Citations sur La case de l'oncle Tom (116)
- Vous venez trop tard, monsieur George. Le Seigneur m'a racheté, il va me conduire chez lui... Et j'aspire à y aller. Le ciel vaut mieux que le Kentucky.
Et mesquines peuvent être ces choses
qui ramènent
Sur le coeur le poids que celui-ci vou-
drait
A jamais chasser - C'est un son,
Une fleur, le vent, l'océan qui rouvrent
la blessure
En frappant la chaîne électrique qui
nous
Lie de ses noirs anneaux.
Byron, Childe Harold.Chant IV.
L'oreille qui n'a jamais entendu que des injures est incapable de croire à la bonté.
- Entendons-nous, protesta le maquignon. Le Seigneur en a fait des êtres humains, et on se donne toute la peine du monde de les transformer en bêtes.
- La malédiction divine repose sur l'esclavage ! s'écria-t-elle désespérée. Et c'est une malédiction qui retombe autant sur le maître que sur l'esclave. Sotte que j'étais, de croire que je pourrais tirer quelque bien d'une situation aussi détestable ! Quelle honte d'avoir des esclaves sous des lois comme les nôtres ! Je pensais déjà ainsi quand j'étais enfant ; quand je me suis convertie, j'en étais persuadée, mais j'espérais rendre la condition de ces malheureux plus supportable, meilleure même que la liberté à force de bonté, de soins dévoués, d'instruction. Folle que j'étais !
- Notre maître à nous est si bon !
- Certes, mais qui sait ? Il peut mourir, et je petit pourrait être vendu à n'importe qui. A quoi lui servirait d'être beau, intelligent, vif ? Je t'assure, Eliza, qu'une épée transpercera ton âme pour chacune des qualités de ton enfant ; plus il en a, moins tu auras une chance de le garder.
- Que feraient ces pauvres gens s'il n'y avait pas les enfants ? Les enfants, voilà les vrais démocrates ! Aux yeux d'Eva, Tom est un héros ; elle croit dur comme fer à tous ses contes fantastiques , elle préfère ses cantiques à tous les airs d'opéra et prend les cailloux dont il bourre ses proches pour des joyaux de prix , en un mot, comme en cent, Tom lui semble être la créature la plus merveilleuse qui ait jamais porté peau noire. Les enfants, voilà le baume des coeurs meurtris. Ce baume est un don de la Providence.
Bien sûr, dans un roman, quand les héros ont le coeur brisé, ils meurent et l'histoire est finie, ce qui est une solution des plus commodes. Dans la vie courante, on ne meurt pas lorsqu'on a perdu tout ce qui rendait l'existence heureuse. Il reste à accomplir bien des choses inévitables ; il faut manger, boire, s'habiller, se promener, faire des visites, acheter, vendre, parler, lire, et tout ceci restait à Augustin. Si son épouse avait été une autre femme, elle eût pu l'aider à renouer les fils rompus, et tisser un nouveau voile de bonheur Mais Marie Saint-Clare ne voyait même pas ces fils rompus. Nous l'avons déjà dit, c'était une silhouette ravissante, deux yeux admirablement, et cent mille dollars. Rien de tout cela n'était apte à guérir un coeur malade..
Il y a, dans ce monde, de ces âmes choisies dont les peines se transforment en joies pour les autres, dont l'espérance mise au tombeau avec des larmes se transforme en semence qui fleurira au printemps, et deviendra un baume pour guérir la douleur des êtres affligés et éperdus. Telle était cette femme au coeur délicat. Assise sous la lampe, elle laissa lentement couler ses larmes et se prépara à donner les souvenirs de celui qu'elle avait perdu à l'enfant d'une malheureuse, errante et poursuivie.
Bruno, le grand chien terre-neuve qui dormait sous le porche, se redressa en grognant. Eliza prononça doucement son nom et l'animal, avec qui elle jouait souvent, remua la queue, prêt à la suivre. Il semblait pourtant avoir de vagues idées d'imprudence, car il s'arrêta à diverses reprises en regardant tantôt la jeune quarteronne, tantôt en direction de la maison. Au bout de quelques minutes, ils atteignirent la case de l'oncle Tom, où Eliza alla frapper à la fenêtre. [...] Allons, conclut-elle, appelez Bruno à l'intérieur et fermez bien la porte. Pauvre bête ! Il ne faut pas qu'elle me suive.