Les trônes ont ceci de commun avec les baquets d'aisance que leurs usagers les souillent dès qu'ils s'y posent.
Hélas, cette affirmation n’avait qu’attiser ma défiance, de la conviction à l’acharnement, il n’y avait qu’un pas, infime, qui jetait depuis toujours les hommes dans la tourmente dès qu’il était franchi.
De la conviction à l'acharnement, il n'y avait qu'un pas, infime, qui jetait depuis toujours les hommes dans la tourmente dès qu'il était franchi.
Ces enfants qui vivaient à mon bord était trop sérieux et appliqués pour rire ou seulement sourire. Ils étaient des soldats impatients doublés d'implacables prosélytes. Du haut de mon passé de partisan, je n'y voyais que les signes annonciateurs de grands malheurs.
J'étais noir de chagrin et d'alcool, mais je savais au moins une chose : au bal du diable, mieux valait être cornu.
Je crois que le plus étonnant trait relatif à l’animal humain – du moins, celui qui n’a jamais cessé de m’étonner –, c’est son incoercible capacité à se satisfaire de son malheur. Je ne suis même pas sûr, en vérité, que ce soit l’espoir d’une possible amélioration qui lui permette d’endurer et de supporter les pires conditions. Non, je crois que c’est plutôt quelque chose comme une sage ou salvatrice inclination à réduire son horizon à ce qu’il peut instantanément appréhender ; à élaguer du champ de ses pensées tout ce qui n’est pas instantanément indispensable à sa survie. Oui, c’est bien en se rapetissant à la stricte expression de ses nécessités immédiates, et non pas en se grandissant dans une posture d’abnégation consciente et supérieure, que chacun peut endurer les pires formes d’existence. Survivre, c’est ne faire aucun cas d’aucun reste.
Il y a, je crois, tapie au cœur de chaque homme, une connaissance innée des écueils qui le menacent, comme une prémonition qui susurre à chacun la débâcle qui l'attend s'il devait s'entêter.
L'âme humaine est ainsi faite que nous préférons nous rappeler des victoires les plus audacieuses aux dépens d'autres moins épiques... Depuis David, notre espèce aspire à lui ressembler, mais c'est pourtant à l'ombre des Goliath qu'elle aime à se rêver héroïque.
Le progrès devenait vite une source d'inquiétude, quand il était partagé par tous en temps de guerre.
Adieu, mon aimée, adieu ma vie, adieu, puisque nous n'étions que des ombres glissant sur l'écume du temps.
Je suis creuse dans le noir
que ma peau contre moi
pas de bras en détours
pas de jambes emmêlées
que mes doigts en histoire
à mon corps qui va
que mon souffle à ma voix
les murmures en mémoire
que c’est âpre tout ce soir
l’ironie fatiguée
à mes nœuds animés
même la hâte de demain
se ruine sans ce fard
pas de fuites échangées
pas de pauses en regard
je crève le jour tombé
Les mots étaient serrés, les phrases sèches et sans douceur. Il y avait tant de solitude et d’abandon dans ces quelques lignes d’encre jetées sur la page. J’en ramassai une autre pour mieux chasser le désagréable frisson né de ma lecture. Celui-ci était plus court et plus poignant encore.
J’ai ravi ma vue
à souhaiter vos pas
à goûter ta boue
j’ai vacillé droit