Après avoir adoré
le Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates j'attendais avec impatience la sortie en poche du nouvel opus d'
Annie Barrows. Et le moins que l'on puisse dire c'est que le secret de la Manufacture de chausettes inusables m'a (terriblement) déçue.
Nous sommes en 1938, dans la ville de Macedonia en Virginie Occidentale. Une jeune femme du nom de Layla Beck est reniée par son père, un congressman et se voit contrainte de bosser pour le Federal Writer's Project. Cette administration a été mise en place par Roosevelt dans le cadre du New Deal pour permettre à des journalistes et écrivains sans le sou du fait de la Grande Dépression, de travailler pour le gouvernement par le biais de la rédaction de livre de commande.
Ainsi, Layla Beck, pimpêche snob au possible (rien à voir avec Steinbeck la Beck croyez-moi !), se retrouve catapultée à Macedonia pour y rédiger l'histoire de la ville. Elle est logée chez les Romeyn frères et soeurs, ancienne illustre famille du bled car leur père avait ouvert la Manufacture des Inusables Américaines, une fabrique de chaussettes au tout début du XXe.
Les débuts de la cohabitation sont compliqués. Les grands airs que se donne Melle Beck sont assez vite balayés par la gentillesse et la nature bonnasse de la famille Romeyn composée de Jottie (la logeuse officielle), ses soeurs Mae et Minerva (des jumelles qui squattent la semaine chez leur frangine),Emmett, le petit frère érudit et gauchiste, les deux petites nièces Bird et Willa (cette dernière étant l'une des narratrices) et leur père Félix, le grand frère tombeur de ces dames et au passage, trafiquant d'alcool notoire divorcé.
Donc la mère Layla Beck va finalement se détendre du bulbe et se prendre au jeu de la rédaction de l'Histoire de Macedonia au fur et à mesure qu'elle va rencontrer les « personnalités » locales et que vont ressortir les petits travers et gros secrets de chacun tout en se faisant draguer de façon éhontée par un Félix plus narcissique que jamais et donc de plus en plus détestée par les fillettes de celui-ci qui voient en elle une rivale.
C'est chiant hein, comme peech ?! Attendez, ce n'est pas fini…
Plus on avance dans la lecture de ce bouquin, plus on sent qu'
Annie Barrows en fait des tonnes pour garder un semblant de suspense quant à l'avenir quasi immédiat de ses personnages. Pour preuve l'exemple de la logeuse Jottie. Vause, son amour de jeunesse est décédé dans un incendie en 1920 et depuis, sa vie sentimentale se résume à de vagues impressions de sa présence et à des souvenirs de moments passés avec lui. Surtout que Jottie avait un autre prétendant, Sol, qui est devenu l'ennemi juré de son frère Félix après la mort de Vause. Mais, bien entendu, comme dans toutes les romances sans piquant et once d'originalité, Sol n'a pas oublié Jottie et rêve toujours de pouvoir faire sa vie avec. Mais Félix, le redoutable et égoïste frangin de Jottie, refuse catégoriquement qu'elle puisse vivre quelque chose avec Sol et comme tout bon macho écoeurant, demande à sa soeur de choisir entre lui, son frère qui lui a toujours été dévoué (mais qui au passage se barre tout le temps pour aller faire ses petites affaires en lui laissant ses gamines dans les pattes) et Sol. Ces tergiversations sont longues et poussives…
Quel ennui ! Ça ne fait que plomber l'ambiance déjà pas super méga jouasse du bouquin. J'ai eu beau me forcer, à aucun moment je n'ai trouvé un seul personnage attachant ou digne d'intérêt. Jottie me fatigue à ne pas savoir ce qu'elle veut. Félix est épuisant à force de domination et de chantage affectif auprès des siens. Layla est complètement aveuglée par Félix et en plus d'être et rester une fuck*** bourgeoise énamourée (sauf quand elle rédige l'histoire de Macedonia j'avoue, elle prend une autre dimension), on est exténué par son parti pris et la méfiance qu'elle inspire à tout le monde. Hey ho Ben Hur, descend de ton char et ouvre les yeux ma pauvre fille !!! Quant à Willa, la fille aînée de Félix, détective espion en herbe (ne me demandez pas comment ou pourquoi, ce n'est franchement pas intéressant) elle ne fonctionne que par un système de « Je t'aime, moi non plus » alors qu'elle est censée avoir 12 ans !! Quel gamin joue à ça passé 7 ans ?
En plus de l'ennui, historiquement, une question me taraude (en plus de d'autres âneries que je vous épargne, sympa la meuf !). L'histoire se passe en 1938 et on nous décrit Félix comme une sorte de bootlegger alors que la Prohibition a pris fin en 1933. Il y aurait-il un épisode que je n'ai pas suivi ?
Ce livre est l'histoire de la folie possessive et destructrice d'un homme, un véritable pervers narcissique qui pour se convaincre lui-même que sa vie n'est pas vaine, étouffe littéralement toutes les formes d'indépendance et de libre-arbitre de ceux qui l'entoure .
Les 150 dernières pages s'avèrent bien meilleures que le reste du roman. Ces 150 dernières pages sont mêmes rassurantes sur le genre humain à dire vrai. Mais de ce fait, on en vient à regretter les lourdeurs et la longueur de ce livre alors que tout devient « brillant » sur la fin. L'auteure ne pouvait-elle pas condenser son histoire plutôt que nous faire languir les 450 premières pages ?