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Critique de Lune


1791 : l'Église Sainte-Geneviève devient le « Panthénon » et s'ouvre aux « Grands Hommes ».

Selon les régimes qui se succéderont, l'édifice redeviendra tour à tour église ou un « temple » laïc. Ce qui entraînera des luttes internes.

1885 : mort de Victor Hugo et panthéonisation accompagnée d'une ferveur sans précédent.
L'entrée de ce grand homme conféra à ce lieu emblématique l'aura et les symboles qui perdureront à travers les années.

Philippe Bélaval, président du Centre des monuments nationaux, nous conte l'histoire et les histoires en un voyage palpitant, plein de découvertes et de références.

Sont évoqués :

L'architecture et les architectes fondateurs (Soufflot, le nom qui demeure et Rondelet, Quatremère de Quincy, non moins importants que le premier), les peintures (des plus classiques à la contemporéanité de Anselm Kiefer, mêlant peinture et sculpture), les sculptures parfois jusqu'à la démesure (chaque époque ou régime s'exprimant dans ce qui représente leurs idées), la musique faisant son entrée avec Pascal Dusapin.

Notre regard est attiré vers certains détails du dôme, du fronton et s'arrête sur le pendule de Foucault.

La définition de « Grand Homme » est développée ainsi que tout le déroulement facile ou non, du choix de l'élu(e).
L'Histoire n'est jamais simple, les oppositions se font entendre parfois jusqu'à l'excès ainsi lors de l'entrée d'Émile Zola et de Jean Jaurès en ce lieu qui les mérite.
Les sensibilités frissonnent devant certains noms.
En revanche, certains dossiers tardent à trouver un aboutissement.

Les chemins empruntés, les décorum parfois kitchs, l'évolution de la société et des idées, les moyens utilisés permettant ainsi de replacer l'Homme au centre des valeurs de la République sont décrits.

Des noms, des commémorations, des plaques, le « Voyage au Panthénon » nous les raconte.
Des plus anciens panthéonisés aux plus récents, c'est l'Histoire de France qui se déroule au gré des entrées en ce lieu du Temps de l'Histoire des Hommes.

Des sourires lors d'anecdotes comme la réparation de l'Horloge…
Une entrée grandiose et jamais renouvelée de François Mitterrand et le dépôt d'une rose rouge symbolique sur trois sépultures marquent à jamais les esprits.

De l'émotion avec l'évocation des deux guerres mondiales, en lisant le nom de Jean Moulin et le fascinant « Entre ici, Jean Moulin… » prononcé par André Malraux, interpellation qui résonne à jamais dans les mémoires, Jean Zay, etc…, l'hommage aux poilus par la panthéonisation de Maurice Genevoix et tant d'autres…
La commémoration des Justes reste un moment intense et particulier.

Dans le chapitre consacré à Albert Camus (non panthéonisé suite au refus de la famille) surgit cette phrase inoubliable que lui a écrite Louis Germain, mots qui bouleversent et que devrait retenir tout enseignant : « Je crois, durant toute ma carrière, avoir respecté ce qu'il y a de plus sacré dans l'enfant : le droit de chercher sa vérité. »

« Homme » prend ici le sens de tout être humain.
L'auteur insiste sur la place octroyée en notre siècle aux femmes trop longtemps absentes.
Depuis Marie Curie, la première entrée en 1995, d'autres l'ont rejointe.
Qui ne se souvient des cérémonies de Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle, Simone Veil et la dernière en date : Joséphine Baker où l'on a découvert une « scénographie » destinée à la foule présente comme aux téléspectateurs.

Moments rassembleurs de dignité et de conscience nationale.

Un grand merci à Babelio et aux Éditions Les Presses de la Cité pour m'avoir permis ce voyage éclairant sur les fondements de la République française et l'histoire d'un de ses hauts lieux.

Un très bel ouvrage.
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