Ils se tinrent un moment silencieux, puis il y eut les dernières paroles, les sanglots et les larmes amères ...ce sont là des adieux comme en savent faire ceux dont l'espérance du revoir est suspendue à un fil léger comme la trame de l'araignée...
« Il vendrait sa propre mère s’il en trouvait le bon prix… sans pour cela souhaiter aucun mal à la pauvre vieille »
Le maître devient de plus en plus cruel, l’esclave de plus en plus endurci. Il en est du fouet et des mauvais traitements comme du laudanum: il faut doubler la dose quand la sensibilité diminue. J’ai vu cela bien vite quand je suis devenu possesseur d’esclaves… Je résolus de ne pas commencer, parce que je ne saurais pas où finir.
Depuis le sein de leur mère, les enfants de couleur comprennent qu’ils ne peuvent arriver que par des voies clandestines. Il n’y a que ce moyen-là, avec les parents, avec les maîtres et les enfants des maîtres. La ruse, le mensonge, deviennent des habitudes nécessaires, inévitables. On ne peut pas attendre autre chose de l’esclave; il ne faut même pas le punir pour cela. On le maintient dans une demi-enfance qui l’empêche de comprendre que le bien de son maître n’est pas à lui s’il peut le prendre. Pour ma part, je ne vois pas comment les esclaves pourraient être probes, ni ce qu’ils y gagneraient.
Dans un roman, on brise le cœur des gens, on les tue même et tout est dit: la fable est intéressante, que vous faut-il de plus ? Mais, hélas, dans la vie réelle nous ne mourrons pas dès que nous avons vu mourir pour nous la vie brillante et radieuse ! Il nous reste l’ennui des nécessités. On boit, on mange, on se promène, on visite, on parle, on lit, on vend, on achète. C’est ce qui s’appelle vulgairement la vie.
les semaines s’écoulaient dans la maison de Saint Clare, et les flots de la vie reprenaient leur cours habituel, ainsi que l’exige la froide et impérieuse réalité, insouciante des sentiments. Nous devons manger, boire, dormir, nous réveiller, acheter, vendre, poser des questions et répondre à celles qu’on nous pose ; en un mot, il faut poursuivre des ombres, quand on a perdu les réalités. Lorsque tout intérêt vital nous abandonne, il nous reste la froide habitude machinale de la vie courante…
Les scènes de cruauté révoltent notre cœur et blessent notre oreille. On a la force de faire ce que l’on n’a pas la force d’entendre.
La fuite incessante, inexorable des heures, pousse le jour du méchant vers l’éternelle nuit, et la nuit du monde vers le jour éternel.
Non ! dit Tom, non ! le bien ne peut jamais venir du mal; j’aimerais mieux me couper la main !
Il avait sans cesse devant les yeux le ténébreux problème de sa destinée...les âmes brisées et terrassées, le mal triomphant, et Dieu silencieux !