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Toute la morgue et l'hypocrisie des biens pensants, réfugiés derrière leur missel et leur tabernacle de forfanterie.

Médecin royal, qui, avec une précision chirurgicale opère une véritable petite incision dans un univers bien souvent retranché derrière les cicatrices des autres; ceux du mal, de la perversion.

Pas la leur, ce cher Augustus n'a de cesse de nous le rappeler, dans sa médiocrité de pédant et cette arrogance de parvenu complétement déplacé dans une société qui n'est pas sienne et qui ne veut de lui.

A lire pour se détendre de ces petites lâchetés quotidiennes qui, régulièrement, viennent polluer nos tranquillités.
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Nous sommes à Londres, certainement au tout début du XXe siècle. Augustus Carp est le digne fils de son père. Comme lui, il s'appelle Augustus. Comme lui, il a une certaine tendance à l'embonpoint et le teint vif. Et surtout, comme lui, c'est un personnage parfaitement ridicule. Ils sont tous deux l'incarnation du petit-bourgeois anglais puritain, étroit d'esprit et imbu de lui-même. Ils se font un devoir de pourfendre le péché sous quelque forme qu'il se manifeste, et certes les occasions ne leur manquent pas.
La page de titre du livre s'intitule : Augustus Carp Esq. par lui-même ou l'autobiographie d'un authentique honnête homme. Il s'agit en effet des mémoires d'Augustus fils (qui a alors 47 ans) dans le but d'édifier le lecteur. Il commence d'ailleurs ainsi : « Dans un âge où toutes les règles de la bienséance sont soit bafouées, soit menacées de destruction, […] c'est à l'évidence une tâche indispensable que d'offrir au monde quelque exemple d'élévation. » Toute occasion de plaisir ou de divertissement sont proscrits, il rejette tabac, alcool, sexe, théâtre et danse. Or, tout en combattant le « vice » chez les autres, Augustus père et fils se révèlent eux-mêmes mesquins, hypocrites, vaniteux, avares, bêtes et méchants, et se comportent en parasites. Ils n'hésitent pas user de la délation et du chantage, et pour des broutilles se lancent dans des procédures judiciaires longues et compliquées. Ils sont incapables de la moindre compassion et, pour couronner le tout, ils traitent leur épouse et mère comme une domestique. Ils accomplissent leurs méfaits en toute bonne conscience, convaincus qu'ils sont de la justesse de leurs actions. Cela ne va pas bien sûr sans quelques mésaventures. Et s'il arrive que les victimes de leur zèle moralisateur se rebiffent ou se vengent, ils n'y voient qu'ingratitude ou malveillance.
Cette tartufferie étalée de bonne foi est du plus grand effet comique. Tout comme le style ampoulé, pédant, adopté par le narrateur/mémorialiste. Augustus use et abuse de tournures de phrases alambiquées pour exprimer ce qui pourrait l'être en quelques mots. Ou de l'art de couper les cheveux en quatre, révélant la pudibonderie excessive d'Augustus. L'humour survient aussi lorsqu'il rapporte des propos ou des attitudes ironiques, voire franchement moqueurs à son endroit, mais que, dans son insondable bêtise, il ne perçoit pas comme tels.
La préface nous apprend que ce type d'humour « se situe dans la tradition nationale du flegme et de l'humour pince-sans-rire, la deadpan comedy (ou « comédie de marbre »). Son auteur, Sir Henry H. Bashford (1880-1961), était entres autres médecin du roi George VI. On peut supposer qu'il a eu maintes fois l'occasion de rencontrer ce type de personnages, parangons de vertu « à la Augustus Carp ». le livre a été publié anonymement en 1924 et ignoré par la critique, ce qui ne l'a pas empêché d'avoir de nombreux admirateurs dans tout le monde anglo-saxon. Alors merci aux éditions Phébus de nous permettre de découvrir ce petit chef-d'oeuvre d'humour, so british.


Lien : http://plaisirsacultiver.unb..
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Angleterre, début du XXème siècle. Augustus Carp est l'antithèse de ce que l'on pourrait considérer comme un parfait gentilhomme : prétentieux, fat, suffisant, phallocrate, aucun adjectif ne manque à son actif d'homme à claquer, pour le plus grand plaisir du lecteur puisque notre héros a décidé de nous confier rien moins que sa brillante autobiographie.

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Un livre trouvé par hasard dans la librairie Delamain. Je n'avais jamais entendu parler de ce livre, dans ce cas là, qu'est-ce qui motive ? le titre ? Assurément. le nom de l'auteur ? Inconnu. La couverture ? Nenni. Allons avoue ! Ce livre est mince, oui, mais aussi, je lis en 4ème de couverture l'expression "Tout à fait réjouissant." Et c'est ce qui me fait l'emporter.

Depuis les pièces de théâtre de Molière, je n'ai jamais lu un livre de ce genre : où le héros est une sorte de Tartuffe, bourré de principes, engoncé dans une vertigineuse capacité à ne rien faire d'héroïque. Je confirme, c'est une histoire tout à fait réjouissante, qui m'a d'ailleurs fait rire à maintes reprises.

L'auteur est d'une imagination sans bornes pour ce qui consiste à faire passer notre héros pour un balourd, au propre comme au figuré puisque ce cher Augustus est légèrement enveloppé. En tout cas, pour un gars à qui il faudra bien tôt ou tard donner une belle leçon.

Augustus Carp est un énergumène qui s'évertue à réprimer les besoins de ses semblables qui désirent boire, fumer, danser : le soir venu, il passe son temps à distribuer des tacts et distiller le voeu d'abstinence. Il est une sorte d'oeuvre condensée de ce que je supporte pas : imbu de lui même, il traite sa mère comme une "bonne à tout faire" et ne semble respecter que ses propres béatitudes. le contraire du personnage de John Irving dans Une prière pour Owen. Je me suis bien amusée lorsqu'il se prend une cuite mémorable avec l'aide de la régalade portugaise (du Porto) fournie en belle quantité par une implacable Nemesis. Car bien sûr, il y a un retour de bâton, sinon le comique serait beaucoup moins réussi.

Mention spéciale et particulière au traducteur qui nous plonge avec délices dans cette superbe pantalonnade en utilisant tout ce qu'il faut pour nous faire oublier notre incapacité à lire en VO ; pour ma part, je n'ai pas vu de maladroites répétitions (que je traque sans pitié).

Mon passage préféré, qui m'a presque fait pisser de rire car je sais me (re)tenir :
...j'étais loin de penser, alors que je tâtonnais pour trouver la porte, que je n'avais pas encore abordé la dernière station de mon chemin de croix. Car, à peine arrivé à la grille du jardin de Mon repos, plutôt en meilleure forme que je ne l'escomptais, j'aperçus un tramway, surchargé à la limite de sa capacité légale, qui s'en approchait en cahotant sur les rails. Un seul coup d'oeil au véhicule gorgé de femelles et dont les flancs étaient distendus par les bagages suffit à me paralyser d'horreur, quoique moins pour mon compte personnel que pour celui de mon père, qui était debout sur le pas de la porte, pétrifié. Il poussa un cri du pathos le plus extrême et, tandis que les huits soeurs de ma mère mettaient pied à terre, tomba à plat ventre sur l'allée du jardin pour ne plus jamais se relever.
C'en était trop pour moi aussi. Ebranlé au plus profond de mes fondations intimes, je tournai le dos à cette marée inexorable de femelles parlant gaélique et m'effondrai au côté de mon père, mais tête-bêche. (p.205 - Où les 8 tantes que son père avait exilées au pays de Galle, reviennent à Londres)
Avouons le : voilà ce qui s'appelle le comique de situation, ou encore la deadpan comedy -in english in the text. Un mot sur l'auteur mystérieux (dont j'ai eu un mal fou à trouver une photo) : Sir Henry Howarth Bashford (1880-1961) était avant tout médecin, et publia anonymement ce roman satirique qui brosse avec une jubilatoire férocité la mentalité de ses contemporains. Tout ceci ne peut que me le rendre encore plus sympatique !
Lien : https://lecturesencontrepoin..
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Augustus Carp est le parfait connard, le comble de la bienpensance, la démesure puritaine, le bigot puant et méchant.

Mais Augustus Carp, en écrivant sa biographie, est bien le seul à ne pas s'apercevoir que sa malveillance pudibonde fait de lui le « con suprême » de la petite bourgeoise bigote (il a depuis été détrôné par Donal Trump).

Il met, grâce à la bonne éducation de son père, sa mère en esclavage, qui va jusqu'à lui ôter les chaussures le soir quand il rentre – oui mais les femmes sont là pour servir l'homme.

Il fait du chantage à une femme adultère pour obtenir du travail auprès de son mari – oui mais elle est adultère, avec le frère du dit mari qui plus est!

Il fait renvoyer de son emploi un homme ivre, père de trois enfants, dont la femme est handicapée, et lui vole son poste de chef de magasin – oui mais il était ivre, et sur la voie publique!

Tout ceci sous couvert d'une foi infaillible, autoproclamé rédempteur des masses, sauveur des âmes perdues dans une société de plus en plus corrompue par les vices du tabac, de l'alcool, du théâtre, du sexe et du juron.

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Ce roman emprunte tous les codes de l'autobiographie afin de faire une critique acerbe de la petite bourgeoisie qui entoure l'auteur à cette époque. Sauf que cet auteur, n'est autre que le médecin personnel du roi Georges VI. Il sera même fait lord par la reine d'Angleterre!

C'est son unique oeuvre, écrite sous un nom d'emprunt. Il faudra attendre 1965, après sa mort, pour que sa fille révèle l'identité de cet humoriste caché.

Les anglais se sont arrachés ce livre: il est encore aujourd'hui une référence en matière d'humour anglais et de critique de la bourgeoisie bien-pensante.

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Même si ce ne fut pas une lecture aisée compte tenu du délicieux niveau de langue de cette époque, je me suis régalée de cette satyre, délectée de cet hypocrite pudibond et grâce au challenge « Varions les éditions » je découvre une pure pépite, ou une pépite pure!

Bravo L'arbre vengeur pour cette édition!
Lien : https://carpentersracontent...
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Un chef d'oeuvre d'humour anglais.
A vos monocles, gents !
Lien : http://www.babelio.com/monpr..
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Ce succulent petit livre est le récit autobiographique d'un authentique « gentleman chrétien », tel qu'il se définit lui même : avec son père, il lutte de toutes ses forces contre le vice, l'adultère, l'alcool, la musique, la danse, le théâtre un peu trop léger avec des comédiennes un peu trop dévêtues. Dans l'Angleterre du début du XXème siècle, le lecteur ébaubi assiste à la naissance d'Augustus, ...
la suite de cette critique sur mon blog : http://lepandemoniumlitteraire.blogspot.com/
Lien : http://lepandemoniumlitterai..
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Paru anonymement en 1924 (il faudra attendre 1961 pour apprendre que son auteur était l'un des médecins du roi George VI), ce court roman de 213 pages (de facture très victorienne malgré sa date de parution) est un chef-d'oeuvre d'humour ou, comme le dit fort justement Frédéric Vitoux de l'Académie française, un sommet « de férocité, d'incandescence satirique » (servi, en outre, par une langue de toute beauté). En plus de quarante ans de lecture assidue, je ne suis que très rarement tombé sur un roman aussi réjouissant que celui-ci. Qu'il me suffise de dire pour vous encourager à courir ventre à terre vers la librairie la plus proche de votre domicile qu'Augustus Carp, le personnage principal de ce bijou injustement oublié, est l'ancêtre direct du très pompeux Ignatius J. Reilly. La filiation est si évidente que je serais prêt à parier que John Kennedy Toole a lu et relu Augustus Carp avant de se lancer dans la rédaction de la Conjuration des imbéciles.
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(...) de plus, c'est une oeuvre littéraire de tout premier ordre, superbement écrite, parsemée ici et là de traits d'esprit spirituels aussi élégants que distingués et stylistiquement fulgurants. Une manière intelligente de nous rappeler au passage que l'idiotie est parfois plus dangereuse que la méchanceté.

Retrouvez l'article complet sur mon blog.
Lien : http://touchezmonblog.blogsp..
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Sir Henry Howarth Bashford fut un honorable médecin, citoyen britannique du début du XXème siècle, auteur d'articles scientifiques, médecin chef du Royal Post Office, conseiller médical du Trésor, médecin honoraire du roi Georges VI. Il fut aussi l'auteur d'un ouvrage unique, d'une drôlerie sans égale.

"Augustus Carp esq. par lui même, ou l'autobiographie d'un authentique honnête homme" est le portrait d'un individu qui se veut le plus convenable et se trouve être le plus ridicule. Dévot, défenseur acharné de la morale la plus stricte, ennemi des plaisirs, méprisant les femmes, il est aussi, en toute bonne conscience, le plus égoïste, le plus arriviste, le plus mesquin, le plus hypocrite , le plus procédurier des hommes, sur le modèle physique et moral de son père. Sa fatuité, ses ridicules, ses suffisances en font un type comique que l'on retrouve chez La Bruyère, Saint-Simon, et parfois Rowan Atkison. Mais le monde décrit est plutôt celui de l'Angleterre victorienne où la religion est pesante, couvrant l'hypocrisie des ambitions et imbue de la bienpensance puritaine.

Le préfacier Anthony Burgess, linguiste, écrivain inoubliable d'Orange mécanique, voit, dans ce roman, publié en 1924, resté méconnu, un chef d'oeuvre de l'humour pince-sans-rire, dead-pan comedy, où le visage reste impassible, comme la lèvre supérieure (stiff upper lip).

Bien qu'il retrace l'enfance et le jeunesse de Carp, il ne s'agit pas d'un roman d'apprentissage, puisque le héros n'apprend rien, reproduisant l'immuable modèle paternel, qu'il transmettra intact à son fils.

Au-delà d'un irrésistible comique de situation qui contraste avec l'imperturbable sérieux du discours, le lecteur de bonne foi se demandera s'il ne se reconnait pas fugitivement dans les traits de Carp, dans ses comportements comme dans ses manières d'être. Car le miroir que nous tend Bashford n'est pas qu'un miroir déformant. Il déploie ses effets de mise en abyme devant tout lecteur dont les éclats de rire n'auront pas emportés les éclairs de lucidité.



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