Citations sur Premier amour (39)
La chose qui m'intéressait moi, roi sans sujets, celle dont la disposition de ma carcasse n'était que le plus lointain et futile des reflets, c'était la supination cérébrale, l'assoupissement de l'idée de moi et de l'idée de ce petit résidu de vétilles empoisonnantes qu'on appelle le non-moi, et même le monde, par paresse. (...) c'est pénible de ne plus être soi-même, encore plus pénible que de l'être, quoi qu'on en dise.
La chose qui m'intéressait moi, roi sans sujets, celle dont la disposition de ma carcasse n'était que le plus lointain et futile des reflets, c'était la supination cérébrale, l'assoupissement de l'idée de moi et de l'idée de ce petit résidu de vétilles empoisonnantes qu'on appelle le non-moi, et même le monde, par paresse.
Les femmes flairent un phallus en l'air à plus de dix kilomètres.
Ce qu'on appelle l'amour c'est l'exil, avec de temps en temps une carte postale du pays, voilà mon sentiment ce soir.
Le tort qu'on a, c'est d'adresser la parole aux gens.
"Je me demande si tout cela n'est pas de l'invention, si en réalité les choses ne se passèrent pas tout autrement, selon un schéma qu'il m'a fallu oublier. Et pourtant son image à elle reste liée à celle du banc, pour moi, non pas du banc de la nuit, mais du banc du soir, de sorte que parler du banc, tel qu'il m'apparaissait le soir, c'est parler d'elle, pour moi."
J'associe, à tort ou à raison, mon mariage avec la mort de mon père, dans le temps.
Mais pour passer maintenant à un sujet plus gai, le nom de la femme avec qui je m'unis, à peu de temps de là, le petit nom était Lulu.
Du moins elle me l'affirmait, et je ne vois pas quel intérêt elle pouvait avoir à me mentir, à ce propos. Évidemment, on ne sait jamais.
N'étant pas française, elle disait Loulou.
Moi aussi, n'étant pas français non plus, je disais Loulou comme elle.
Tous les deux, nous disions Loulou.
Elle m'apprit également son nom de famille, mais je l'ai oublié.
Elle me demanda si je voulais qu'elle me chante quelque chose.
Je répondis que non, que je voulais qu'elle me dise quelque chose.
Je croyais qu'elle n'avait rien à me dire, c'aurait été bien dans son caractère. Je fus donc agréablement surpris de l'entendre dire qu'elle avait une chambre, très agréablement surpris. Je m'en doutais d'ailleurs. Qui n'a pas sa chambre ?
J'ai deux chambres, dit-elle.
Combien de chambres avez vous au juste ? Dis-je.
Elle répondit qu'elle avait deux chambres et une cuisine.
Cela augmentait à chaque fois. Elle finira par se rappeler une salle de bains.
C'est bien deux chambres que vous dites ? Dis-je.
Oui, dit-elle.
A côté l'une de l'autre ? Dis-je.
Enfin un sujet de conversation digne de ce nom.
La cuisine est au milieu, dit-elle.
Je lui demandai pourquoi elle ne me l'avait pas dit plus tôt. Il faut croire que j'étais hors de moi, à cette époque.
J’associe, à tort ou à raison, mon mariage avec la mort de mon père, dans le temps.