Instructif et pratique,
Manger Autrement mêle information, diététique, éthique et cuisine. Rien que du commun, pourrait-on dire… Seulement que ce livre a été publié en 1983 par le docteur
Jean-Michel Lecerf –un peu en avance sur son temps. Son propos précède de quelques années un discours qui se généralisera massivement ces derniers temps : notre alimentation est peut-être à l'origine des maladies occidentales modernes et à l'origine du déséquilibre économique séparant le tiers monde des nations riches « développées ». Pour convaincre un lectorat qui était peut-être alors peu habitué à entendre ce genre de discours,
Jean-Michel Lecerf étale chiffres et arguments de la manière la plus simple et la plus concise possible –ou comment faire comprendre de manière raisonnable que la diminution de la consommation de viande est la seule voie viable que doit emprunter l'homme pour survivre sur une Terre qui ne tardera pas à dépasser les 9,5 milliards d'habitants. Chaque page présente donc des schémas, statistiques et arguments clairs, accompagnés d'un bon mot littéraire qui charmera aussi les lecteurs que nous sommes. D'ailleurs, la deuxième partie du livre pourrait s'ouvrir sur ce conseil de Savignac :
« Que les gastriques et les ulcéreux pénètrent dans leur salle à manger, comme en un temple… et bien mâcher et manger lentement, calmement, pour s'y détendre, y oublier leurs soucis et leurs travaux… »
Nous pénétrons donc dans la salle à manger de
Jean-Michel Lecerf et découvrons ces vingt-et-un menus alternatifs –de quoi ne pas s'ennuyer gustativement pour trois bonnes semaines. Entrée, plat et dessert s'équilibrent selon les combinaisons recommandées dans le cadre d'un régime végétarien :
« La viande peut aussi être remplacée par une association :
- Céréales/oeufs, ou fromage ou lait (exemples : riz au lait, crêpe au fromage, gnocchi, pâtes au fromage, flocons de céréales au lait, pain perdu…)
- Céréales/légumes secs (légumineuses) »
Lundi, on pourra par exemple déjeuner d'une salade de chou rouge au pil-pil, d'un gratin savoyard et de poires pochées aux amandes ; mardi d'une salade composée aux noix, de couscous aux légumes et de fromage blanc ; mercredi d'une salade composée, d'une tarte à la tomate, d'un yaourt et d'un fruit ; jeudi d'une soupe de pois cassés, d'un risotto au curry, de fromage et de salade de fruits ; vendredi d'une salade aux pommes, d'un tian de potiron, de pâtes persillées et de cantal… mais ce ne sont que quelques exemples pris parmi tant d'autres. Précisons encore que
Jean-Michel Lecerf prend des précautions pour ne pas tenir un discours trop extrémiste en appuyant sur le fait qu'une simple diminution de la consommation de viande, à raison de trois ou quatre repas par semaine, contribuerait déjà de manière bénéfique à soi-même, à l'environnement et à l'équité. C'est pourquoi il propose également à titre d'exemple des menus omnivores basés sur une semaine. Il prend le soin de valoriser les pièces de viande habituellement négligées (macreuse, restes de viande, cervelles, foie) dans un souci de moindre gaspillage, mais propose également des recettes à base de poisson ou de galettes végétales.
Comme le disait Paracelse : « Nous ne sommes pas seulement nés de notre mère, la terre aussi est notre mère qui pénètre en nous jour après jour, avec chaque bouchée que nous mangeons », et
Jean-Michel Lecerf s'efforce de nous faire comprendre qu'il n'est pas négligeable de réfléchir à notre manière de nous alimenter, aussi bien vis-à-vis de nous-mêmes que des autres et de l'environnement –ce qui ne passe pas forcément par des sacrifices, mais plutôt par l'épicurisme pur et la diversité des mets.
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