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3,76

sur 715 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Frédéric Beigbeder aime parler de lui et ce qu'il raconte n'est pas forcément intéressant. On se moque de savoir qu'il préfère les filles jeunes aux femmes de son âge – il n'est pas le seul, de loin s'en faut –, on se fiche de son comportement de vieux c… qui adopte un langage « jeune », et on regrette d'avoir acheté ce livre (par cher, une occasion chez Gibert) pour lire les élucubrations séniles d'un pseudo écrivain.

Mais, il y a un mais, tout ce baratin mondain vise à introduire un auteur auquel Frédéric Beigbeder s'identifie et admire, J. D. Salinger. A partir de lettres réelles ou fictives, il raconte l'amour contrarié de l'auteur de L'attrape-coeurs pour Oona O'Neill (qui épousera finalement Charlie Chaplin), fille du prix Nobel de littérature, Eugène O'Neill, et surtout, il dépeint l'horreur de son débarquement en Normandie. Et là il fait mouche.

Même s'il avoue, un peu naïvement au début du livre, qu'un auteur se doit de marquer les esprits et forcer le trait, Frédéric Beigbeder, en racontant la guerre de Salinger, fait comprendre et ressentir, avec quelques phrases qui ne manquent pas de puissance, pourquoi la guerre est un traumatisme insurmontable pour celui qui l'a vécue. Salinger, devenu agoraphobe et misanthrope, a habité, après la guerre et jusqu'à sa mort, dans une ferme au milieu de la forêt, un lieu retranché du monde.
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Il n'était pas besoin d'attendre Oona et Salinger pour comprendre que Frédéric Beigbeder est un être multiple, pétri de contradictions -qui ne l'est pas ?-, comme un Oscar Wilde moderne, provocateur né qui dissimule une bonne dose de pudeur et de timidité derrière un cynisme de façade. Enfin, bref, une fois de plus Beigbeder parle de lui dans ce roman mais ce n'est qu'une part négligeable d'Oona et Salinger, autant livre pour midinettes (l'auteur en est une et ne s'en cache pas) qu'évocation profonde d'une époque des clubs chic de New York aux champs de bataille de la seconde guerre mondiale. S'il est un dandy souvent agaçant dans ses prises de parole comme dans ses livres, Beigbeder écrit parfois avec une lucidité effrayante et n'hésite pas à mettre les pieds dans le plat sur des sujets franchements tabous en France (le débarquement et la libération de la France par les troupes américaines). le portrait croisé d'Oona O'Neill et de Salinger est touchant : l'alchimie complexe entre deux êtres que beaucoup de choses rapprochent et que beaucoup d'autres éloignent. Il est fascinant de voir à quel point l'écrivain s'immisce dans cette relation chaste et vouée à l'échec, avec une élégance de style et une analyse fine des sentiments de l'un et de l'autre. Il y a certaines pages où un ange passe (Oona en était un avec la cruauté de ceux qui ont beaucoup souffert du manque d'amour, en l'occurrence de son père). Et Capote, Hemingway et Chaplin, seconds rôles remarquables, complètent cette "faction" (mélange de faits réels avec la fiction) d'une grande richesse dont la gravité et la dérision se mélangent constamment. Oona et Salinger ne convaincra pas ceux qui considèrent l'auteur comme un vulgaire poseur. Il séduira les autres, convaincus depuis longtemps non seulement de son talent littéraire mais aussi de la complexité d'un homme qui ne s'intéresse pas qu'à sa petite personne et dont la curiosité au monde, passé ou présent, tranche par sa clairvoyance aigüe dans une vision qui n'est jamais consensuelle ni simpliste.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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Emouvant et beau livre que ce « Oona & Salinger » de Frédéric Beigbeder, que je viens de refermer. Je crois que c'est l'un des livres que j'ai mis le plus de temps à lire non pas parce qu'il ne me plaisait pas, mais parce qu'après en avoir dévoré plus de la moitié d'un coup, j'ai voulu le faire durer, fondre comme une confiserie dans la bouche.

Car l'ouvrage, qui pourrait paraître n'être qu'une sucrerie, seulement centré sur une histoire d'amour à sens unique supplantée par une autre histoire d'amour, qui s'ouvre sur une introduction où l'auteur raconte son refus de vieillir, justifiée et expliquée par « L'Attrape-coeur » de Salinger, le tout saupoudré à nouveau par des aphorismes plus ou moins autocentrés (mais très intéressants) du même auteur lors de ses vagabondages, va bien au-delà : une fois la couche de sucre traversée, l'ouvrage se révèle assez profond, et se dévoile dans toute sa subtilité et surtout sa sensibilité.

Si au départ, le sujet principal est la brève relation entre Jerry Salinger et Oona O'Neill, celui-ci restant subjugué par celle-là toute sa vie, avec la même intensité, malgré la distance qui les séparera toujours, physique d'abord (elle se refusera toujours à lui), géographique et sentimentale ensuite (elle le quitte alors qu'il est parti faire la guerre en Europe pour épouser Charlie Chaplin, de 36 ans son aîné. Salinger continuera à lui envoyer des lettres pendant un certain temps), il en change ensuite pour adopter plusieurs formes.

Celle d'un remarquable roman de guerre, d'abord. Frédéric Beigbeder reconstitue le débarquement, et les différentes batailles qui ont suivi la libération de la France avec toute sa brutalité et son atrocité (pour citer quelques exemples, la chute du premier rang de soldats drogués, pour enlever toute peur, sur les plages normandes, dont les vagues sont restées rouges pendant plusieurs jours ; le comportement inadmissible de certains GI's ; les combats inutiles, qui ont conduit à une boucherie, dans le froid insoutenable de la forêt allemande) ainsi que les traumatismes, en premier lieu chez Salinger, qui en ont été la conséquence, et qui ont d'ailleurs conduit ce dernier, en partie, à se retirer (« Ce qui provoque le traumatisme du vétéran, ce n'est pas l'indifférence ni le manque de reconnaissance, c'est que la vie a continué. de retour à New York en 1946, Jerry fut effondré de revoir le gros portier de son immeuble promener son chien tous les jours comme il le faisait avant la guerre. Ainsi les gens avaient continué de manger leur breakfast, de faire leurs courses chez l'épicier du coin, et de promener leur toutou autour du pâté de maisons. le décalage, voilà la cause principale de la dépression du combattant. La vie a suivi son cours, c'est pour cette vie qu'ils se sont battus (…). Si Salinger a quitté New York, c'est parce qu'on ne le laissait plus rentrer nulle part. Adolf Hitler a eu la même amertume de vétéran traumatisé à partir de 1919. Démobilisé et défait, frustré et désoeuvré, vaincu et loser, Jerry s'est enfui pour ne pas devenir dictateur »).

Un roman à thèse, ensuite (que l'on appréciera ou pas). Beigbeder est catégorique : « Je ne comprends pas pourquoi les hommes mûrs attirés par la chair fraîche choquent certaines personnes alors que c'est le couple idéal prôné par Platon dans « le Banquet ». On croit que les vieux libidineux sont attirés par des seins fermes et des cuisses fuselées alors que c'est la bonté qui les excite le plus (ce qui n'est pas incompatible avec les seins fermes et les cuisses fuselées). La gentillesse est la drogue des pépères pervers. Avec l'idée de façonner. L'homme a besoin de se sentir important depuis que la femme s'est libérée de lui ».
Cette thèse sera close par une intéressante mise en abyme : l'hommage de l'auteur à sa femme (plus jeune que lui, en sera-t-on étonné ?), nouveau moment de grâce et de délicatesse, fait à petites touches, et qui vaut d'être mentionné car il place ce « Oona et Salinger » loin des premiers ouvrages de l'auteur, plus cyniques et superficiels.
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"Ce livre est une faction. Tout y est rigoureusement exact: les personnages sont réels, les lieux existent, les faits sont authentiques et les dates toutes vérifiables. le reste est imaginaire"

Faut-il pardonner cette intrusion ?
Mille fois oui.
Pourquoi ?
Pour cette ambiance mélancolique des années 40 dans un New-York accueillant J. D.Salinger, Truman Capote, Orson Welles, Oona O'Neill ...
Pour l'immersion dans cette élite intellectuelle désabusée en commençant par la lecture du portrait d'Eugène O'Neill, dramaturge explorant les aspects les plus sombres de la nature humaine, prix nobel de littérature, père d'Oona.
Pour lire l'extrême pudeur d'une Oona balbutiante et d'un Salinger confus.
Pour dévorer les lignes narrant cette rencontre entre deux éraflés à l'eclosion de la vie adulte au prestigieux Stork Club d'où résonne Cab Colloway, bien loin du bruit des bottes nazies battant alors le pavé des Champs Elysées mais tout près de la notoriété d'un Chaplin venant de sortir "Le dictateur".

Beigbeder entrouvre la porte de l'intimité de deux personnages d'envergure, Salinger découvrant l'amour avant de s'engager comme soldat lors de la seconde guerre mondiale, entre discours désenchantés et rejet d'une jeunesse trop frivole, l'auteur de l'attrape coeurs se débat avec sa passion qu'il compare à une guerre pour Oona O'Neill , riche mondaine à l'équilibre fragile , future épouse de Chaplin.
Amour destructeur et avorté par la guerre, c'est à coup de nouvelles éditées chez "Story" que Salinger expie sa souffrance et égratigne Oona au passage, les pieds dans la boue ou rampant sous des barbelés tandis que la belle aux jolies fossettes est la reine New-Yorkaise des clubs de Los Angeles. Un amour insupportable pour Salinger, magnifié par l'absence.
Pourtant si Salinger a un air de Gatsby, Oona n'a rien d'une Daisy assujettie à sa condition, loin de là, la frivolité n'existe pas chez elle, sa vie se résume à l'abandon de son père , la solitude, ce vide interne qui la rend pourtant si singulière et si attirante.
Puis Chaplin fait son entrée tandis que Salinger débarque à Utah Beach.
Beigbeider, lui, narre la guerre de Salinger, il raconte l'horreur subie par les soldats américains, ce que Salinger refusait d'écrire, sa rencontre avec Hemingway au Ritz lors de la libération, son entrée parmi les premiers dans les camps de concentration, puis son syndrome post-traumatique des combattants...

Durant tout ce temps, Salinger n'aura eu de cesse d'écrire à Oona, devenue mère dans une Amérique libre.

"Oona & Salinger" , une faction pleine de charme et d'esprit, une exploration habile qui nous fait vivre des personnages fascinants, ni magiciens ni héroïques mais échos de l'humanité.













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Honte sur moi, Oona et Salinger est mon premier Beigbeder mais sûrement pas le dernier si cela peut vous rassurer ! Je me suis plongée dans ce livre, lu en une après-midi : tout y était maîtrisé, les inconditionnels de Beigbeder auront eu raison d'attendre 5 ans pour son retour.

En premier lieu le fait de mélanger de manière astucieuse sa vie privée et l'histoire principale. A mes yeux cela permet de rentrer dans une part d'intimité de l'auteur, de découvrir ce qu'il est ou du moins ce qu'il laisse voir à ses lecteurs. Peut-être est-ce aussi ça le succès de cet écrivain : laissez entrer pour quelques instants les spectateurs dans un univers auquel ils n'appartiendront sans doute jamais. Au-delà de ce moment de partage, il a les comparaisons inévitables entre celui qui écrit et celui qui est raconté. Une savante symbiose qui en impose !

Ensuite l'écriture : avec un humour franc et taquin [très bon humour par ailleurs] l'auteur met en exergue sa volonté d'écrire juste, en tout simplicité, en toute sincérité en évitant les grandes phrases pompeuses qu'il s'estime incapable d'écrire. Néanmoins son écriture est incontestablement addictive et nous entraîne dans une belle romance mais surtout un excellent récit sur deux destins croisés mais jamais entremêlés.

Oona et Salinger est à mes yeux une antithèse, d'un côté une femme en quête d'innocence, de réconfort, d'une certaine frivolité pour les uns, d'une figure paternelle pour les autres, une femme qu'on aime pour l'image qu'elle renvoie de celui qui est à ses côtés mais pas forcément pour la reconnaissance de sa personnalité intrinsèque. de l'autre Salinger, un être solitaire, en écart avec son temps je dirai même ou tout du moins avec les gens de sa tranche d'âge, conscient de ce qui se passe en Europe à cette même époque.

Oui ! Autre point vraiment très ingénieux et que j'ai véritablement adoré : la mise en parallèle de ce qui se passait aux Etats-Unis et en Europe, un véritable décalage spatial voire même temporel. Là où une jeune femme se prélasse sur une terrasse, s'amuse dans une boite branchée, des hommes se font tuer pour sauver la France, des femmes violées sans aucune forme de procès. C'est aussi cela ce monde, ce que l'on constate encore aujourd'hui. La différence n'est pas seulement dans les lieux mais aussi les époques et pourtant nous sommes bien le même jour ?

Dans ce livre nous croisons la route de grandes figures de l'histoire de l'art, nous apprenons des éléments importants de notre histoire, nous rions avec l'auteur, Beigbeder nous emmène là où il le souhaite avec une grande fluidité et je peux vous dire en tout objectivité que ce livre est à classer dans le bon cru de cette rentrée littéraire. A lire !

*Et Léa s'en alla sous le soleil levant afin de se procurer Windows on the world*
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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C'est peut-être le meilleur des romans de Beigbeder, si on peut parler d'un roman, puisqu'il s'agit en fait d'une biographie romancée. Celle de J. D. Salinger, l'auteur de L'Attrape-coeur, amoureux transi d'Oona qui finira par épouser Charlie Chaplin, trois fois plus âgé qu'elle. On peut aussi penser que Beigbeder a été inspiré dans cette écriture par sa propre situation d'homme marié à une femme qui aurait pu être sa fille.
Parmi les multiples personnages qui jalonnent l'histoire, arrêtons-nous un instant sur l'actrice Mae West qu'admire beaucoup Oona parce que « c'était la première femme fatale qui traitait les personnages masculins avec autant de désinvolture ». Selon Beigbeder, Mae West a autant révolutionné la condition féminine que Simone de Beauvoir.
On le sait tous depuis Aragon, il n'y a pas d'amour heureux. Cela en tout cas se vérifie pour le pauvre Jerry, amoureux d'Oona qui ne l'aime pas. le drame de J. Salinger était qu'à force de suivre son aimée comme un petit chien, à ses yeux il en était devenu un. Selon un processus bien connu, plus Oona lui échappait, plus il la désirait. La distance entre eux ne faisait que grandir. « Oona restait parfois allongée à côté de lui toute la nuit, sur le lit, toute habillée, immobile, silencieuse et déprimée et pour ne pas lui faire de peine, elle se laissait caresser les seins sans bouger. » Et notre moraliste de Beigbeder de conclure : « Une jolie fille statufiée par le désamour est peut-être la pire des humiliations qu'un homme puisse affronter. »
Apprenant le début de la relation de Oona avec Chaplin en juillet 1942, Jerry lui aurait écrit, alors qu'il était mobilisé : « J'ai appris une bonne et une mauvaise nouvelle sur toi en lisant les journaux. La bonne c'est que tu t'intéresses à ce qu'il se passe en dehors du Plazza. La mauvaise c'est cette rumeur qui te prête une liaison avec Chaplin. » Et Beigbeder de prêter à Salinger ce propos définitif : « Tu te tapes un vieillard anglais avec des problèmes de prostate qui prend des pilules de cantharide pour essayer d'éveiller son pauvre instrument usagé. » Dépit d'un jaloux, bien à côté du réel puis que Chaplin n'avait que 54 ans et qu'il fera huit enfants à Oona.
Mais on trouve aussi dans le livre des réflexions plutôt pertinentes sur la guerre. Et notamment le débarquement en Normandie. On apprend que Salinger était là le 6 juin, sur la plage d'Utah. « le secret du débarquement, écrit-il, c'est de débarquer en seconde vague. La première meurt pour les suivantes. » le 6 juin précise Beigbeder, il y eut relativement peu de morts à Utah Beach (196 semble-t-il), grâce aux bombardements des blockhaus et surtout aux chars Sherman amphibies. Après avoir évoqué les horreurs de ces combats, Beigbeder conclut sobrement : « le seul parti auquel j'accepterais d'adhérer, serait le parti des gens qui ne sont pas sûrs d'avoir raison sur tout. » C'est une chute que je pourrais assez facilement faire mienne.
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En 1940, J. D. Salinger rencontre Oona O'Neill. Lui n'a encore rien publié. Elle est la fille du très célèbre dramaturge Eugene O'Neill (dont je suis tellement admirative, mais c'est un autre sujet) et gaspille son argent dans des soirées trop arrosées. Il a 21 ans, elle en a 16. Il tombe immédiatement et durablement amoureux, mais elle se lasse rapidement. Leur amour n'est jamais consommé et s'achève quand Salinger s'engage pour combattre en Europe. Arrivée sur la côte Ouest, Oona fait des débuts vite achevés au cinéma et épouse Charlie Chaplin, de 36 ans son aîné. Séparés par l'Atlantique et par la guerre, les anciens tourtereaux vivent sous des flashes différents, ceux des bombes et ceux d'Hollywood. Finalement, ce qui est ici raconté, c'est ce qui suit une non-histoire d'amour.

Contrairement à tant de lecteurs, je n'ai pas apprécié L'attrape-coeurs et je préfère de très loin les nouvelles de J. D. Salinger. Par ailleurs, j'ai cessé de lire Frédéric Beigbeder depuis plusieurs années, notamment parce que son recours maniaque et creux au name-dropping m'insupporte. de fait, lire Beigbeder qui écrit sur Salinger, c'était un peu du masochisme... Son cynisme et sa désinvolture sonnent faux, mais pas sa condescendance de « vieux con » si j'ose dire. « Voyez, jeunes lectrices, que le passé sert à quelque chose. » (p. 39) En écrivant sur un autre auteur, Frédéric Beigbeder se regarde écrire, se morfond sur la société moderne, s'accable de vieillir, fustige l'inconstance de la jeunesse.

Je retiens tout de même son talent pour raconter une histoire sur laquelle il n'y avait rien à dire. Plus que combler les blancs, il les a coloriés et bariolés parce que la fiction est parfois plus vraie que la réalité. Je retiens quelques jolies phrases, mais je doute vraiment de jamais rouvrir un livre de cet auteur...
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Pourquoi s'intéresser à cette histoire d'amour (on devrait dire "non-histoire d'amour) entre Oona O'Neill, fille d'un célèbre dramaturge, et J.D. Salinger, futur auteur de l'incontournable "L'attrape-coeurs" ? Eh bien justement parce que cette histoire non aboutie s'inscrit dans une période du XXème siècle que l'on voudrait oublier .
Oona est une jeune fille (presque une enfant) qui évolue dans cette jeunesse dorée new yorkaise des années 40. J. D. Salinger est un tout jeune homme qui, déjà, sait prendre du recul par rapport à ses semblables. Un peu misanthrope, mais très vite sous le charme d'Oona. Deux destinées, qui, à peine croisées, vont se séparer : pire, entre eux deux, un océan (l'Atlantique -entre New York et l'Europe), puis , très vite un continent ( l'Amérique -entre Los Angeles et l'Europe) . Les deux "non-amants" n'ont plus qu'un rapport épistolaire. Salinger écrit des lettres enflammées. Il vit en France les pires heures d'un soldat : le débarquement, tout ce qui est occulté de cet épisode salvateur mais meurtrier , la rencontre avec Hemingway, un autre baroudeur désabusé, témoin d'horreurs extrêmes, la découverte des camps nazis, le martyre du peuple juif, l'impression d'être arrivé trop tard, bref, toute l'amertume que la 2ème guerre mondiale a pu laisser à ceux qui ont été des témoins impuissants face à l'horreur.
Oona répond du bout de la plume. Il faut dire qu'elle a, entre temps, rencontré Charlie Chaplin, qui pourrait être son grand-père, mais qui l'épouse et lui fait oublier son mal de vivre.
C'est cette histoire cachée que Beigbeder a essayé de mettre sur pied, avec beaucoup d'imagination et un indéniable talent, et sans doute, une secrète admiration pour ces deux protagonistes que sont Oona O'Neill Chaplin et Jerome David Salinger.
Bravo : on ne parle jamais aussi bien que des gens qu'on admire.
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Frédéric Beigbeder, enfant terrible des lettres françaises qui s'est fait connaître par sa désinvolture et ses provocations, est aussi capable d'émouvoir le lecteur et de retenir son intérêt.
Le récit commence par une idylle juste ébauchée entre le jeune apprenti écrivain SalInger et Oona, la fille du célèbre dramaturge américain Eugène O'Neill. A peine sortie de l'enfance, Oona fréquente la jeunesse dorée de New York. Elle est, à quinze ans, une "it girl" pour reprendre cette expression idiote mais significative.
La relation tourne court avec le départ de Salinger en 1942 pour combattre en Europe. A partir de là, l'imagination du romancier se déploie et le récit prend une autre tournure en se concentrant sur la douloureuse expérience du soldat Salinger, épreuve qui marquera à jamais sa personnalité et son caractère déjà ombrageux et révolté dès l'adolescence.
Avec force chiffres et statistiques l'auteur dénonce les atrocités subies ou commises et souvent passées sous silence de cet épisode historique.
Réflexions sur la guerre, la divergence des ambitions, le vain espoir des sentiments non partagés, les relations familiales complexes, la différence d'âge dans le couple : c'est ainsi que Frédéric Beigbeder m'a agréablement surprise. J'aurais seulement aimé en savoir plus sur les choix ultérieurs étonnants d'Oona qui ont un temps alimenté les gazettes. Et j'ai ressorti de mes étagères "l'attrape coeurs" que je souhaite relire avec à l'esprit la vision qu'en donne Beigbeder.
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C'est un roman d'amour, une histoire magnifique.

Plus jeune, j'avais appréciée la plume acerbe de Frédéric Beigbeder, sa vision de l'amour et de la vie condensée entre coup rapide et drogue puissante. Mais comme dans une redescente sous acide, sa lecture m'a ennuyée, m'a lassée, jusqu'à me laisser pantois et j'ai fini par lâcher l'affaire. Puis après ses mésaventures dans la presse, on l'a vu reprendre la direction d'un magazine et nous redonner des romans propulsés en tête de vente et mis en avant par des critiques élogieuses. Avec ce livre il nous signe un nouveau style, et je dois reconnaitre que j'aime beaucoup !

Frédéric Beigbeder a toujours été un homme à part, entre ses soirées sans limites et les jeunes femmes pendues à ses bras qui pourraient avoir l'âge de sa fille. Il commence ce roman en nous disant la vérité : vieillir çà l'emmerde ! C'est d'ailleurs sa grande force, il n'a jamais essayé d'être quelqu'un d'autre et nous a toujours mis en face de sa vérité qu'elle nous plaise ou non.

Mais l'auteur vieillit et même s'il ne l'apprécie pas, il mûrit dans la construction de son histoire, dans son sujet et il semblerait même dans sa vie. Avec ce livre, Beigbeder nous livre un roman dans un roman et je dois le reconnaître, c'est un chef d'oeuvre ! On a affaire à plusieurs histoires d'amour : celle d'un auteur envers son écrivain préféré. Celle d'un jeune homme envers son premier amour. Celle d'une jeune femme envers l'homme de sa vie et le père de ses enfants. Et pour finir, celle de Frédéric Beigbeder envers sa femme, celle qu'il a mit 40 ans à attendre et trouver !

Dans cette histoire on nous conte des fictions sur la vie rêvée de différentes stars bien connues. C'est un hymne à l'amour, à l'espoir, à la vie tout simplement !

Ravie d'avoir lu ce roman et de voir l'évolution d'un auteur que j'ai redécouvert. Dans ce bel hommage fait pour la littérature, on nous peint de belles images et peu importe leur véracité on est propulsé dans ces belles vies. Un beau roman et un écrivain qui a mûrit et qui vieillit comme nous. Magnifique !
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