Ces «
Mémoires effondrées », ce sont celles d'Antoine Donelli (1980 – 2044), le père du narrateur. Celui-ci, au travers des matériaux qu'il a pu glaner, correspondances et extraits de journaux intimes, dresse le portrait kaléidoscopique d'un homme qui, après avoir mis un terme à ses études de psychologie, fut acteur puis réalisateur et toujours profondément soucieux du monde qui l'entourait …
Les quelques planches illustrant ce billet sont celles disponibles sur le site de l'éditeur et elles m'ont tellement séduite que j'avais coché l'ouvrage dans le cadre d'une opération Masse Critique de Babelio. Leur originalité et leur qualité reflètent celles de l'album tout entier, trésor d'inventivité dans ses créations et sa mise en page, s'éloignant délibérément et pour notre plus grand bonheur des sentiers classiques de la bande dessinée.
Le contenu, en revanche, m'a moins convaincue. Je me suis dit que c'était peut-être parce que les BD-tranches de vie ne sont pas ce que je préfère dans le genre, mais ce serait négliger le fait que j'ai adoré « le combat ordinaire » de
Manu Larcenet et «
Les grands espaces » de
Catherine Meurisse.
« Vas-y, ouvre la malle … et prends un carnet au hasard ! », se dit le narrateur au début du livre. Dès lors, celui-ci, dans sa construction volontairement non linéaire d'un point de vue chronologique (les dates sont indiquées mais ne se suivent pas), reflète ses recherches et tâtonnements pour essayer d'obtenir de son père une image vouée à demeurer fragmentée et partielle, comme celle qu'on peut avoir de tout être humain lorsqu'on essaie d'appréhender les contours de son existence.
Correspondances à des proches et journaux intimes font état des choses vues et commentées par Antoine Donelli sur tous les sujets qui l'interpellent voire l'inquiètent, évoquent des souvenirs d'enfance et d'études (sur le comportement humain en particulier), des anecdotes et des doutes, pêle-mêle de ce qui tisse une vie, au sein du « petit Théâtre effrayant de notre Planète » dont le devenir ne cesse de le préoccuper.
Si le traitement graphique, exceptionnel, m'a emballée, je suis restée à distance du propos, alors qu'une bonne partie des thèmes évoqués ont un écho en moi, touchée seulement à la toute fin : une question de sensibilité personnelle quant à la manière de les présenter, sans doute, chaque lecteur réagit à sa façon, on le sait bien.
«
Mémoires effondrées » est une oeuvre atypique, ancrée dans les questions de son temps, dont le graphisme hors du commun est une totale réussite.
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