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3,55

sur 54 notes
Le premier roman est un exercice particulier. On ne doit pas se rater parce que c'est ce qui va donner envie à notre éditeur (voire à un autre plus prestigieux) de nous signer pour le suivant. On ne doit pas non plus placer la barre trop haut, le risque étant de ne jamais pouvoir faire mieux par la suite. On doit y mettre tout ce qu'on porte en soi et qu'on veut révéler au monde... mais en garder un peu sous le coude; démontrer sa capacité à avoir du style... mais ne pas trop en faire et tomber dans l'esbroufe. Bref, un exercice rempli de pièges et qu'on aborde à différents âges selon le moment où on s'en estime capable.

Marie Barthelet a 29 ans quand elle fait le grand saut dans le vide de la page blanche et elle valide pour moi assez brillamment l'exercice.

Elle fait le choix du format court, 167 pages, de quoi démontrer ses qualités mais aussi se laisser de la marge pour les futurs ouvrages. Elle brouille les pistes pour le lecteur qui a bien envie de comprendre le contexte de cette rivalité de deux enfants, l'un légitime, l'autre adoptif, le premier étant destiné à succéder à son père à la tête du pays, le second d'abord béquille pour permettre à l'héritier de mieux grandir mais qui finira par se choisir un destin.

Je n'ai pu m'empêcher de glaner les indices pour tenter de comprendre le pays, les enjeux politiques derrière ce récit "familial". On nous parle de calligraphie, de mauvais oeil de barbus... pays arabe à priori. le fleuve semble régulièrement border le récit de son importance... Égypte ? Religion, actes terroriste, donc islamisme ? Mais le fils adoptif semble se mettre à la tête des hilotes, caste d'où il est issu... là on retourne à Sparte et l'Antiquité... Les cataclysmes s'accumulent et rejouent les sept plaies de Pharaon... retour donc à l'Égypte, pas la même époque, mais cela semble métaphorique. Et finalement, plus que de guerre religion, il semble qu'il est question de révolte des opprimés contre les puissants...

Bref, l'auteure ne veut pas que le contexte prime sur l'histoire et se refuse donc à le nommer explicitement. Elle veut plutôt attirer l'attention sur la construction de son récit, cette adresse régulière par le tutoiement à un interlocuteur qui semble être ce frère adoptif... mais qui semble parfois être nous en tant que lecteur... ou Dieu, complice de ces maux qui s'abattent sur le pays. La construction révèle son astuce vers la fin, sans que cela constitue une vraie surprise, mais tout en intelligence et en subtilité.

Fraternité et pouvoir ont rarement donné des résultats apaisés dans L Histoire et en historienne de l'art qu'elle est de formation, Marie Barthelet ne recherche pas l'invraisemblance. le test du premier obstacle est effacé et je vois dans la liste des livres qu'elle n'a pas non plus renoncé face au presque plus périlleux exercice du deuxième roman, un pavé de plus de 600 pages celui-là. L'intérêt a suffisamment été titillé pour que la PAL s'agrandisse d'un opus.
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Ce roman se présente comme un conte. Deux frères de lait, dans un pays dont Marie Berthelet taira le nom tout au long du récit, s'affrontent après avoir été très proches dans l'enfance et l'adolescence . L'un d'eux est chef d'état, marié et père d'un garçon de neuf ans. Il règne mais connaît souvent le doute , l'autre revient après 10 ans d'absence, et se rebelle contre le pouvoir, et défend la minorité ethnique à laquelle il appartient. Un combat sans merci va opposer les deux "frères". Une écriture originale ( l'un des frères s'adresse à l'autre) au service d'un sujet d'actualité!
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C'est parti pour la rentrée littéraire 2016 ! Et je commence par un premier roman très très bien écrit sur un conte narrant le retour d'un frère.
Dans un royaume, le chef d'état voit le retour de son frère avec bonheur mais très vite il comprend que ce n'est pas le même frère qui revient. A la tête de la rébellion, ce-dernier va donné sa réalité de son éducation et son vécue à sa famille rester à la tête de l'état.
On ne peut pas inscrire le récit dans une époque ou dans un pays précisément mais cela n'entrave pas la lecture.
Un très beau récit assez triste tout de même.
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Succès remarqué de la rentrée littéraire 2015, ce joli conte politico-oriental est une courte mais juste réflexion sur le pouvoir, les liens fraternels et la rivalité confrontée à l'amour.

Élevés ensemble, deux frères vont s'aimer, se séparer puis s'opposer et s'affronter. Parce qu'un seul est fils de son père, le roi, alors que l'autre a été adopté. Parce qu'un seul est appelé à régner. Parce qu'un seul est issu de la caste régnante, quand l'autre est né du peuple puni. Et tout ce que l'on a cru pouvoir gommer pendant les années d'enfance, resurgit fatalement un jour. Et se règle dans le chaos.

S'appuyant sur des métaphores de l'histoire antique et égyptienne (les deux frères de lait qui vont s'affronter, les plaies qui s'abattent sur le pays, la caste punie...), Marie Berthelet nous décrit et nous décrypte les sentiments et liens complexes qui unissent ces deux frères, par la voix de celui qui règne, mais qui doute, redoute et subit peu à peu les coups de boutoir de la vengeance du frère revenu. Un frère tant aimé, mais de quel amour ? Pour quel partage ?

Les chapitres comme les phrases sont courtes, légères, poétiques, et je sais combien il est toujours bien plus difficile de faire court que l'inverse. Mais dans le cas présent, c'est de mon point de vue souvent un peu trop court et les passages de confrontation directe entre les deux frères auraient gagné à être davantage développés.

Mais cela n'enlève rien à la réussite de l'ensemble...
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« J'avais cessé de t'attendre et tu paraissais. » (p. 10) Après dix ans de séparation, un jeune monarque voit revenir celui avec qui il a grandi. Très vite, la joie laisse place à la peur et à l'interrogation. le fils prodigue a bien changé. « La raison que tu avais de revenir n'était pas celle que je souhaitais. » (p. 16) Les deux gamins inséparables, unis par le coeur à défaut du sang, ont grandi et son devenus frères ennemis. le revenant représente la minorité opprimée du pays et porte des revendications fermes et irrévocables. Ses demandes insatisfaites sont suivies de dix fléaux qui ravagent la population. Reclus en son palais avec sa femme et son fils, le monarque sait que son temps est compté. « J'avais mal au passé. Si mal ! » (p. 126)

Les lieux ne sont jamais nommés : c'est un pays de sable et de désert, de chaleur et de serpents. Pas de nom non plus pour les deux frères ennemis : il y a celui qui parle et celui qui écoute, duo lié par le passé et une histoire qui n'en finit pas de s'écrire dans le sang. « Tu es le seul à blâmer. C'est ton pays que tu as laissé pourrir. […] Tu es l'assassin de ton peuple. Les maux qui te frappent sont autant de messages que tu n'arrives pas à décrypter. » (p. 102) Dans cette réécriture de l'histoire de Moïse et de Pharaon, le peuple libéré n'est pas destiné à partir vers une illusoire terre promise, mais bien à s'enraciner sur un territoire auquel il appartient de plein droit.

Longue élégie sur le passé, les souvenirs entachés et l'espoir meurtri, Celui-là est mon frère est un texte court à la portée universelle. Puissant et bouleversant, ce premier roman est très prometteur. Marie Barthelet est sans aucun doute une auteure à suivre !
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Dans un pays qui pourrait être un royaume africain, deux frères sont élevés ensemble par le maître du pays. L'un est son fils et sera appelé à régner à sa mort, l'autre est un enfant adopté. Ce dernier est issu d'une tribu d'individus considérés comme inférieurs car ils sont osé se rebeller contre le pouvoir, depuis le coup d'état, ils vivent en marge de la société.
Lorsque l'histoire commence, le frère adoptif du narrateur revient après dix ans d'absence. Il était parti sans un mot, sans donner d'espoir de retour, après avoir tué un homme. Il arrive et affronte son frère qui gouverne aujourd'hui le pays, réclame le dû de son peuple, de sa tribu. Ayant abandonné tout ce qui constituait l'amour fraternel qui les unissait, il est prêt à prendre le pouvoir quel que soit le prix à payer. Face au refus d'obtempérer de son frère, les plaies vont s'abattre sur le pays, les eaux empoisonnées qui détruisent flore et faune, la grêle qui détruit les récoltes, la lèpre et les maladies qui atteignent les troupeaux et les hommes.
Récit étrange, déstabilisant, difficile à placer dans le temps et dans l'espace. Il y a des paroles d'évangile dans ce titre-là ! « Celui qui fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, ma soeur, ma mère ». « Celui-là est mon frère » est écrit en alternance de scènes au présent, pour décrire le retour du frère, l'affrontement et le malheur qui s'abattent sur le pays, et de réminiscences par le narrateur de l'enfance commune , du passé heureux et du présent jusqu'alors serein. Ce récit ressemble plus à un conte hypnotique qu'à un récit banal. Qu'importe le pays, les circonstances, les protagonistes, l'essentiel est dans les sentiments, les souvenirs, l'amour et la haine qui émanent des personnages. Face au refus, l'irréel fait son oeuvre pour amener les frères à se retrouver jusqu'au moment où haine et amour se confondent, jusqu'au moment où ils s'affrontent, dans la mort et dans la vie, dans le chagrin et dans la perte. L'amour fraternel se transforme et fait son oeuvre, instillant son poison, qu'il soit vengeance ou passion mortelle.

Lien : https://domiclire.wordpress...
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Ces deux frères ont grandi ensemble et ont partagé toutes les expériences qui forment un être humain. Fils du dirigeant du pays, le narrateur nous racontent (ou plu
tôt raconte à son frère) des souvenirs partagés et forts : des balades furtives en ville, des blessures d'enfants, le pacte de sang échangé, leurs premiers amours… Par le biais de ces flashbacks on apprend à connaître le narrateur et ce frère admiré. L'auteure s'y prend si bien que j'ai eu du mal à envisager le narrateur d'un point de vue politique. Politique et individu semblent être bien distincts alors qu'au fond, les deux s'entremêlent tout au long du récit.

C'est pourtant ce lien fraternel qui dirige l'histoire et les propos du narrateur. le retour de son frère est l'occasion pour lui d'évoquer cet amour qu'il s'était efforcé d'oublier durant son absence de dix longues années au cours desquelles chacun a pris des chemins bien différents.

Dans cette histoire, le thème qu'il évoque à mes yeux est complètement d'actualité. L'auteure ne nous indique jamais où l'action se situe précisément. Les seuls indices sont les prénoms à consonance proche-moyen-orientale (c'est géographiquement vaste, oui, je sais). Si cela me perturbait au début et si j'ai tenté de chercher d'autres indices, dégainant google en vain au moindre signe, j'ai fini par prendre du recul et laisser l'histoire évoquer d'autres choses pour moi. Parce-qu'au final, l'important c'est qu'il s'agit ici de sentiments universels....https://pauseearlgreyblog.wordpress.com/2016/08/26/rentree-litteraire-celui-la-est-mon-frere-marie-barthelet/
Lien : https://pauseearlgreyblog.wo..
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Le fait que le roman mette l'accent sur les sentiments et émotions du jeune chef d'Etat rend ce roman particulièrement prenant. J'ai ressenti beaucoup d'empathie pour ce personnage, dont la souffrance transparaît à travers les lignes. Lui qui garde tant de bons souvenirs de l'enfance partagée avec son frère de lait, il ne peut concevoir que ce dernier ne soit revenu que pour lui nuire. D'autre part, le jeune homme qui revient n'est plus l'enfant insouciant d'alors, il a vécu parmi les pauvres et s'est approprié leur colère. Devenu leur porte drapeau, il se sent prêt à s'opposer à son frère et à faire basculer le gouvernement en place.

Celui-là est mon frère est un roman qui m'a totalement dépaysé tant il est différent de ce que je lis habituellement. Comme quoi le changement a souvent du bon, j'ai découvert une auteure talentueuse et qui a longuement mûri ce roman. Bien lui en a pris puisque les personnages sont poignants de réalisme et profondément humains dans leur colère, leur révolte et l'expression de leurs sentiments.

Un court mais très bon premier roman, à découvrir sans tarder.
Lien : http://carnetdelecture.skyne..
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A la fois assez intemporel et en grande résonance avec l'actualité, entre vengeance familiale et bouleversements politiques, j'ai été séduite par cette histoire.
Pas de nom ni de lieu précis, à chacun de lui donner l'ancrage que l'on souhaite. le texte est court et universel.
On pense à l'Afrique, à l'Orient, aux plaies d'Egypte, on s'éloigne, on contourne, pour mieux revenir à la situation actuelle.

Conte cruel, tragédie quasi mythologique, quand les colères des dieux se répercutaient sur toute la société, c'est un livre à découvrir!

Un premier roman très maitrisé, pour une auteure à suivre!
Lien : https://lecture-spectacle.bl..
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Depuis Montesquieu et Voltaire la tradition du conte philosophique oriental avait disparu de nos lettres. Grâce à la plume de Marie Barthelet qui signe ici un premier roman aussi court que savoureux, ce tort est réparé. Il met aux prises deux frères, les fils du souverain d'un État oriental dont on comprend vite qu'il est régi d'une main de fer depuis des générations par cette famille régnante.
Après avoir donné naissance à un héritier, le souverain – comprenant que son épouse ne pourrait plus enfanter – a décidé d'adopter un second fils afin qu'il ne grandisse pas seul. Choix judicieux puisque les deux frères vont tout partager jusqu'au jour où «l'adopté» s'enfuit, provoquant le désarroi de la famille et de son frère : «En partant tu m'amputais de toi. Il y avait la vie d'avant et d'après ce départ. La vie avec et sans toi. Un âge d'or, une ère de plomb.»
On imagine la joie au moment de l'annonce du retour, après dix ans d'exil, de ce fils prodigue. Sauf que, à l'image des combats de serpents, les retrouvailles vont vite se transformer en confrontation. «J'ai songé : le «nous» d'hier, c'était toi et moi ; aujourd'hui, c'est toi et eux seuls. Eux. La triste minorité de mon pays.»
L'oiseau de mauvais augure qui promet le soulèvement du peuple opprimé – de cette triste minorité – déstabilise le pouvoir. Bien vite, ses menaces vont se traduire dans les faits. Une «vague pourpre» empoisonne le fleuve et le réseau d'eau causant de nombreux décès dans la population, notamment parmi les plus démunis. La lèpre fait également des ravages. Un peu comme les sept plaies d'Egypte.
Les vieilles recettes ne semblent plus fonctionner. Les promesses, les visites aux malades pour les assurer du soutien du gouvernement ne font que retarder la révolte qui grande. Mais les beaux discours finissent par sonner creux :«L'Histoire s'écrit mal à cause de littérateurs comme toi qui ne savent pas la grammaire des hommes.»
Le Palais finit par être envahi et l'heure des règlements de compte sanglants a sonné. «Tu peux museler les médias, assommer les consciences à coups de bêtes slogans et de publicités mensongères, comme les empereurs d'autrefois gaber les panses de pain, organiser des fêtes et des courses à l'hippodrome, en bref jeter de la poudre aux yeux, tu le peux bien sûr, tu peux tout. Mais voici la vérité : tu es l'assassin de ton peuple.»
L'acte final de cette tragédie entre en résonnance avec bien des événements et nous propose une réflexion sur l'aveuglement du pouvoir, sur la justesse des causes défendues, sur la frontière tenue qui existe entre l'ordre et la liberté, entre un asservissement qui assure une certaine stabilité et une liberté, d'autres diront un chaos, qui ouvre la voie à bien des excès.
Marie Barthelet, en ne donnant ni références historiques, ni géographiques, ni même religieuses, livre au lecteur toutes les nuances du possible. S'agit-il d'une cause juste ou d'un combat d'intégristes ? Chacun se fera son opinion…

Lien : https://collectiondelivres.w..
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