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3,9

sur 808 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le déchronologue est un roman sur la piraterie au XVIIème siècle. Mais pas seulement parce que le capitaine Français Henri Villon part en quête de la source de nombreux objets étranges qu'il découvre sur les océans. Ces objets viennent du futur et ont vocation à soigner, divertir ou encore tuer. d'ailleurs les canons du chronos tirent du temps grâce au déchronologue. Et tout cela va créer des dérèglements temporels mettant en péril l'équilibre de l'époque.

Stéphane Beauverger , nous révèle au travers de son histoire de flibustiers une uchronie qui nous glace le sang.
Le capitaine Villon à travers son carnet de bord nous narre une critique de la société, de l'homme, de ses souhaits et de ses espoirs.

L'auteur a volontairement décousu son histoire , et cela apporte un grand plus à la narration (une fois que l'on s'est bien mis en tête les époques et les lieux représentés en début de chapitre).

Ce Roman est une belle découverte. Un grand merci à Fnitter, sans sa critique je serais certainement passée à côté.
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Une personne qui m'est chère, inconditionnelle de la fantasy s'il en est, me conseillait depuis longtemps ce roman hors pair. le lire ne m'a pas déçu une seule seconde !


Le XVIIe siècle, les Caraïbes, un équipage de pirates mené par un capitaine empli de contradictions et de douloureux souvenirs. Rien de bien neuf sous le soleil me direz-vous, mais il suffit de fouiller un peu pour se rendre compte que le Déchronologue a peu de choses en commun avec un quelconque autre livre que ce soit. Car le Déchronologue, c'est d'abord un navire magnifique qui est censé tirer non pas des boulets de canon comme les autres, mais bien du temps : des secondes, des minutes, des heures sont tirées depuis cette frégate qui donne son nom au livre sans pour autant représenter la majeure partie de l'histoire. Dans un univers maritime moderne où les Espagnols dominent le Nouveau Monde et où quelques événements en Europe coupent les voies maritimes traditionnelles, d'étranges « merveilles » et personnages venus de nulle part ou presque viennent chambouler tous les acquis. C'est ainsi que le capitaine Henri Villon se présente à nous dans un monologue prenant et particulier. Ce capitaine bourru, haut en couleurs et trop gros adepte du tafia connaît ou a connu (suivant où on prend l'histoire) les pires dangers et tente vaillamment de nous les transcrire dans son journal.

Le Déchronologue, c'est tout d'abord une atmosphère. Une atmosphère incroyable règne, en effet, au sein des pages de Stéphane Beauverger. Des personnages parfaitement caractérisés s'insèrent adroitement dans ce monde oscillant entre piraterie, traîtrise, cachotteries, chamanisme et éléments de pure science-fiction. le tout rend alors compte d'un univers vraiment dantesque à souhait, où il n'y a pas que les éléments qui se déchaînent contre notre attachant héros. Des geôles de Carthagène aux grandes marées de la mer des Caraïbes, en passant par les sombres couloirs de Noj Peten et les décombres de Santa Marta (rien que les noms, ça pète, hein ?), Stéphane Beauverger nous fait voyager à peu de frais, c'est peu de le dire !
Du côté des personnages maintenant : aux côtés de ce capitaine sans égal au point de vue alcool et stratégie maritime, nous trouvons des personnages secondaires aux personnalités qui ne le sont pas. Ils sont en masse, ce qui est très agréable. Tout en étant tout de même franchement nébuleux parfois, chacun de ces personnages de second ordre, mais pas de seconde zone, se caractérise surtout par son rapport avec le capitaine Henri Villon. Conseillers, fidèles, traîtres, ennemis, amis, tous autant qu'ils sont ne sont pas là pour faire de la figuration !

Abordons maintenant un procédé très important du processus créatif de Stéphane Beauverger sur le Déchronologue : le fait de mélanger l'ordre des chapitres. Ce problème est apparemment voulu par l'auteur pour faire comme si on retrouvait le journal du capitaine Henri Villon de la même manière que celui-ci accueille les hordes guerrières hors du temps, c'est-à-dire dans le désordre complet. Il y a de quoi être perdu donc ; malgré cela, il faut reconnaître que Stéphane Beauverger ne nous perd en rien dans ces couloirs du temps, dans ce dédale de péripéties : il distille les découvertes et les descriptions de personnages exactement comme il faut, avec un timing très étudié, de sorte de n'être jamais obligé de faire machine arrière : par exemple, je n'ai jamais eu besoin de relire un seul paragraphe pour comprendre quoi que ce soit, l'ensemble se lit donc assez facilement quand même.
Pour chercher un vrai bémol dans cet amas de bonnes idées, je me demande surtout quel est l'intérêt d'utiliser des mots en espagnol pour des mots aussi importants que les « maravillas », et dont certaines sont même difficiles à comprendre et à cerner puisqu'aucune traduction n'est disponible et que les mots choisis ne sont pas toujours transparents. Un glossaire aurait été très apprécié, mais j'imagine que là encore le but est de perdre un peu le lecteur dans cette jungle intemporelle où se mélangent les langues, les époques et les objets. Cette idée des « maravillas » apparaît, en effet, comme très novatrice et surtout comme un fil très important, très utile, pour conduire le récit.


Bref (pour enfin conclure, car j'ai l'impression de faire comme Stéphane Beauverger en émettant des avis dans le désordre) (et d'ailleurs si vous voulez continuer à re-découvrir ce livre, n'hésitez pas à faire le quiz suivant : http://www.babelio.com/quiz/2250/Le-Dechronologue), le Déchronologue est un roman très agréable à lire, avec à la fois du suspense, de l'action, de très bonnes idées et surtout une ambiance ma-gni-fi-que !!! de la fantasy-science-fiction à la française très appréciable et appréciée !
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S'embarquer dans le Déchronologue, c'est comme dans la flibuste, pas pour les pieds tendres, les terreux...Pas pour ceux qui regardent leurs montre et autre calendrier...Pas pour ceux qui aiment savoir où ils sont, où ils vont...
Tout comme Dyonisos, c'est une personne qui m'est chère et fan de SF qui me l'a donné à lire en me disant qu'il était un de ses livres préférés. Alors je me suis accrochée.
Habituée aux allers et retours temporels, dans les livres hélas seulement, j'ai eu un peu de mal au début, je l'avoue. Un peu de mal aussi avec le style ampoulé du 17eme, avec le coté chevaleresque des flibustiers, le style cape et d'épée à la "Michel Leroyer", c'était "épatant" dans les années 70.

Voilà ou j'en étais, et puis les faits historiques, géographiques, n'ont titiller les yeux et les neurones. Et puis diantre si cette personne qui m'est chère voulait l'embarquer sur son bateau le jour ou il romprait les amarres pour le grand large et la liberté...Cela méritait bien un effort de ma part.
Je n'ai jamais autant recherché sur le net tous les noms de lieu, de personnes rencontrés au détour d'un livre, et puis le phrasé à un peu évolué, plus actuel ou alors je m'y suis habituée. J'avais ma petite idée sur l'origine et le mot de la fin, alors je voulais voir si j'allais être surprise ou confirmée dans mon "intuition".
J'ai pensé aussi comme Gruz, que le lire en temps réel serait tout compte fait plus "embarquant", même si cela était dans le but de nous rendre plus proche de la perdition en temps troubles ou flottait le capitaine Villon.
Je crois que ce qui m'a évité cet écueil c'est de vouloir éviter de sombrer dans sa mélancolie, et ainsi alterner, les moments "intrépides" .

A ne pas douter, comme le dit Renaud, c'est la mer qui prend l'homme...et je suis une femme..qui préfère la montagne...

Stéphane Beauverger, reste flou, quand à l'origine et les motivations des Targi et de Ceux qui sont nés du feu, peut être l'envie pour lui de nous les faire retrouver dans un autre roman? ( son premier essai étant une trilogie) Alors je reste un peu sur ma faim. Mais son imagination sur ce qui reste un des plus grand mystère du Xeme siècle est bien convaincante, et m'a convaincu .
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Attiré depuis pas mal de temps par ce Déchronologue et ses séduisantes critiques, je découvre également avec ce livre Beauverger, son auteur. de la science-fiction et de la piraterie dans un même ouvrage? Il est étonnant que je ne m'y sois pas plongé plus tôt.

Nous rencontrons donc Henri Villon, un flibustier un peu particulier, naviguant dans les mers des Caraïbes du XVIIe siècle. le butin prisé? Des maravillas d'un autre temps, merveilles du futur que des failles temporelles ont déposées ici, parfois accompagnées de quelques bâtiments de guerre. Principalement un récit d'aventure, le Déchronologue relègue bien souvent ce côté SF aux seconds plans, même s'il est prépondérant dans l'intrigue.

L'auteur nous plonge dans l'atmosphère caractéristique des romans de pirates, suintant la sueur et le mauvais alcool, naviguant de ports en ports dans l'espoir d'une belle prise.
D'une plume agréable et inspirée, rendant hommage aux rudes verbiages de nos marins souvent avinés, Beauverger nous emmène dans cet entrelac de batailles et d'alliances, de cachots et de tavernes, de jungles et de criques.
On sera également impressionné par les différents personnages peuplant cette uchronie. Des principaux aux secondaires, l'auteur nous gratifie de nombreuses personnalités hors du commun, épiçant un roman déjà bien relevé.

Mais pourquoi, POURQUOI mélanger les chapitres? Pourquoi ne pas suivre la chronologie des événements? Visiblement apprécié par la majorité des autres lecteurs, je ne parviens toujours pas à comprendre ce que cherchais l'auteur, ni quelle plus-value cela peut apporter au récit.
Ajoutez-y le côté frustrant de l'intrigue, qui laisse un goût d'inachevé à la fermeture du bouquin, et de nombreuses questions sans réponses, on passe d'un potentiel chef d'oeuvre à un simple bon roman.
Tout n'est pas à jeter pour autant, mais quel gâchis à mes yeux....
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Le capitaine Henri Villon bourlingue depuis longtemps déjà sur les mers des Caraïbes lorsqu'il se voit confier la délicate mission de percer à jour le mystère des perturbations temporelles qui menacent dangereusement l'équilibre de la région. L'auteur nous plonge dès les premières pages dans l'ambiance de ce XVIIe siècle et nous fait voyager au fil du roman de l'île de la Tortue dont tous se disputent la suprématie à l'horreur des geôles espagnoles en passant par les territoires sauvages et inexplorés des indiens Itza. « Le Déchronologue » foisonne d'idées extrêmement originales comme la présence des « maravillas » (objets merveilleux issus de notre époque échoués dans celle du récit) ou encore la volonté de l'auteur de faire véritablement prendre conscience aux lecteurs des désordres temporels qui menacent en bouleversant l'ordre des chapitres qui ne suivent pas la chronologie des événements.

Si cette initiative entraine parfois quelques confusions, on ne se laisse pas moins embarquer dans l'intrigue et ce malgré sa complexité tant certaines scènes sont prenantes (difficile par exemple de rester indifférent face la rencontre des trirèmes d'Alexandre le Grand avec une frégate...). Nul difficulté non plus pour s'identifier au protagoniste, marin bourru et solitaire mais qui nous est immédiatement sympathique, dont on suit avec plaisir les aventures et dont on partage les doutes et les épreuves (les passages consacrés à son séjour aux mains des Espagnols sont particulièrement saisissants). Les personnages secondaires ne sont pas en reste qu'il s'agisse de la mystérieuse Sévère, du canonnier le Baptiste ou encore de l'indien Itza Arcadio, tous très difficiles à saisir mais au final attachants. Un roman très original, récompensé en 2010 par le Grand prix de l'imaginaire.
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Une lecture que j'ai apprécié, mais sans doute moins que d'autres ici. J'ai fait une pause forcée de quelques jours dans ma lecture et quand j'ai repris le livre, j'ai eu beaucoup de mal à me remettre dedans. Pour être honnête, je n'ai jamais réussi à complètement adhérer à l'histoire après ma coupure, au point de me forcer à le finir. Pourtant difficile de nier les qualités du roman, la fluidité de l'écriture, l'originalité de l'histoire, la fin originale. Bref, un rendez-vous manqué...
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J'ai adoré ce livre. J'ai trouvé l'histoire originale, racontée de manière générale. En effet, les chapitres sont numérotés dans l'ordre chronologique, mais sont placés dans un autre ordre. Ca fait planer un mystère tout le long du récit, sur l'histoire du capitaine Villon. J'ai parfois eu quelques difficultés avec les personnages secondaires, pour savoir à quel moment de sa vie le capitaine les rencontrait, mais on replace assez facilement les différents évènements.
Certains passages sont assez difficiles et très... beurk ! Mais tout ça est bien écrit.
Ce n'est pas un coup de coeur, car il y a quelques longueurs, et qu'il faut se re-situer dans la chronologie à chaque chapitre. Peut-être que je le relirai un jour en prenant les chapitres dans l'ordre, juste pour voir.
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En pleine époque de piraterie dans les eaux des Caraïbes, le capitaine Henri Villon commande le Déchronologue, un navire armé de merveilles venues du futur. Il a pour mission d'arrêter l'invasion d'un ennemi directement venu de l'avenir. le temps se joue de Villon, de tout le monde ; le récit du capitaine le prouve...

Cela commence souvent comme ça : on dit qu'on est sans voix, qu'on ne sait pas quoi dire, quoi penser. Et puis viennent cinq paragraphes expliquant le pourquoi du comment on a aimé ou pas, les mots déferlant sur le clavier bien plus facilement qu'escompté. C'est exactement ce que je vais faire.

Je ne sais pas quoi dire. Ai-je aimé ? Sans doute, mais c'était bien long. L'auteur nous embarque dans une intrigue insolite et une lecture atypique, toutes deux gorgées de mystères et défis, à la fois littéraire, de compréhension et d'appréhension. Il dévoile un réel talent d'écriture, nourri de recherches poussées et, on le sent, passionnées. C'est un récit plein d'ambition, hautement mené, pas forcément accessible à tous. La fin se mérite, quoi que même si certaines longueurs se font sentir, les pages se tournent aisément, grâce à un style très esthétiquement fluide.
Le mélange des genres s'avère ambitieux mais payant. L'intégration légère et toujours floue des Targuis, population venue d'un lointain futur, voire, on ne le sait vraiment, d'une autre planète, est énigmatique et parfois frustrante. Mais la distillation d'indices en fin d'ouvrage donne un goût subtil à l'histoire générale loin d'être désagréable. La brume qui entoure les personnages, leur provenance et leur devenir fait tout le charme du livre.
L'on ne peut toutefois s'empêcher de se dire qu'on aurait voulu en savoir plus. Pourquoi ? Comment ? Qui ?
Ma critique va également rester quelque peu énigmatique, pour ne pas trop gâcher la découverte de ce roman un brin particulier, et surtout une fin céleste et puissante.
Au final, est-ce que j'ai aimé ? Oui. C'est une expérience, il faut la vivre, même si elle laisse un peu pantois.
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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Sans avoir jamais lu, je crois, d'uchronie, mon intuition me fait dire que ce Déchronologue n'en est pas le moindre des représentants. Et sûrement pas le moins original non plus, par bien des aspects.

Stéphane Beauverger nous livre une fresque flamboyante de la flibuste caraïbe du XIIe siècle, à travers les notes (le carnet de bord) du capitaine Henri Villon. Parlons-en tout d'abord, de ce bon capitaine : avec son background fouillé, son esprit et son éloquence, ce narrateur de haut vol porte le récit avec maestria et pour notre plus grand plaisir de lecture. Bien sûr, le talent de l'auteur n'y est pas étranger, et on sent l'immense travail d'écriture derrière. L'érudition transpire de chaque page, avec bien sûr une recherche historique (des références aux ouvrages consultés combleront les plus curieux), mais aussi une recherche linguistique que je n'ose même pas imaginer, tant la prose concoctée par l'auteur est riche, colorée, imaginative, parfois hilarante, et surtout à propos.

Le Déchronologue est un roman dense, très dense. Nous sommes plongés dans le quotidien d'un équipage de pirates sous le commandement de Villon. Sorties et chasses en mer, mouillage au port et débauche dans les bouges, interactions diverses – souvent conflictuelles – avec divers personnages de tous bords. En cohérence avec la technique narrative du journal de bord, l'auteur privilégie l'action et les évènements, délaissant les longues descriptions. Pour autant, il parvient je ne sais comment (cela aussi, c'est de la technique d'écriture) à faire émerger des images très concrètes de cet univers si lointain, c'est pourquoi j'ai parlé de fresque en premier.

Roman d'aventures ? Assurément. Mais quelle tonalité ? le ton est donné par le personnage d'Henri Villon ainsi que par la ligne dramatique. Dans les deux cas, j'ai été (très agréablement) surpris par l'habileté de l'auteur à proposer un contenu riche tout en cultivant la nuance. Ainsi, Villon n'est ni un héros ni un anti-héros. Courageux, idéaliste et charismatique, il est également alcoolique, dépressif et capable de tuer par colère. Villon est bon escrimeur, mais sans plus. Son sentiment sur les maravillas évolue. Ses péripéties sont parfois plaisantes, et parfois glaçantes.

Et l'uchronie dans tout ça ? Plusieurs thèmes classiques de la SF liés au temps sont exploités dans ce roman. Ainsi, tout au long de l'histoire, de mystérieux artefacts appelés maravillas issus d'époques étrangères se retrouvent catapultés dans l'univers de nos flibustiers, suscitant bien vite convoitise et commerce. Ce thème est omniprésent dans le livre, et très richement travaillé par l'auteur. Un autre thème temporel tout aussi classique de la SF sert l'intrigue principale, mais je n'en dirai pas plus car il s'installe lentement, par petites touches savamment orchestrées, tout au long de l'histoire. Finalement, le Déchronologue lui-même (la frégate du Capitaine) offre son lot de mystères avec un mystérieux pouvoir au fond de ses cales.

Finalement, je n'aurais rien à redire sur ce roman si ce n'est… comment dire… Christ mort ! Mais qu'a donc voulu obtenir l'auteur en mélangeant ses chapitres au mixer ? Mort de moi ! Quelle peine j'ai eue à retrouver mes marques au cours de cette longue et dense lecture ! 25 chapitres déchronologisés, c'est aussi ça, le Déchronologue… Pour ma part, j'ai pu avaler les 100 premières pages assez facilement avant d'avoir trop de trames à retenir. Les 100 dernières aussi, boosté par l'envie de connaître le dénouement. Pour le reste (quand même 350 pages), ce fut une longue traversée du désert. Avant d'entamer chaque nouveau chapitre, je devais relire systématiquement les dernières pages du chapitre précédent, ou du moins du dernier chapitre situé avant chronologiquement parlant. Je me suis même demandé une fois si je n'allais tricher et aller piocher les chapitres un à un pour les lire dans l'ordre chronologique de l'histoire, mais j'ai estimé que ce serait une mauvaise idée…
Pour me faire l'avocat du diable, je dirais que l'auteur a peut-être voulu jouer et faire écho avec son univers en mélangeant ainsi les chapitres de son roman. En tout cas, et c'est à mettre à son actif, il ne s'est évidemment pas contenté de simplement mélanger les chapitres chronologiques : il a dû les retravailler astucieusement (et sans doute laborieusement) de manière à ménager l'intérêt du lecteur en évitant de divulguer précocement certaines informations.
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Henri Villon est un flibustier du XVIIe siècle, voguant sur son bateau dans les mers Caraïbes.
C'est son journal que nous avons entre les mains, qui débute par le dernier chapitre, où il annonce sa fin prochaine. Ce marin d'eaux tumultueuses aura été le témoin, et même l'un des principaux acteurs, du phénomène le plus étrange qui puisse jamais toucher une époque : des tempêtes temporelles, qui déchirent la trame du temps et laisse passer des éléments du passé et du futur, disloquant la trame chronologique. Ceux qui se situent sur le passage de cette déchirure du temps sont perdus bien sûr, percutant de plein fouet l'élément présent à l'autre époque, au même endroit. le cher vaisseau de ce fameux lutteur "corsaire", du capitàn Villon, le Déchronologue, semble être la seule arme contre ce temps fou furieux qui perd la raison…
Là où ce roman de piraterie SF devient réellement atypique, c'est dans la mise en forme de son histoire, totalement déchronologique ! Nous commençons par la fin, puis le chapitre suivant nous envoie au début, et le chapitre d'après à un autre moment de l'histoire. Aucun chapitre ne se suit dans l'ordre de l'histoire, pour mieux nous dérouter (et là, pour le coup, c'est gagné !) et nous faire ressentir peut-être la torsion temporelle que subit le héros, lui-même perdu dans son temps investi par d'autres, du futur ou du passé. Cela rend la lecture sinon difficile, du moins plus lente, car il est impossible de pouvoir enchaîner les chapitres sans essayer de le resituer par rapport aux chapitres déjà lus, et donc de revenir en arrière. La lecture est donc hachée, subissant à chaque changement de chapitre une tempête temporelle, un mouvement de va-et-vient.
Cela dit, je n'en ressors pas déçue pour autant. Malgré cette lecture déstructurée, j'ai passé un moment agréable, aux côtés d'Henri Villon et de son équipage, dans la tourmente du temps. Au point même de ressentir une réelle attente de connaître la suite de l'histoire, non pas pour en connaître la fin déjà dévoilée au tout début, mais pour avoir les détails de la rencontre avec tels personnages, ou comment cette partie de l'histoire a pu aboutir à telle conclusion.

Ce roman est une littérature expérimentale, elle est totalement originale, atypique, à part, exceptionnelle. Quelle que puisse être notre réaction, énervée face à une lecture si décousue qui nous freine sans cesse, ou bien enchantée de ressentir ainsi le même bouleversement que le héros de l'histoire, au risque d'être un peu perdue dans la tourmente, ce roman est à lire et même à vivre !
Sans être un "coup de coeur", il reste une belle découverte que je suis bien contente d'avoir faite.
Lien : http://ylgana.blogspot.fr/20..
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Le Déchronologue

Afin de mieux exprimer la déchronologie de son récit et ainsi de favoriser l’immersion du lecteur, à quel procédé Stéphane Beauverger fait-il appel ?

Il décompte les pages à l’envers
Il raconte son histoire à l’envers
Il écrit chaque page dans un sens différent
Il mélange l’ordre des chapitres

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