p.25.
Et mes bons capitaines n’échappaient pas à cette règle éternelle, qui veut que l’on se déchire pour rien quand on ne possède rien.
Nul ne peut plier le temps à sa volonté.
Malgré mon épuisement, je ne pus m'empêcher de sourire aux derniers mots d'Arcadio. Toujours debout, en effet. Même à bout de forces, perdu dans cette forêt inamicale à traquer mes chimères, ou à bord de ma frégate faisant voile vers une autre cité à saccager. Toujours debout. Vivant ou mort, mais debout ! Je poussais un cri sauvage qui fit s'envoler une vaste compagnie d'oiseaux au-dessus de nos têtes.
De la conviction à l'acharnement il n'y avait qu'un pas infime, qui jetait depuis toujours les hommes dans la tourmente dès qu'il était franchi (pg 376 Ed folio SF)
À chaque pas, l’odeur d’humus gras se mélangeait à celle, écoeurante, d’une pourriture végétale si gorgée de vie qu’on aurait pu croire qu’un charnier avait été enfoui sous les racines et les souches au seul profit des plantes.
Capitaine Brieuc, à l'exception, peut-être, du malheureux qui a faim et de la bête qui a peur, aucune action d'aucun être en ce monde ne naît jamais d'une seule et unique cause, bien fondée ou non.
Au cours de mes longues années de marine, j'avais entendu maintes légendes à propos de phénomènes similaires. En de rares occasions, j'avais moi-même tutoyé l'indicible. Mais si désormais l'univers semblait ne plus savoir qui il était ou ce qu'il faisait, rien de bon ne pouvait survenir. Et si les étoiles elles-mêmes s'abandonnaient à la danse de Saint-Guy, il ne restait plus aux hommes qu'à frissonner en cadence.
"Fugit irreparabile tempus", écrivit le poète Virgile... Comme il avait tort ! Je sais, moi, que les voiles du temps se sont déchirées, pour porter jusqu'à mon siècle des choses qui n'auraient pas dû s'y échouer.
p.18
Ah ! Le capitaine Villon !
Qu'il a été dur de quitter sa compagnie à la fin de ce livre que j'ai adoré.
Ce livre m'a valu des fous épiques :)
- La malchance n'est qu'un autre nom pour l'inaptitude, objecta Pakal, l'homme véritablement libre apprend à plier le destin à sa volonté.
Puis il ajouta en voyant nos mines perplexes :
- Cependant, avec vos leçons et vos récits, je dois bien admettre que la fatalité demeure plus concrète en mer qu'ailleurs.