Voilà un objet bien curieux que
le Déchronologue. Mr
Beauverger nous embarque sur les mers Caraïbes en plein milieu du XVIIe siècle, en compagnie du capitaine pirate, Henri Villon.
La première chose que l'on remarque, c'est le découpage du livre. Suffit de jeter un coup d'oeil à la table des matières pour se rendre compte que quelque chose cloche : les chapitres sont datés et n'apparaissent pas dans le bon ordre. A chaque chapitre nous ne cesseront donc de faire des sauts dans le temps tantôt vers le futur tantôt vers le passé : ce qui peut paraître déroutant dit comme ça, je l'avoue, mais qui au final m'a permit d'être sans doute plus attentive à la datation. Mais il est vrai que remettre les événements dans un ordre chronologique comme on est habituellement tenté de faire est dans ce cas quasi impossible (à moins bien sur de lire le livre non pas en fonction de la pagination mais dans l'ordre chronologique des chapitres).
Et voilà le point clef du bouquin : le temps. Alors oui, avec un titre pareil on aurait pu s'en douter, mais le traitement du sujet est tel, que je n'aurai pas pu me l'imaginer avant de commencer cette lecture. Prenez donc un pirate en plein XVIIe siècle, ajoutez y des rencontres avec des espagnols, des amérindiens, jusque là tout va bien ... Mettez en fond sonore du
Bob Dylan (là ça se corse), qui bien entendu sort des enceintes du dernier lecteur de musique repêché. Voilà donc ce qu'est
le Déchronologue, un Caraïbes historique avec des éléments du futur qui surgissent ça et là.
Dans un premier temps je me suis dis que ça donnerait lieu à une certaine réflexion sur l'usage qu'allait en être fait de tous ces anachronismes, sur les perspectives que cela allait permettre aux gens de l'époque ... Mais pas du tout, les hommes arrivent à trouver l'usage des objets futuristes (de la musique à la lampe torche), et ne cessent finalement de se battre pour récolter le maximum de ses maravilla (merveille en espagnol). Un peu de découragement vis-à-vis de l'humanité ?? Allons bon !
J'ai apprécié qu'on reste au même niveau de connaissance que celui du personnage principal : à savoir, ne pas connaître grand chose de cet ennemi surgit du futur, surnommé une ou deux fois "Le Hollandais Volant". On dérive nébuleusement sur les eaux, à bord du Chronos, puis du Toujours Debout et enfin sur le pont du Déchronologue, dans un désordre mesuré. Car oui, bien entendu, l'auteur choisit ses coupes de chapitrages pour faire languir son lecteur d'une façon toute perverse.
Mais étonnement c'est aussi cela qui m'a fait apprécier l'entièreté de l'intrigue. Attendre le fin mot de l'histoire, essayer d'entrapercevoir un début d'explication qui me permettrait de démêler la toile du temps qui s'est tissé dès la première ligne. de quoi donné le tournis aussi par moment ...
Un autre point clef à mettre en avant est l'écriture de
Stéphane Beauverger, on sent l'amoureux des beaux mots, mais également l'écrivain qui n'a pas froid pour se mouiller dans un langage aussi fleurit que celui des pirates ou d'un simple capitaine de navire, c'est cru mais franchement indispensable, n'est-ce pas mes gorets !?
Bref j'espère que vous l'aurez compris, une excellente lecture que je vous enjoins vraiment à découvrir !
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