Augustin Trapenard accueille l'illustratrice britannique
Posy Simmonds pour l'exposition "
Posy Simmonds, dessiner la littérature " à la Bibliothèque publique d'information du Centre Pompidou. On y retrouve des archives de ses oeuvres à l'instar de "True Love". Elle écrit et dessine depuis plus de 50 ans mais le public international et français l'a vraiment découvert au tournant des années 2000 avec le livre "
Gemma Bovery" une variation sur
Gustave Flaubert. L'autrice revisite en effet la littérature du 19e siècle dans ses romans graphiques. Sur le plateau de la Grande librairie,
Posy Simmonds revient sur son parcours, du noir et blanc pour la presse anglaise, notamment le Gardian pour lequel elle a travaillé pendant 30 ans au roman graphique.
Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/
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Sachant cela, je me rappelle avoir éprouvé une étrange jubilation. Ça signifiait que Gemma et lui pourraient se revoir. J'avoue que mon imagination s'est emballée : je les voyais déjà nus, enlacés. Ce qui m'a fait rire tout haut. Quelle absurdité. La vie imitant le chef d'œuvre de Flaubert : Madame Bovary croisait le chemin du châtelain local, Rodolphe, tout comme Gemma venait de croiser celui d'Hervé, quelques instants plus tôt.
Je dis "tout comme" mais ce n'était en rien comparable au roman - la Vie imite rarement l'Art. L'Art a une certaine pertinence, alors que la Vie...
Il y a juste un an, j'ai cédé à l'idéal caucasien : j'ai subi une rhinoplastie, autrement dit, j'ai refait mon nez.
(...)
Je ne dirais pas que je rêve de mon ancien nez, mais je comprends que je lui ai imputé mes échecs sentimentaux (sans ce nez, il m'aimerait). C'est le piège de la chirurgie. Aux laides, elle offre la chance d'un soi plus aimable. Pour les Belles, c'est un signe de détérioration, une tentative maladroite de maintenir la perfection. Un combat perdu. Nous devons apprendre à admirer la Beauté Intérieure, la seule qui compte vraiment. A ce qu'on dit.
Jane Austen est interviewée (il fallait l'oser!).
-Alors Jane...
Bon miss Austen... Alors, vous ne vous êtes jamais mariée, n'est ce pas? On a entendu parler d'une proposition... Mais une femme attirante comme vous a dû en recevoir plusieurs. Combien de partenaires sexuels avez vous eus en fait?
Hum... Jusqu'au diriez vous que votre écriture est un substitut du sexe?
Je ne peux m'empêcher de me sentir abjectement voyeur tandis que, phrase à phrase, je traduis les six pages du journal. Un travail ardu. Je ne m'arrête pas, même quand j'entends ma femme rentrer du magasin - il est normal que je me trouve à mon bureau à cette heure-ci et elle a appris à ne pas me déranger. Et aussi, je suis convaincu que Martine ignore tout de mes relations avec Gemma et de mon récent chagrin. Elle pense que c'est mon côlon irritable qui me tient éveillé la nuit.
Était-ce la désinvolture qu'elle mettait à cette affaire ? Était-ce le chewing-gum ? Était-ce son jogging ? Je veux dire, tout de même ! Pour un rendez-vous d'amour, la femme française se parfume, se fait belle, un peu sexy, non ? Mais Gemma... elle aurait aussi bien pu aller étriller son cheval.
Comme je l'ai dit, c'est le printemps à présent et les pommiers des Bovery sont en fleurs. Il y a un camion de déménagement devant la maison : les nouveaux propriétaires s'installent. Ils sont anglais, eux aussi, comme les Bovery. Un couple. Il est plus âgé qu'elle, me dit Martine. Elle a croisé la femme dans l'allée. Elle s'appelle Jane. Jane Eyre.
Je pris Candice à part et la cuisinai en douceur dur don régime de lecture habituel... comme je l'avais deviné, je découvris qu'il se composait entièrement de cochonneries (mode, cancans people, chick-lit de bas étage)
-Mais est-ce malsain, infirmière?
-pas dans le cadre d'une diète équilibrée... mais vous voyez Candy... ce genre de nourriture est HAUTEMENT TRANSFORMEE , toutes les parties DURES en ont été extraites... c'est de la BOUILLIE! Du hachis de paragraphes à la petite cuillère... ça glisse sans effort... votre système n' absolument plus besoin de travailler... et devient de plus en plus paresseux... voilà pourquoi vous ne pouvez digérer quelque chose d'aussi charnu que Les Misérables.
Je sais que c'est dur. Des fois, le vie c'est une tartine de merde.
A propos de Tamara Drewe
"En tout cas... à porter des trucs aussi serrés par ce temps... elle va se faire une irritation..." (p.28)
Cher Mr Stringer
Il est totalement inutile de continuer à me soumettre vos manuscrits. Ils vont tout droit à la corbeille. Vous n'avez pas le moindre talent. Laissez tomber. Allez vous faire foutre.
Bien à vous
Nicholas Hardiman.