Tout ce qui oublie la mise en scène et la maîtrise de l’illusion pour verser dans la simple hypothèse et maîtrise du réel tombe dans l’obscène. Le mode d’apparition de l’illusion est celui de la scène, le mode d’apparition du réel est celui de l’obscène.
D’une figure à l’autre, de la séduction à l’amour, puis au désir et à la sexualité, enfin au pur et simple porno, plus on avance, plus on va dans le sens d’un moindre secret, d’une moindre énigme, plus on va dans le sens de l’aveu, de l’expression, du dévoilement, du défoulement – de la vérité pour tout dire – qui devient bientôt, dans l’obscénité de notre culture, l’expression forcée de la vérité, l’aveu forcé, le dévoilement forcé… de quoi d’ailleurs ? De rien – il n’y a justement rien à dévoiler.
Là où il n’y a plus de jeu ni de règle, il faut inventer une loi et un affect, un mode d’effusion universel, une forme de salut qui surmonte la division des corps et des âmes, qui mette fin à la haine, à la prédestination, à la discrimination, au destin : tel est notre évangile de la sentimentalité, qui met fin en effet à la séduction comme destin.
Ce qu’une femme ne vous pardonnera jamais, ce n’est pas de l’aimer, c’est de ne pas l’avoir séduite, ou, elle, de ne pas vous avoir séduit. Cela seul est inexpiable, et quelque amour ou tendresse que vous lui portez, elle finira toujours par en tirer une vengeance cruelle. N’ayant pu vous séduire, elle cherchera à vous anéantir.