La blessure la vraie

Mémorise l'enfant que tu fus et sois-en digne.

Le plus étonnant n’est pas forcément que Dieu soit apparu à Paul. Il aurait été tout aussi bizarre qu’il ne lui apparût pas. Soit tout étonne soit rien n’étonne, il n’y a pas d’intermédiaire. On s’étonnerait qu’un homme s’envole mais n’est-ce pas tout aussi fou qu’il marche ? On s’émerveille qu’un enfant passe de trépas à vie mais il est tout aussi étrange qu’il soit passé d’abord de vie à trépas. On pourrait aussi bien dire : l’enfant de la Dive était mort par miracle, et le père Jean est venu effacer le miracle pour que tout redevienne normal.

Or on va rien se dire de tout ça. On va se taire et examiner avec attention nos pieds, moi nus, elle tennis rouges, incapables de regarder en face le fait désormais avéré que l'amour peut foirer même quand il existe. On va se prendre dans les bras et se serrer fort comme on sert les dents pour pas pleurer. On va se rendre compte qu'on ne s'aime plus mais qu'on aurait préféré, préféré s'en tenir l'un à l'autre pour toujours et traverser la vie avec en bandoulière ce seul amour dont les suivants porteront le deuil, réveillant chaque fois la mélancolie du renoncement à celui-ci le premier.

[...] et toutes les années qui ont suivi même chose, rien bougé rien changé, toujours le même bordel joyeux pas joyeux, content pas content, immense et nain dans le vide sidéral, la même sidération mélangée, il y aura d'autres étés et toujours les mêmes étoiles, bonnes et mauvaises toujours les mêmes, elles travailleront en alternance et ce sera le même dosage, le même destin, le même programme, ça ne changera plus sensiblement, c'est déjà fixé, ça se cimente là, on ne revient pas de 86, on ne revient pas de 86, on ne revient pas de 86.
N'essaie même pas.

Moi aussi je pense que ma vie serait plus facile sans moi.

Le n'importe quoi durable plutôt qu'une gêne ponctuelle, c'est un choix perdant et c'est le mien.

l'amour peut foirer même quand il existe.

chaque minute loin de l'être aimé est une minute cédée au néant

Quand on médite d'aborder une fille, on ne sait pas si c'est elle qui nous impressionne ou juste la perspective de lui parler.

Le niveau social conditionne les comportements