Avec le 2ème roman de
Baptiste Beaulieu, "
Alors, vous ne serez plus jamais triste", j'avais découvert une plume d'une sensibilité rare. Avec ce nouveau roman, je me réjouissais de me replonger dans l'univers de l'auteur que j'affectionne particulièrement.
C'est avec une certaine impatience que j'ai entamé ce roman et, dès le départ, retrouvant avec joie l'écriture de
Baptiste Beaulieu, j'ai senti qu'il fallait me freiner pour ne pas le lire trop vite. Car l'histoire est prenante et ce dès les premières pages. «La déchirure» est annoncée dans le 1er chapitre même si le lecteur ne sait pas encore en quoi elle consiste (et tout le long du livre vous vous poserez la question). Certes, le terme est significatif mais tout de même, il est impossible de savoir précisément ce à quoi cela correspond.
En dédicace, l'auteur m'indiquait «vous n'en devinerez jamais la fin» et c'est vrai. A la lecture des premières pages, je ne pouvais imaginer histoire plus complexe (mais la vie est si complexe !).
No' est un enfant de sept ans qui est condamné par une maladie du sang qui le rend littéralement gris. Il n'est pas l'un des patients de Jo' mais Jo' s'y attache car No' a une particularité : sa mère, Maria, est peu présente à ses côtés. Elle n'est pas souvent là, et même lorsqu'elle est là, elle repart assez vite. Elle aime son fils, à sa façon. Même si elle sent bien les regards accusateurs des soignants qui aimeraient lui faire comprendre combien sa présence peut influer sur l'état de son fils. Malheureusement, on ne fait pas toujours ce qu'on veut, mais ce qu'on peut.
Alors, pour compenser l'absence de Maria, Jo' prend No' sous son aile. Il est rieur, ça tombe bien l'enfant aussi, à deux ils font des blagues aux autres. Mais, à force de rire de tout, rien n'est plus sérieux et, pour ne pas faire peur à No', Jo' en vient à mentir au sujet des analyses et de ce qui l'attend irrémédiablement : l'entrée dans la chambre 33, celle de laquelle aucun enfant ne ressort jamais. Un mensonge en entrainant un autre, il devient difficile de dissocier le rêve de la réalité et c'est une histoire poétique qui nous est contée.
Lorsque Jo' part à la recherche de Maria, No' sur ses talons, il nous entraine dans son sillage et, de fil en aiguille, nous nous prenons à chercher des indices pour retrouver Maria, comprendre qui elle est, pourquoi elle s'est conduite ainsi avec son propre fils. La vie n'est pas un long fleuve tranquille et, pour preuve, la vie de Maria est une succession d'événements qui l'ont conduite dans cette chambre d'hôpital où «la déchirure» a eu lieu.
En quatrième de couverture, il est indiqué que c'est le choc de la disparition de l'un de ses jeunes patients qui a inspiré l'écriture de
la Ballade de l'enfant gris à
Baptiste Beaulieu. En effet, on sent qu'il y a du vécu. Impossible de savoir à quel point, mais peu importe, l'homme (derrière le médecin) a souffert et la perte de cet enfant l'a marqué à vie.
Le sujet est terriblement difficile. J'ai été très perturbée par les scènes à l'hôpital lorsque l'enfant questionne son ami médecin pour savoir ce qui l'attend. Et les réponses de Jo' m'ont à la fois rassurée et mise mal à l'aise. Ensuite, cette image du fantôme de No' qui accompagne Jo' dans sa quête pour retrouver Maria m'a légèrement déstabilisée. le fantôme et l'interne forment un duo improbable et pourtant complice. L'homme part à la recherche de la mère et cette fois, c'est l'enfant qui le rassure, lui donne confiance en lui.
Il faut accepter une part de rêverie pour entrer dans l'histoire. L'imaginaire prend parfois le dessus sur le réel. Pour tout autre auteur je ne sais pas si j'aurais apprécié mais
Baptiste Beaulieu a le don de nous entrainer dans des histoires extraordinaires avec douceur et finesse, alors je l'ai suivi volontiers. La fin est sujette à interprétation mais j'ai l'impression que c'est pour que chaque lecteur se l'approprie. Et pourquoi pas ?
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