Piranèse

Piranèse. Giovanni-Battsita Piranesi. Étonnantes créatures que sont ses gravures. Manières , caprices, plans, et esquisses.
Il était... artiste ...italien du ...18 e siècle, il avait... une maîtrise parfaite, il avait... un amour total pour Rome, lui.., le vénitien.
En contemplant les gravures rassemblées ici dans l'ouvrage de Janine Barrier, en découvrant ce parcours presque frénétique et exceptionnellement dense de cet artiste, on ne peut qu'être aspiré par ces visions.
Le vertige parfois nous prend en parcourant ses perspectives. le choix de ces plans très particuliers, cette lumière qu'il a su faire pénétrer dans ses oeuvres sont étonnantes .
La vie est un théâtre. En déambulant à travers les lignes de Piranèse, on entend résonner la tragédie, le drame, la comédie. Marbres, chaînes et drapées. On marche dans Rome.
Rome ne devait pas mourir entre les mains de Piranese, elle devait renaître, réapparaître, nous rappeler , nous transmettre, et c'est à travers la pointe et le burin, par l'encre noire, à travers une incroyable technique sans cesse développée , que Rome nous parle, nous regarde et que nous la rêvons. Ville sans fin, parfois sans limite, elle paraît inachevée, elle se poursuit, comme se poursuit l'oeuvre de l'artiste, comme ses planches qu'il reprendra, retravaillera au fil du temps. le temps ne fait pas oeuvre de l'ouvrage. Non finito . Non finito. Possibilità di non finito.

Oui, le rêve, et l'on entend marcher le cauchemar de Piranèse dans le dédale de la mémoire. Marguerite Yourcenar, reprenant les termes employés par Victor Hugo, parlera du cerveau noir de Piranèse au sujet de la série de ses prisons imaginaires, de ces « Carceri Invenzione ». Elles viennent des entrailles de l'imaginaire. Oubliette...caverne...tombeau...machine infernale...un « pense-phénoménal ». Un règne vertical.
Elles sont dantesques ces prisons. Question d'équilibre, pas une question d'ordre.
L'art dépasse l'homme de tout son être. On s'y confond, on s'y perd, on s'y abîme, on s'y renvoie, On en resterait presque ...sans « voie ». Elle se rêvait Babel, l'éternelle, l'idéale, une voie...royale ….rappelle toi.

Visionnaire, architecte, designer, créateur. Son oeuvre poursuit sa route.
Abside, chapiteau, colonne, chambre, palais, villa, Panthéon, Corso, fontaine, table, cheminée, candélabre etc. etc..... de l'art décoratif aux visions pyramidales, rien ne lui échappe.

Rome ne sera pas oubliée...Rome ne sera pas rabaissée. Il faut de la passion, un amour fou, démesuré, un écho extrêmement puissant pour qu'un artiste fasse éclater la génie de son art de cette façon .
Piranèse a « quelque chose ». Cette chose particulière que chaque siècle reconnaît. Peut être est-ce l'éternité ?
Je ne connaissais pas ce Maître avant de lire les albums des cités obscures de Schuiten et Peeters.
Et ce que je découvre est fascinant. Ses plans de coupe sont fascinants, ses scénographies sont fascinantes.
C'est au-delà du simple relevé archéologique, topographique, c'est la réactivation d'une mémoire, une reformulation, une projection onirique.
C'est un maître de l'imaginaire urbain. Car les villes aussi sont capables d'enfer aussi bien que de rêve.
De mains d'hommes et du fol amour de leurs Maîtres. Temple ou prison, quelle porte s'ouvre, quelle porte se referme ? Jeu de miroir, de plongée, de ligne ,de fuite, de contre plongée. Pierre, corde, arc, , buste. Pirénèse observe, il aime, mais ne contemple jamais. Serviteur, jamais servile. Il prouve et ne témoigne jamais. Il éprouve, il construit, il déploie, il dresse, il tente, il propose, il ne décore pas.
Même si vous n'êtes pas adepte du style néo-classique, vous ne pouurrez pas être insensible à l'oeuvre de ce poète graveur. Hugo, Nodier, Gautier ne sont pas restaient insensibles. On les suit...et comme on les comprend.

Astrid Shriqui Garain.