Toute la ville est là, penchée sur le mur,
A écrire fiévreusement.
A écraser du charbon.
A faire revivre les éléphants et les rois de jadis en habits de lumière.
Toute la ville est là, à pousser dans le même sens,
si bien que le mur finit par s'écrouler.
Le sultan jubile. Encore quelques livres et son règne sera infini. Une seule allumette a suffi à effacer toute l’histoire de notre peuple.
« Je n'ai rien. Ni rêve ni chien. La nuit, je m'endors la tête vide, dans les bras silencieux de maman. Les mots me manquent. Cela fait si longtemps que les livres ont disparu, nous n'avons plus la moindre histoire à partager. Le jour, il nous faut travailler, nous courber, prier et obéir. Puis attendre le jour suivant. Un matin pourtant, tout a changé, quand elle est tombée du ciel. »
Au milieu de la place brûlent pêle-mêle : les grands rois de jadis, les éléphants, les épices, les étoiles lointaines et les secrets des vers à soie.