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Journal de deuil.
Des petites phrases posées comme des petits cailloux sur une tombe, pour dire... voilà, je suis encore près de toi.
«Après-midi triste. Brève course. Chez le pâtissier (futilité) j'achète un financier. Servant une cliente, la petite serveuse dit «Voilà». c'était le mot que je disais en apportant quelque chose à maman quand je la soignais. Une fois, vers la fin, à demi inconsciente, elle répéta en écho « Voilà» ( je suis là, mot que nous nous sommes dit l'un à l'autre toute la la vie).
Ce mot de la serveuse me fait venir les larmes aux yeux. Je pleure longtemps (rentré dans l'appartement insonore )»
Des mots pour dire pour dire, voilà ... vois la, encore un peu.
Un chagrin pareil aux barthes de l'Adour, zones marécageuses laissés par la crue, près de Urt, en pays basque, où l'auteur résidait parfois.
Ce livre de deuil n'est pas le livre d'un écrivain. C'est la lente mélopée d'un fils qui vient de perdre sa mère. le quotidien qu'il faut affronter seul. Voilà, c'est tout.

La maison de Roland Barthes s'ouvre une fois l'an au public pendant les journées du patrimoine. Urt - pyrénées atlantiques - 64.
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J'ai été déçu.
Fallait-il publier ce livre ? Je peux comprendre que tout ce que Barthes a écrit puisse intéresser, mais là ce ne sont que des fragments, des mots posés sur un cahier. C'est insuffisant pour moi.
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Il est de ces livres qui entrent quelques fois totalement en résonance avec ce que l'on peut vivre sur une période donnée, celui-ci en fait partie. Publié en 2009, près de 30 ans après sa rédaction, Roland Barthes nous fait part de son chagrin à la disparition de sa mère survenue le 25 octobre 1977. C'est en fin de compte une sorte de travail nécessaire et salutaire pour faire son deuil.

Ce livre de Roland Barthes, d'une grande impudeur, n'était certainement pas destiné à être publié mais le lecteur est de cette race avide, il est comme les vers rongeant la peau d'un cadavre, il se repaît de la chair même de ses écrivains favoris, oubliant peut-être que parfois les textes sont rédigés avec le sang même de leurs auteurs. La preuve en est la publication du roman inachevé de Nabokov édité la première fois en 2009 ou bien « Le premier homme » d'Albert Camus.

C'est le premier livre de Roland Barthes que je lis, il m'est donc difficile de pouvoir juger son style par rapport à son oeuvre. Je puis juste en dire qu'il est rédigé dans un style clair, précis, sans esbroufe d'aucune sorte et surtout, très important, ne versant jamais vers un pathos qui serait ici malvenu et indécent au vu du sujet traité tant l'auteur se montre à découvert, tel qu'il est, en homme acculé par le tragique de la vie.

Épictète disait qu'il fallait considérer chaque chose sur cette terre comme des emprunts, y compris les êtres chers trop tôt disparus afin d'en être le moins affecté possible. Tâche au combien difficile ! Mais si on y parvient, on passera au mieux pour un fils indigne, au pire pour un sans-coeur, pour un Meursault incapable de pleurer aux funérailles de sa mère.

Livre donc très personnel d'une délicatesse et d'une beauté mélancolique, à ne pas lire sous le coups de la déprime.
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Fragments d'un discours douloureux !

Je lis les mots de Barthes par bribes, la charge émotionnelle qui s y dégage est si forte, que je ne peux le lire d'une traite.
Je ne peux pas, ne veux pas !

Comme le mentionne l'auteur, suite au décès de sa mère, Mam à laquelle il était furieusement attaché, seul le chagrin demeure.
Il est question d'une succession de notes, de pensées, parfois sans lien précis, noircies ici & là, la douleur qui teinte chacune de ces pages est limite palpable.
Le texte est parfois difficile à lire, mais il est d'une rare beauté, à travers toute cette peine qui transparait ici, c'est une magnifique déclaration d'amour que Barthes adresse à sa mère.
Ces fragments, par leur forme déjà, expriment particulièrement bien le caractère discontinu de l'endeuillement, cette discontinuité qui pèse !
Barthes essaie de manière sensé de comprendre ce processus. Il pratique aussi par ce biais une auto analyse qui peut tout aussi bien servir au lecteur.

Récit du manque, de la souffrance & de l'énergie vitale, sans pour autant, tomber, ni dans le mélodrame ni dans le pathos !
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En emportant de la librairie le Journal de deuil, de Roland Barthes, je pensais que j'allais découvrir des pensées fortes, des réflexions profondes sur ce qu'un deuil révèle de soi et du lien rompu, sur ce que l'absence inflige et change, sur ce que l'on trouve, ou non, comme sens à ce traumatisme.
Mais le Journal de deuil de Roland Barthes n'est qu'un journal, je ne peux même pas dire banal à pleurer, puisqu'il m'a laissé indifférente. Et même agacée : R. Barthes constate, assez satisfait, à plusieurs reprises, qu'il n'«hystérise »pas son chagrin, qu'il en fait peu part à ceux qui l'approchent. Mais où avait-il vu que les gens en peine profonde allaient la raconter à tous vents ?
Et comment croire qu'il n'avait pas la réponse à cette question : « Pouvoir vivre sans quelqu'un qu'on aimait signifie-t-il qu'on l'aimait moins qu'on ne croyait… ? »
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Beaucoup de vide dans ces pages, pour peu de mots. Mais quels mots. Il en va de même du deuil de Roland Barthes, qui peine à exprimer son chagrin : le silence règne et les mots manquent. Pourtant, comme il l'écrit lui-même : "Qui sait ? Peut-être un peu d'or dans ces notes ?" Et en effet ce sont des pépites éparses que le lecteur trouvera dans ces carnets.
Barthes cherche à mettre le doigt sur l'essence de son chagrin par petites touches, par fragments, car l'aborder dans une forme de globalité serait proprement impensable.
Quelque chose d'extrêmement émouvant dans la relation fusionnelle de Barthes avec sa mère. Sa mort est un déchirement. Comment vivre après, comment se souvenir, comment exprimer l'inexprimable. Tentatives de réponses et au milieu jaillit souvent la beauté, l'émotion et la littérature.
Et toujours cette recherche autour du langage, compulsive, ce fantasme d'un énoncé neutre, épuré, qui se ferait l'exacte représentation du réel.
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Je déconseille à qui voudrait aborder l’œuvre de Barthes d'y entrer par ce livre. Non qu'il soit difficile - c'est certainement le plus limpide de ses textes - mais découvrir Barthes avec le journal de deuil exposerait son lecteur à un ennui profond; il y pleure sa mère dans de brèves notules qui sont autant de points noirs déposés sur des fiches - points noirs sans dimension ni profondeur, petits accès maniaques d'écrivain déprimé par la mort de sa mère et qui s'accroche à l'écriture comme pour ne pas perdre la main: "En écrivant ces notes, je me confie à la banalité qui est en moi" (29 octobre).

"Qui sait? Peut être un peu d'or dans ces notes" (27 octobre). Bien que cette interrogation le suggère, je ne pense pas que Barthes ait jamais songé à publier ce texte - sinon peut-être de façon posthume - sachant que ses papiers seraient déposés à l'IMEC (Institut pour la Mémoire de l'Édition Contemporaine) après sa mort.

Jusqu'à hier, je n'avais jamais prêté attention à ce livre dont j'ignorais tout. Par hasard, il n'attira mon attention sur les rayons d'une bibliothèque que parce j'avais lu de fraîche date "La chambre claire"; que cet essai sur la photographie est aussi une troublante méditation sur la mort.
Ce journal de deuil n'a que cet intérêt là; celui de vous introduire dans une sorte de work in progress, c'est-à-dire la genèse de cette très belle œuvre de Roland Barthes; "La chambre claire". Le journal de Deuil de Roland Barthes est le premier élan d'un projet dont la trace se retrouve dans ces lignes entre crochets: "[Sans doute je serai mal, tant que je n'aurai pas écrit quelque chose à partir d'elle (Photo, ou autre chose).]" (p. 227).
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Lecture que j'aurais aimé faire il y a quelques mois, en août dernier. Et aimé partager avec ceux de mes proches le plus tenaillés par la douleur du chagrin. J'ai déjà donné quelques citations, sur ces pages et sur Apostilles, j'en donne plusieurs autres ici tant j'ai trouvé que ce recueil de notes -- lequel, semble-t-il, n'était pas destiné à la publication, d'où, à l'époque, l'inévitable polémique éditoriale parisienne --, brèves annotations jetées sur des fiches, était juste dans sa façon de contourner, de le tender du moins, l'impossibilité de « dire » la mort : « Mon chagrin est inexprimable mais tout de même dicible. le fait que la langue me fournit le mot « intolérable » accomplit immédiatement une certaine tolérance ». Et aussi : « Je ne veux pas en parler par peur de faire de la littérature -- ou sans être sûr que c'en ne sera pas -- bien qu'en fait la littérature s'origine dans ces vérités. » D'ailleurs, Barthes n'aime pas le mot deuil, lui préférant celui de chagrin. Impossibilité pour lui, donc, de faire un « récit de vie » de la mort de sa mère, seulement, par attouchements, pourra-t-il restituer la présence de l'absence : « Dans la phrase "Elle ne souffre plus", à quoi, à qui renvoie "elle" ? Que veut dire ce présent ? » et des effets de cette mort sur lui : « J'habite mon chagrin et cela me rend heureux. Tout m'est insupportable qui m'empêche d'habiter mon chagrin. », qui ressent en outre une très forte et constante peur d'une catastrophe qui a déjà eu lieu (référence au psychanalyste Winnicott) et incessamment douloureuse.

Beaucoup de références à Proust, évidemment, et on pourra lire, comme le suggère Antoine Compagnon dans son cours Écrire la vie : Montaigne, Stendhal, Proust du Collège de France (qu'on peut écouter en podcast), Albertine Disparue. L'un et l'autre livre, si opposés par la forme, sont absolument complémentaires l'un de l'autre.

Inéluctable conclusion : « La vérité du deuil est toute simple : maintenant que mam. est morte, je suis acculé à la mort (rien ne m'en sépare plus que le temps). »

Pour moi, et conscient de l'étrangeté de ce que j'écris : cette douleur crée de la beauté, ne pouvant s'intégrer au récit de vie de Barthes, elle est désormais liée à la mienne, par l'écho qu'elle suscite en moi avec celle découlant de la mort de ma mère. Beauté douloureuse, mais Beauté : je suis un survivant de Beauté.


Lien : http://les-cendres-et-le-plu..
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Il y a le coup éditorial. Il y a la controverse. Mais il y a surtout la crainte de ces inédits de fond de tiroir qui viennent parfois écorner l'image d'un auteur, comme ce petit supplément auquel on n'a pas su résister et qui vient mêler de nausée le plaisir d'une dégustation.
Du Roland Barthes diariste, on pouvait déjà se faire une idée en lisant "Délibération", ce court extrait du journal publié dans le Bruissement de la langue, ou encore RB par RB. Et ceux qui regrettaient ce roman sur lequel Barthes "travaillait" dans les dernières années de sa vie pouvaient à loisir consulter les fiches énigmatiques publiées dans les oeuvres complètes sous le titre "Vita nova". Ici, le Seuil édite 330 fiches rédigées par Barthes après la mort de sa mère, en 1977, peu avant d'entreprendre l'écriture de la Chambre claire. Un exercice littéraire de domestication de la douleur, entre autres : "je peux, tant bien que mal (c'est-à-dire avec le sentiment de ne pas y arriver) parler [mon chagrin], le phraser. Ma culture, mon goût de l'écriture me donne ce pouvoir apotropaïque, ou d'intégration : j'intègre, par le langage". Cependant, les tics, les habituelles préciosités (italiques, vocabulaire psychanalytique, etc.) ont tôt fait de placer le lecteur en terrain familier : illisibles, ces notes ? qui prétend que le Tombeau d'Anatole de Mallarmé soit lisible ?
Lire la suite : http://ivressedupalimpseste.blogspot.com/2009/03/roland-barthes-journal-de-deuil.html
Lien : http://ivressedupalimpseste...
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Une lecture qui poignarde le coeur.

Beaucoup de vide, peu de mots mais, bordel, qu'ils sont dévastateurs.

Sans jamais tomber dans le pathos, R. Barthes décrit ici ses nuances de chagrin. C'est infiniment triste et extrêmement bouleversant. J'en sors déchiré et assommé.
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