Il est dans le visage humain une complication infinie de détours et d'échappatoires, répondant au trafic d'esprit sur quoi tout repose. On n'imagine plus de réduire la vie à la simplicité du soleil. Chacun de nous toutefois, porte en lui cette simplicité : il l'oublie pour des complications de hasard, dépendant de l'angoisse avare du "moi"
(...)
Il n'est rien qui me fasse oublier de rire, mais les hommes sont trop peu "soleils", et je n'ai plus le coeur de rire aux éclats de leur petitesse.
Ecrire n'est jamais qu'un jeu joué avec une réalité insaisissable : ce que personne n'a jamais pu, enfermer l' univers dans des propositions satisfaisantes, je ne voudrais pas l'avoir tenté. J'ai voulu rendre accessible aux "vivants" -heureux des plaisirs de ce monde et mécréants- les transports qui semblaient le plus loin d'eux (et sur lesquels, jusqu'ici, la laideur ascétique a veillé jalousement). Si personne ne cherchait le plaisir (ou la joie); si seuls le repos (la satisfaction), l'équilibre comptaient, le présent que j'apporte serait vain. Ce présent est l'extase, c'est la foudre qui se joue...
J'abhorre les phrases... Ce que j'ai affirmé, les convictions que j'ai partagées, tout est risible et mort : je ne suis que silence, l'univers est silence.
Il n'est pas d'être sans fêlure, mais nous allons de la fêlure subie, de la déchéance, à la gloire (à la fêlure aimé)
Dans tes reins deux fois dénudés par le vent, tu sentiras ces cassures cartilagineuses qui font glisser entre les cils le blanc des yeux.
Dieu est la sorte d'impasse où le monde - qui nous détruit, qui de la même manière détruit à mesure ce qui est - enferme notre moi pour lui donner l'illusion d'un salut possible. Ce moi mêle ainsi l'éblouissement de n'être plus au rêve d'échapper à la mort.
C'est le jeu, qui, de même que les catastrophes, est fascinant, qui permet d'entrevoir, positivement, "la séduction vertigineuse de la chance".
La connexion est un des faux-jours possibles.
J'ai l'audace d'une épave.
Je ne crois pas en Dieu : faute de croire en moi.
Croire en Dieu, c'est croire en soi. Dieu n'est qu'une garantie donnée au moi. Si nous n'avions donné le "moi" à l'absolu, nous en ririons.