Il est 16 heures, c'est vendredi.
Je m'installe à la terrasse d'un bar avec ma bière et mon
Baudelaire, en caressant la multitude de ma solitude.
Ca va mal, c'est mon spleen.
Certains poèmes me parlent beaucoup trop, comme une gifle. C'est que j'en ai un peu ras le cul de me prendre des claques dans la gueule. La dernière en date vient de ce type comme tout droit sorti d'un livre de
Bukowski. Un alcoolique notoire, malheureux à cause d'une femme et qui boit pour oublier, pour s'oublier jusqu'à disparaître. Ce connard qui m'entraîne à nouveau dans les abysses alors que je venais à peine d'en sortir.
Mais qu'est-ce qui va pas chez moi ?
Ca va mal, c'est mon spleen.
Et je regarde les gens, y a une femme devant moi, la face et les mains marquées par la vie. Elle écrit, elle écrit, elle écrit. Je me demande bien sur quoi, je ne le saurais jamais. Puis y'a ce groupe de jeunes (dit la fille de 28 ans), ils sont quatre, tous sur leur putain de téléphone. Ils échangent virtuellement et s'ignorent réellement, quelle superbe époque nous vivons ! Moi j'suis là, avec ma bière et mon
Baudelaire, et une envie de chialer, de me vomir toute entière. Je devrais peut-être squatter un jardin public, paraît que c'est bien pour les gens comme moi, les éclopés de la vie.
Il est 17 heures, c'est vendredi et ma bière est finie.
Je rentre dans le bar soulager ma sainte vessie et voilà que je reconnais un type. Je le croise régulièrement en ville, au supermarché, dans ma rue. Y a des gens comme ça, qu'on est destiné à croiser. Il est seul, comme d'habitude, il fait la gueule, comme d'habitude. Un autre éclopé sûrement.
Et si on se donnait rendez-vous dans un jardin public ?