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Citations sur La Femme indépendante : Extraits du Deuxième Sexe (18)

Un monde où les hommes et les femmes seraient égaux est facile à imaginer car c’est exactement celui qu’avait promis la révolution soviétique : les femmes élevées et formées exactement comme les hommes travailleraient dans les mêmes conditions et pour les mêmes salaires ; la liberté érotique serait admise par les mœurs, mais l’acte sexuel ne serait plus considéré comme un « service » qui se rémunère ; la femme serait obligée de s’assurer un autre gagne-pain ; le mariage reposerait sur un libre engagement que les époux pourraient dénoncer dès qu’ils voudraient ; la maternité serait libre, c’est-à-dire qu’on autoriserait le birth-control et l’avortement et qu’en revanche on donnerait à toutes les mères et à leurs enfants exactement les mêmes droits, qu’elles soient mariées ou non ; les congés de grossesse seraient payés par la collectivité qui assumerait la charge des enfants, ce qui ne veut pas dire qu’on retirerait ceux-ci à leurs parents mais qu’on ne les leur abandonnerait pas.
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Si on invite un enfant à la paresse en l’amusant tout le jour sans lui donner l’occasion d’étudier, sans lui en montrer l’utilité, on ne dira pas quand il atteint l’âge d’homme qu’il a choisi d’être incapable et ignorant.
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«Tout ce qui a été écrit par les hommes sur les femmes doit être suspect, car ils sont à la fois juge et partie », a dit au XVIIe siècle Poulain de la Barre, féministe peu connu.
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Un des bénéfices que l’oppression assure aux oppresseurs c’est que le plus humble d’entre eux se sent supérieur : un « pauvre Blanc » du sud des U.S.A. a la consolation de se dire qu’il n’est pas un « sale nègre » ; et les Blancs plus fortunés exploitent habilement cet orgueil. De même le plus médiocre des mâles se croit en face des femmes un demi-dieu. Il était beaucoup plus facile à M. de Montherlant de se penser un héros quand il se confrontait à des femmes (d’ailleurs choisies à dessein) que lorsqu’il a eu à tenir parmi des hommes son rôle d’homme : rôle dont beaucoup de femmes se sont acquittées mieux que lui. C’est ainsi qu’en septembre 1948 dans un de ses articles du Figaro littéraire, M. Claude Mauriac — dont chacun admire la puissante originalité — pouvait écrire à propos des femmes : « Nous écoutons sur un ton (sic !) d’indifférence polie… la plus brillante d’entre elles, sachant bien que son esprit reflète de façon plus ou moins éclatante des idées qui viennent de nous. » Ce ne sont évidemment pas les idées de M. C. Mauriac en personne que son interlocutrice reflète, étant donné qu’on ne lui en connaît aucune ; qu’elle reflète des idées qui viennent des hommes, c’est possible : parmi les mâles mêmes il en est plus d’un qui tient pour siennes des opinions qu’il n’a pas inventées ; on peut se demander si M. Claude Mauriac n’aurait pas intérêt à s’entretenir avec un bon reflet de Descartes, de Marx, de Gide plutôt qu’avec lui-même ; ce qui est remarquable, c’est que par l’équivoque du nous il s’identifie avec saint Paul, Hegel, Lénine, Nietzsche et du haut de leur grandeur il considère avec dédain le troupeau des femmes qui osent lui parler sur un pied d’égalité ; à vrai dire j’en sais plus d’une qui n’aurait pas la patience d’accorder à M. Mauriac un « ton d’indifférence polie ».
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"La femelle est femelle en vertu d'un certain manque de qualités", disait Aristote. "Nous devons considérer les caractère des femmes comme souffrant d'une défectuosité naturelle." Et saint Thomas à sa suite décrète que la femme est un "homme manqué", un être "occasionnel". C'est ce que symbolise l'histoire de la Genèse où Eve apparaît comme tirée, selon le mot de Bossuet, d'un "os surnuméraire" d'Adam. L'humanité est mâle et l'homme définit la femme non en soi mais relativement à lui ; elle n'est pas considérée comme un être autonome.
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C’est par le travail que la femme a en grande partie franchi la distance qui la séparait du mâle ; c’est le travail qui peut seul lui garantir une liberté concrète.
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La femme libre est seulement en train de naître ; quand elle se sera conquise, peut-être justifiera-t-elle la prophétie de Rimbaud : « Les poètes seront ! Quand sera brisé l’infini servage de la femme, quand elle vivra pour elle et par elle, l’homme — jusqu’ici abominable — lui ayant donné son renvoi, elle sera poète, elle aussi ! La femme trouvera l’inconnu ! Ses mondes d’idées différeront-ils des nôtres ? Elle trouvera des choses étranges, insondables, repoussantes, délicieuses ; nous les prendrons, nous les comprendrons. »
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Que la femme se propose trop hardiment, l’homme se dérobe : il tient à conquérir. La femme ne peut donc prendre qu’en se faisant proie : il faut qu’elle devienne une chose passive, une promesse de soumission. Si elle réussit, elle pensera que cette conjuration magique, elle l’a effectuée volontairement, elle se retrouvera sujet. Mais elle court le risque d’être figée en un objet inutile par le dédain du mâle. C’est pourquoi elle est si profondément humiliée s’il repousse ses avances. L’homme aussi se met parfois en colère quand il estime qu’il a été joué ; cependant, il n’a fait qu’échouer dans une entreprise, rien de plus. Au lieu que la femme a consenti à se faire chair dans le trouble, l’attente, la promesse ; elle ne pouvait gagner qu’en se perdant : elle reste perdue. Il faut être grossièrement aveugle ou exceptionnellement lucide pour prendre son parti d’une telle défaite. Et lors même que la séduction réussit, la victoire demeure équivoque ; en effet, selon l’opinion publique, c’est l’homme qui vainc, qui a la femme.
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Ainsi la femme indépendante est aujourd'hui divisée entre ses intérêts professionnels et les soucis de sa vocation sexuelle; elle peine à trouver son équilibre; si elle l'assure c'est au prix de concessions, de sacrifices, d'acrobaties qui exigent d'elle une perpétuelle tension. C'est là beaucoup plus que dans les données physiologiques qu'il faut chercher les raisons de la nervosité, de la fragilité que souvent on observe en elle.
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Le fait est que les hommes rencontrent chez leur compagne plus de complicité que l'oppresseur n'en trouve habituellement chez l'opprimé; et ils s'en autorisent avec mauvaise foi pour déclarer qu'elle a voulu la destinée qu'ils lui ont imposée.
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