Poe et le cinéma ont fait office de maldonne. Malgré des efforts répétés, le septième art a rarement bénéficié à
Poe, n'ajoutant peu ou prou de lustre à sa réputation d'enfant terrible et de chrétien non pratiquant, perverti par des addictions dangereuses. A sa manière,
Roger Corman a enclavé l'écrivain dans une série de poncifs pour engendrer des chocs visuels, passant de personnages décadents à la matérialisation d'angoisses métaphysiques, sans omettre le motif iconique du chat noir. D'une façon réductrice, on peut également retenir que le cinéaste a joué avec le thème de la culpabilité pour justifier les agissements de ses protagonistes, ramenant du coup le récit à un niveau de compréhension beaucoup plus accessible que l'apparition de
Morella ou de Ligeia dont on-ne-sait-pas-trop-où ? Avec son cycle de sept longs métrages,
Roger Corman s'est targué de devenir l'ambassadeur de l'écrivain et il est vrai qu'il a réussi à sceller d'une pierre blanche le souvenir de ce dernier dans la mémoire collective, en poussant le public à découvrir chacune de ses réalisations et à attendre la suivante. Ni mieux réalisés ni moins bien mis en chantier que la production ordinaire des sixties, «
La chute de la maison Usher », « La chambre des tortures », « L'enterré vivant », « L'empire de la terreur », «
le corbeau », «
le masque de la Mort rouge » et « La tombe de Ligeia » s'inscrivent dans le circuit commercial, ayant tout un temps réussi à épouser les attentes des spectateurs avant de resserrer son périmètre. Au demeurant, des longs métrages qu'on revoit avec nostalgie. Ah, le cinéma de papa !