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sur 116 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Belezi Mathieu (pseudonyme de Gérard Martial Princeau, né vers 1947-48) - «C'était notre terre» Albin Michel, août 2008

Un roman, ou plutôt une succession et alternance de points de vue de six personnages plongés dans la Guerre d'Algérie, la plupart d'entre eux (à l'exception donc du long chapitre émanant de Fatima, la servante kabyle) étant les colons issus de la famille des Saint-André, propriétaires du grand domaine de «Montaigne» dans le pays berbère, qui se considèrent comme les seuls légitimes propriétaires de ces terres travaillées de leurs mains depuis trois ou quatre générations.
Il y a celle qui voulut à tout prix rester, et finira par mourir de vieillesse sur place totalement isolée, il y a les deux filles qui finissent par s'enfuir en France au tout dernier moment, il y a le fils qui aide les insurgés à fabriquer des bombes et finit sous la torture de l'OAS, il y a Fatima, la servante qui sert de fil conducteur, il y a le père débauché.

L'auteur présente amplement le point de vue de ceux que l'on a surnommé les «pieds noirs», sans dissimuler leurs abus et leur mentalité colonialiste, sans dissimuler non plus leur profonde douleur de se voir contraints à abandonner leurs terres. Les insurgés algériens sont représentés sous les traits de personnages corrompus (le principal d'entre eux est tenancier de bordel) avides de s'accaparer du nouveau pouvoir et manipulant des bandes de pauvres hères pour commettre d'effroyables massacres, auxquels les habitants de souche européenne répondent par d'autres procédés de terreur.
Un récit remarquablement bien mené, qui n'est pas pour autant un témoignage puisque l'auteur ne participa ni de près ni de loin lui-même aux «évènements».

NB : j'étais enfant pendant la guerre d'Algérie, mais l'un de mes cousins fut en âge d'effectuer l'intégralité de son service militaire là-bas : il en revint marqué à vie, finissant peu après par se suicider à l'alcool… La réflexion sur cette guerre aussi absurde qu'épouvantable est loin d'être aussi fouillée qu'elle le devrait, ce roman apporte peut-être à un éclairage particulier.
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Le roman de Mathieu Belezi qui vient de paraître chez Albin Michel: « C'était notre terre » est ,à ma connaissance la première oeuvre de fiction traitant de la guerre d'Algérie et du départ des Européens d'Algérie. A travers l'histoire d'un important domaine coloniale, c'est l'histoire de cette famille qui est racontée. Tous les membres de la famille, vivants ou morts expriment leur perception des événements et, grâce à ces regards croisés on a une vision précise de cette période troublée. Ces colons , certains voudront y voir une caricature et pourtant…Tout, on le sait finira très mal et pour certain des membres de la famille jusque dans la folie. Sans doute cette fresque pourrait donner naissance à un beau film.

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Avis plus que mitigé sur ce livre dont déjà le style ne m'a pas emballé, avec ses répétition de phrases, ces anaphores communes à tous les personnages.
Ensuite la présence francaise en Algérie n'est vu que sur le coté violent et tyrannique des fameux grands colons qui ne représentaient qu'un petit pourcentage de pieds noirs parfois aussi miséreux que l'autochtone. Fils de pieds noirs et arrière arrière petit fils de pieds noirs, on ne peut pas dire que le retour en France des miens ( qui n'en était pas un puisque d'origine espagnole) c'est fait en DS 21. On veut bien accepter une vision tyrannique de l'occupation française dans le milieu rurale algérien avec les grands, voire gigantesques colons, mais tout est réuni ici, violence, droit de cuissage, rascisme, anthropophagisme des algériens....c'est un peu lourd pour un seul livre et très réducteur. A l'heure où les migrants arrivent de partout en europe pour juste essayer de vivre, pensons à ces italiens, ces espagnoles, ces grecs qui sont venus aussi en Algérie au 19 eme siècle pour juste essayer de vivre aussi, et à qui on n'a pas donné 600 hectares....Le pied noir de base n'était certainement pas Mr Ernest.....
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Un choeur de six voix raconte l'histoire du domaine de Montaigne en Algérie et de la famille Saint-André qui y a vécu. Les voix dissonantes des membres de la famille et de Fatima, leur servante humiliée, traversent les strates du temps et dessinent la trame douloureuse et tragique de l'Algérie coloniale.
Haine, mépris et violence en composent les lignes directrices.
C'est un roman plein d'âpreté et de déchirures qui me laisse une impression mitigée entre admiration, pour sa construction aboutie et son rythme qui psalmodie regrets et amertume, et déception par le manque d'empathie possible avec les personnages. le dénouement m'a paru outré dans la folie et la barbarie. Seule, Fatima, métaphore peut-être trop évidente de l'Algérie, suscite une émotion positive. Une petite réticence donc mais c'est une lecture très enrichissante !
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Ce livre qui représente une saga sur plusieurs générations porte un éclairage sur les racines de la guerre d'Algérieére
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(Albin Michel)
Le domaine de Montaigne, quelque part en Kabylie : 600 hectares de collines, de champs de blé, d'orangers, d'oliviers et de vignes. La terre de la famille de Saint-André depuis un siècle Au coeur de ce petit royaume, une maison de maître et ses dépendances entourées de palmiers, d'acacias, de pins et de figuiers.
Six personnages : le père, la mère, les trois enfants (dont un a embrassé la cause du FLN) et la domestique kabyle.
Tout au long du roman, leurs voix s'interpellent et se répondent, se prennent pour ce qu'elles ne sont pas, tempêtent, supplient, invectivent des fantômes, se souviennent.
Le passé, c'est le quotidien du colon dans sa colonie, cette façon de régner en maître sur un pays qu'il a « fait » et des gens à qui il « apporte la civilisation ».
Le présent de ces voix, c'est la difficulté et l'amertume de l'exil dans une France hostile, bien peu disposée à ouvrir les bras. Et c'est aussi la souffrance d'un déracinement insurmontable.
Saga des de Saint-André –avant, pendant et après l'indépendance de l'Algérie-, composé de scènes fortes - guerre, sexe, sentiments exacerbés, haines viscérales-, ce roman, comme ceux de Faulkner, traduit le chaos de la grande histoire, se dit à travers les passions de ceux qui font la petite. le souffle qui porte de bout en bout cette saga, la profonde originalité de sa structure polyphonique et de son rythme incantatoire donnent à l'oeuvre un caractère unique : on croit entendre, en la lisant, le chant funèbre des déracinés de tous les temps.
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