J'ai longtemps hésité à lire ce roman. Une amie a fini par me le prêter et je m'y suis plongée avec circonspection.
Je n'aime pas
Beigbeder, cet homme superficiel, clubber hyperlooké et dévoyé qui aime choquer et faire l'apologie de la cocaïne, de la vodka ou encore de la prostitution. Depuis «
Windows on the world » que j'avais beaucoup aimé, je n'ai plus retrouvé de plaisir à le lire. «
99 francs » m'est tombé des mains et «
L'amour dure trois ans » également.
Surtout, j'ai du mal avec son narcissisme forcené qui le fait se mettre en scène à travers ses personnages de roman, lui qui a déclaré un jour à « Moustique » « J'adore parler de moi à la première personne, j'estime que ma vie est passionnante. »
On croit se plonger dans une histoire d'amour faite de passion et d'émotions intenses. On se rend vite compte que cette « histoire d'amour » est plutôt un flirt, un amour platonique que
Beigbeder a décidé de voir comme décisive dans la vie de l'auteur. Un amour qui trouvera son apogée dans l'engagement de Salinger à la Seconde Guerre mondiale alors qu'Oona tergiverse, hésite et finit par rencontrer Chaplin. de 37 ans son ainé, il l'épouse et de leur histoire d'amour naitront huit enfants.
Salinger s'engage en 1942 et sa prise de conscience de l'horreur des camps est sans doute le passage le plus fort du récit.
S'il ne m'est pas tombé des mains, ce roman (qui ne commence vraiment qu'après une trentaine de pages) m'a vite agacée et j'avoue avoir sauté certains passages. Comme dans « Windows... » le récit alterne fiction et réalité, petite et grande histoire mais cela est moins pertinent, moins maitrisé ici. de plus, je ne vois pas l'intérêt d'insérer des remarques qui se veulent drôles mais sont d'une insipidité renversante. de même avec les invitations à se rendre sur Youtube, visionner des images qui corroborent ses dires. Est-ce cela la littérature ?
En fait, une fois de plus, ce récit sert à parler de
Beigbeder. A travers ce récit, c'est encore lui qu'il met en scène, cherchant à légitimer sa propre histoire. Il faut attendre les dernières pages du roman pour comprendre à quel point les destins de Salinger et d'Oona sont liés, affectivement et intellectuellement, à celui de
Frédéric Beigbeder. Oui, bon...
Bref, ce roman ne m'a pas réconciliée avec l'homme. Pas plus qu'avec le romancier dont le style m'apparait comme artificiel et mièvre au possible. Que de phrases creuses et de pensées vides. A éviter en cette rentrée.