Tous les châteaux de la Loire font encore partie de la tradition des grands constructeurs corporatifs purement nationaux, tandis qu'à partir du XVIIe siècle apparaissent les architectes d'académie. C'est alors l'avènement des édifices à armature et à chaînage comme le Louvre. Que nous voilà loin de la savante combinaison des coupes de pierre au moyen âge! Qu'est devenu, de nos jours, la pratique éminente de la stéréotomie à laquelle nous devons tant d'incomparables arcs, voûtes et voussures, tant d'extraordinaires assemblages et appareils, grâce auxquels le maître d'oeuvre d'autrefois émerveillait à la fois d'art et de science ?
Le meuble, d'autre part, facilement remplaçable (en principe, car le mobilier ancestral, de par son poids s'avérait plutôt réfractaire au dérangement), ne devait guère nous parvenir que par sélection de qualité artistique et matérielle. Les modèles précieux étant davantage sauvegardés, — contre le volet les guerres religieuses,— et soignés, la valeur de leur sculpture, de leur bois et de leur construction, les attribuant au château ou à la cathédrale, antichambre du musée, tandis que le bourgeois et le paysan ne se partageaient qu'un mobilier courant, ou commun dont nous ne trouvons plus guère de traces.
La maison, en revanche, sans cesse entretenue, restaurée, cumulant la brique, la pierre et autres revêtements calcaires, avec une charpente apparente et des boiseries (ces derniers matériaux protégés par divers enduits et peintures), doit aussi à son immobilité d'être préservée à travers les âges. Mais encore il y eut des maisons entièrement en bois (comme d'autres strictement en pierre), dont plusieurs demeurées aujourd'hui valides, et cela nous offre une occasion de présumer l'action protectrice de l'air, conjointement aux précédents moyens de garantie.
Le mobilier étant solidaire de l'architecture, — son expression réduite, — nous conseillerons au lecteur d'envisager parallèlement l'étude du meuble
et de l'architecture.
Si le mobilier a presque disparu à travers les avatars des temps très éloignés, les monuments du passé le plus lointain, grâce à leur matière davantage robuste, nous ont laissé souvent un témoignage tangible qui nous permet de rêver, au moins décorativement, sur un mobilier primitif disparu.