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EAN : 9782915438468
132 pages
Les Contrebandiers (27/05/2011)
3/5   7 notes
Résumé :

Une jeune fille. Un enfant. Déjà, elle s'enlise dans une existence trop plane. Il est débordé par sa singularité. Ils vont se rencontrer, s'espérer, se rejoindre.

Au delà de ce qui est admis et supportable.Pour quelques saisons en paradis, quelques saisons en incandescence. Jusqu'au drame. Car la jalousie du monde profane veille.

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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
L'histoire : Aude est étudiante en philosophie et vit avec Étienne. Pas vraiment amoureuse, elle observe sa vie avec détachement. Ses liens se délitent progressivement avec Étienne, avec ses amies. S'enfermant progressivement dans ce qui ressemble à une dépression profonde, elle se recroqueville sur son sentiment d'étrangeté au monde. Puis, elle répond à une petite annonce pour donner des cours et s'occuper d'un garçon de neuf ans, Corentin. le premier contact avec la mère de Corentin est assez déstabilisant car celle-ci n'a pas de mots assez durs pour décrire et mépriser son fils. D'autant plus qu'il y a eu un "problème" avec la précédente étudiante en charge de Corentin. Pourtant le contact passe assez bien entre Aude et Corentin. Leur relation va se renforcer face au père de Corentin qui ne sait comment se positionner face à Aude, encombré de désirs et de non-dit. La relation avec Étienne tourne à l'incompréhension mutuelle, à l'incommunicabilité totale. Corentin, pour sa part se révèle un enfant à la maturité hors du commun, à l'intelligence aiguisée et à la solitude ahurissante. Leurs solitudes se font écho. Leur proximité face aux autres, leur compréhension mutuelle devient un rempart, devient une bulle. Jusqu'à l'indicible.


Le projet des auteurs est de montrer une histoire d'amour hors norme, illégale, pédophile.

Ce qu'il y a de terrible avec ce livre c'est que le savoir-faire des auteurs est manifeste : la langue de Bénédicte Heim est très réfléchie, très travaillée, le style induit très efficacement l'éloignement au monde de Aude. Cette langue se déploie comme une lente mélopée, sans respiration, une plongée un peu hypnotique, une musique textuelle dont l'effet est très efficace.
Je ne dirai pas que l'écriture est belle (ce n'est pas ce que j'ai ressenti) mais vraiment envoutante, au sens premier du terme. le texte se lit d'une traite, captivé par une écriture maitrisée qui nous mène vers l'interdit, que je n'ai absolument pas vu venir
le travail d'Edmond Baudoin tout en noir avec des réécritures graphiques du texte est très maitrisé et alimente le texte dans une dynamique similaire au Tamara Drew de Posy Simmonds où texte et images sont parallèles et complémentaires et non pas redondants l'un de l'autre. Très cru dans les scènes de sexe que Laure a avec un inconnu, le dessin devient métaphorique dans les scènes finales qui relèvent du tabou.

Et c'est là où le bât blesse : l'ouvrage, justement par son efficacité, met en oeuvre ainsi toute la vulgate du discours pédophile en utilisant l'argument de l'amour de l'enfant (c'est lui qui est demandeur, déjà avec la première baby-sitter), de sa maturité (il est présenté comme artiste, il veut dessiner Aude en nu, il dessine très bien, forcément - projection de l'auteur ?), de la pureté de la relation (versus les amours adultes réelles et potentiels de Aude qui apparaissent soit insatisfaisantes soit implicitement sales / impurs : le personnage d'Étienne est vraiment désagréable, le père de Corentin apparait comme littéralement hanté de désirs non assumés, et la relation avec l'inconnu du métro est présentée avec une crudité charnelle glaçante) en dissimulant la gravité du crime par une langue poétique et métaphorique.
Par ailleurs, si l'adulte avait été un homme, le livre serait autrement condamné, alors que certains peuvent trouver cela normal, reprenant à l'envie le discours de la société contre l'amour, l'esprit bourgeois conservateur contre un amour tellement plus grand, plus fort, plus pur, que c'est forcément la société, castratrice, qui opprime un amour absolu. On croit rêver, à lire des arguments pareils qui font l'apologie d'un crime dont la pratique masculine est unanimement condamné et la pratique féminine reste ignorée.

Un livre très maitrisé, très réussi dans sa forme, et c'est bien là le problème car son parti-pris est, à mon sens, éminemment pervers, au sens littéral du terme.
Lien : http://leslecturesdecyril.bl..
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critiques presse (3)
ActuaBD
27 septembre 2011
Entre réussite stylistique et réflexions gênantes sur ce qu’il est permis de faire avec ses sentiments, Tu ne mourras pas provoque des sentiments contradictoires, mais c’est sans doute là sa première réussite.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
Sceneario
30 juillet 2011
. Le dessin de Baudoin traduit avec justesse et émotion l’extrême fragilité de ces personnages à fleur-de-peau. Edmond Baudoin est un grand maître de la bande dessinée dont l’expression graphique ne peut laisser indifférent.
Tu ne mourras pas est un livre qui contribue immanquablement à donner ses lettres de noblesses au neuvième art. Sublime, c’est un très gros coup de cœur !
Lire la critique sur le site : Sceneario
BDGest
28 juin 2011
Sans nul doute, le roman signé Bénédicte Heim est aussi puissant que dérangeant, aussi sensible que sensitif. Son adaptation en bande dessinée par Edmond Baudoin en souligne encore davantage la beauté, la profondeur et le trouble qui se dégage du récit.
Lire la critique sur le site : BDGest
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Avant, elle marchait le long des trottoirs en regardant d'un œil distrait l'intense circulation qui saturait les grands boulevards. Avant, elle enfonçait ses poings dans ses poches, elle les serrait très fort, animée contre le monde d'une rage qu'elle ne s'expliquait pas. Avant, sa vie était divisée en quartiers proprement découpés qui ne communiquaient pas entre eux. Avant, elle flottait dans son corps comme dans une étoffe trop large, une maison inhabitée. Avant, elle n'avait qu'un seul prénom. Avant, elle croyait que tout avait une cause. Avant, elle lisait beaucoup de romans d'amour où elle ne reconnaissait rien et des essais austères. Avant, elle avait un amant, des amis, des cours à la fac. Avant, elle n'était rien, mais elle ne le savait pas. Avant, le temps lui manquait. Avant, elle s'ennuyait. Avant, elle divisait ses expériences en deux catégories : les corvées et les menus plaisirs, elle n'imaginait pas d'alternative à cette médiocrité.
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