Qui parle de justice est lui-même justice, propose un justicier, un père, un guide.
Je ne propose pas la justice.
J'apporte l'amitié complice.
Un sentiment de fête, de licence, de plaisir puéril - endiablé.
Je vis lent, "heureux", je ne pourrais cesser de rire : je ne suis pas chargé du fardeau, de la servitude apaisante, qui commencent dès qu'on vient à parler d'un Dieu.
Les dieux rient des raisons qui les animent, tant elles sont profondes, inexprimables dans la langue des autres.
Ils ignorent les chemins de somnambule qui vont d'un rire heureux à l'excitation sans issue.
Tout a lieu dans une pénombre ardente, subtilement privée de sens.
Évidemment, dans la mesure où ce qui me fait peur en ce monde n'est pas limité par la raison, je dois trembler.
[...] les rêves de Kafka, de diverses manières, sont plus souvent que nous le pensons le fond des choses...
Nous n'avons d'autre possibilité que l'impossible.
Deux êtres communiquent, dans la première phase, par le canal de leurs déchirures. Nulle communication n'est plus violente. La déchirure cachée (comme une imperfection, comme une honte de l'être) se dénude (elle s'avoue), elle se colle goulûment à l'autre déchirure : le point de rencontre des amants est le délire de déchirer et d'être déchiré.
Dans le supplice d'aimer je m'échappe à moi-même. Et nu, j'accède à la transparence irréelle.
Ne plus souffrir, ne plus aimer, me borne au contraire à ma pesanteur.