'ironie qui se trouvait également être professeur, ajoutait : "Et celui qui ne peut pas enseigner, enseigne aux enseignants." (p. 3 )
De nos jours, les hommes font le marché sans éprouver le moindre sentiment de honte, même s' ils pratiquent parfois cette activité comme un sport de compétition. (p13)
(10) N'oubliez jamais que les auteurs de livres de cuisine ne diffèrent en rien des autres écrivains : souvent, ils ne sont capables d'en produire qu'un (et certains n'auraient d'ailleurs jamais dû le livrer au public). Pensez-y quand vous lirez un article sur le dernier qu'ils viennent de publier.