La ballade de l'enfant gris

Rire tout le temps, même en cas de tempête d'ailleurs. Le rire, c'est la forme la plus noble du courage

Quand je repris mes esprits, j'étais étendu sur le canapé du hall de la pension. Je levai un bras mou et demandai un verre d'eau pour adoucir ma bouche sèche et pâteuse.
"Autre chose ?" fit Pozzinina en me posant un linge humide sur le front.
_ Je voudrais qu'on prenne ma tête, qu'on l'emporte dans un panier et qu'on la jette dans une rivière...
Pozzinina refusa poliment tandis que, à demi-mot, Lucinda laissait entendre que cela pouvait s'arranger.

J'ai englouti deux tomates, un salami, une tablette de chocolat, du parmesan (délicieux, mais trop salé, ça vous flanque une soif inextinguible), dévorant avec l'allégresse de celui qui sait que la vie est trop courte pour enlever la peau du saucisson !

N'en veux pas à la pluie, la pluie fait son métier.

Elle riait très fort à ses blagues et, quand elle le regardait, ses yeux avaient des allures de lentilles pour microscope.

Je la visualisais, jeune maman, niant regretter avoir enfanté Noah, car avouer cela, c'était transgresser une norme sociale bien établie, celle qui veut que les mères ne regrettent pas, ne regrettent jamais, et préfèreront prononcer des phrases telles que "Jamais je n'aurais pensé que c'était si dur...", ou "ça change la vie..."

La vérité, on a toujours le temps de la dire. Elle ne presse jamais. Le mensonge, lui, il est impératif, il bouscule. Il est urgent.

Y'a des êtres, ils sont miraculeux. Une caresse. Un mot. Un sourire. Et c'est tout votre existence qui devient meilleure.

Rien n'est terrible dans une vie, sauf çà : quand ce qui a été fait ne peut être défait. L'enfer est quelque chose de douloureux et d'irréversible.

Les grandes amitiés, comme les drames immenses, ont souvent de petits commencements.