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Citations sur Requin (27)

Bien que j'aie toujours su que mourir arrivait aux gens, je n'ai jamais cessé d'entretenir le secret espoir de me voir exempter de cette corvée populaire.
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En dépit de siècles empesés de morts de particulières, on voit avec soulagement que l'homme reste stupéfait devant la possibilité qu'il a de ne plus être alors qu'il fut. Sa finitude, il la constate d'abord à la faveur de la disparition d'un autre que lui. Mais passé cet épisode où tout lui fut révélé, il retourne à son illusion en un clin d'oeil. Il faut attendre qu'il soit lui-même, et qu'il soit clairement, dans le collimateur de la mort, pour qu'il s'émeuve enfin d'être, comme chacun, sujet au trépas. D'où vient qu'il en soupire encore et comment ne s'est-il pas familiarisé avec l'idée de sa mort assurée? Comment diable, le reste du temps, arrive-t-il à ignorer son sinistre sort avec un tel naturel?
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Je le sais depuis : le cygne est immangeable. Le cygne est pourri de l'intérieur. Le cygne a un goût de merde et de vase. Sa robe immaculée est un piège à cons. Sa majesté est bâtie sur une fosse septique. Son cou n'est qu'un vulgaire égout. Il flotte et glisse sur la surface des lacs exactement comme le ferait n'importe quel étron, voilà la vérité.
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N'ayant qu'occasionnellement, qu'accidentellement fréquenté l'école, il parlait une langue saugrenue pour laquelle le français tenait lieu non pas de socle, mais d'horizon
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Il s'agit d'une pierre en quartzite dont on peut supposer qu'elle a été formée il y a environ quatre milliards et demi d'années. On peut affirmer que depuis lors, le cœur de cette pierre, ce qu'il y a de pierre dans ce cœur, n'a jamais eu le moindre contact avec l'air environnant, avec le vent, la pluie, la peau humaine, ni avec aucune chose contre laquelle il nous viendrait maintenant à l'esprit de le frotter.
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Dans leur large majorité, les vivants s'activent sans jamais songer au pire. De cela, contre toute attente, ils tirent un grand bénéfice. La prudence, en se nourrissant de la curiosité et de l'apetit de l'homme, en cannibalisant l'esprit de celui qui vit dans la crainte et l'économie de soi, ne peut produire qu'un ersatz d'existence, une existence dont on dirait, comme d'une endive oubliée dans l'obscurité, qu'elle est "partie en tige". Qu'une crêpe avalée trop vite vienne interrompre une existence partie en tige rappelle qu'il y a tant de variétés de périls qu'aucune espèce de prudence ne saurait durablement mettre à l'abri celui qui s'est risqué à vivre.
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Je suis là. Pour être clair je me trouve exactement aux portes de l'au-delà, et me voici à faire des projets. Pas de grands projets, non, mais refaire la salle de bains. J'ai honte de notre salle de bains. Lorsque quelqu'un vient dîner, c'est l'abattement. Voilà à quelles fins j'emploie le peu de vie qu'il me reste.
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Mon entrée, pour dire les choses simplement, ne fit aucun bruit. Tout comme une unité augmente un nombre, sans aucune volonté ni conscience, j’arrivai avec ma seule mais incontestable valeur numérique pour prendre ma place au sein d’un système. La famille se trouva donc élargie, et cet élargissement tint lieu d’événement en place de ma propre naissance, elle-même renvoyée à une banale affaire biologique indépendante de toute volonté humaine et ne résultant que de l’injonction du vivant faite à l’espèce : se reproduire. Hélas, le nombre accru des membres de la famille augmenta d’autant les efforts d’intendance nécessaires au maintien du groupe que nous formions désormais au-dessus de sa ligne de flottaison sociale. Les quatre membres que comptait alors la famille eussent largement suffi à renverser la barge où ils se trouvaient perdus sur un océan de privations de tous ordres, mais il est vrai que mon arrivée facilita le naufrage. Pour autant, le groupe resta soudé dans l’adversité, aidé sûrement par une sorte de tartre sentimental, et c’est ensemble que nous gagnâmes les profondeurs et séjournâmes dans les abysses, où des années confuses nous attendaient. Pour autant, je dois admettre que mon enfance ne fut pas malheureuse. Occupé que j’étais à traquer d’infimes satisfactions, tout entier à l’édification d’une basilique de plaisirs microscopiques, sans m’en rendre compte, je me déboulonnais chaque jour un peu plus du socle familial où nous étions tous plantés comme des statues de douleur vive. Un jour parmi les autres, et sans que je m’y attendre, je me retrouvai libre de mes mouvements. Cette liberté, néanmoins, devait se fonder sur un drame diamétralement opposé : la paralysie générale de mon père. Mon enfance ne fut pas malheureuse mais, c’est là un tour courant de la vie, bien des années plus tard, elle le devint.
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L'espoir est un lubrifiant qui protège de l'usure que produit le frottement de la conscience sur le temps.
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L'espoir est un lubrifiant qui protège de l'usure que produit le frottement de la conscience sur le temps.
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