SCUPTURE DE MOTS
Chaque matin, dans la douceur de la plume,
Je chasse de mon âme, tant d’amertume,
Recouvrant les fantômes de mes rêves gris
Du doux manteau de velours qu’est la poésie.
Je sculpte des mots et je leur donne la vie.
Ils sont cachés dans les méandres de l’esprit.
Je les extirpe du néant de leur suaire.
Ils sortent de mon cœur par son estuaire.
Je les revêts des habits de soie de l’amour,
Que je couds avec un fil pour durer toujours.
L’émotion cachée sous un voile de pudeur,
S’offre nue, dans une fragilité sans peur.
Je les enferme dans un écrin de papier,
Couchés dans le satin des pages d’un cahier,
Afin de préserver à jamais leur beauté.
Je leur ouvre les portes de l’éternité.
LA MORT DU VIEUX POÈTE
Il est mort le vieux poète,
Devant son poêle, sa tête,
Couchée sur un cahier de mots.
Il est mort, tout seul, dans ses maux.
Il est mort dans la misère,
Il n'en faisait pas mystère.
Il avalait du Verlaine,
Car rien dans le bas de laine.
Il ne buvait qu'un verre d'eau,
Et des vers entiers de Rimbaud,
Car vide était son frigo,
Mais son cœur était rempli d'Hugo.
Il est mort le vieux poète,
Seul comme une pauvre bête.
Mets à ton bras le crêpe noir,
Pour lui dire adieu ce soir.