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EAN : 9782818035719
192 pages
P.O.L. (05/03/2015)
3.53/5   68 notes
Résumé :
C'est depuis le milieu d'un lac artificiel près de Dijon, durant le temps que prendra sa noyade et avec le souffle que lui laisse la dure entreprise de se maintenir en vie, que le narrateur et personnage principal élève, au prix d'efforts de plus en plus pénibles à produire, son chant d'adieu. Une oraison fragmentée, épique, drôle, qui le présente comme l'unique occupant d'un édifice s'affaissant jour après jour.
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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. C'est juste avant la fin qu'apparaît ce qui donne le titre...un requin fantastique.
Sinon, c'est un homme qui se noie (et comme avait dit un affreux à propos d'une petite fille...il en met du temps à mourir! 180 pages) Il est en train de se noyer dans un lac artificiel: le contre réservoir de Grosbois, créé en 1830 pour alimenter en eau le canal de Bourgogne; les allemands y ont ajouté une digue fortifiée.
Sur la plage, sa femme Peggy et son fils Alan ne se doutent pas du drame du à une crame à la jambe.

Il y a un humour discret, beaucoup de métaphysique mais non pesante, une réflexion originale sur la mort
"Rien ne soulage mieux de la crainte de mourir que de mourir en acte"
Il va être débarrassé du difficile métier de vivre. Son esprit accepte la mort, de toute façon inéluctable pour tout être humain ,mais son corps se bat encore....
Des souvenirs et des regrets font surface
"Maintenant que je sais quel sort m'aura été réservé, je voudrais recommencer depuis le début; n'était cet épisode sordide des dents dans le port et de mon sang coulant entre les dalles; et de l'îlot de lait sur le lino gris. Je me demande s'il n'aurait pas mieux valu que je périsse durant cet hiver 1986 dans le port de Dieppe où j'ai pêché du lait, plutôt que de venir jusqu'au contre-réservoir de Grobois me garnir les poumons d'eau douce"
Il fait allusion à un épisode tragi-comique qui lui est arrivé dans l'enfance: il a récupéré au péril de sa vie 11 packs de lait qui flottaient dans le port; il y a laissé deux dents! et ce lait a servi à sauver son père...11 litres de lait s'étalant sur le lino...
"Petite pépite romanesque grave, humoristique et métaphysique qui fat découvrir une écriture juste, expressive, singulière.
Vous aurez compris que j'ai beaucoup aimé
Bertrand Belin est auteur-compositeur. C'est son premier roman

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Un homme se noie.

Pas n'importe où.

Dans le « contre-réservoir de Grosbois », près de Dijon, et « non dans un lac, comme le commun des mortels. »

Une malencontreuse crampe à « l'arrière de la cuisse » lui laisse le temps de convoquer souvenirs, désarrois, échecs et joies.

« Aujourd'hui, je me noie. »

Étrange petit livre que ce « Requin ». Étrange, métaphysique, drôle, désemparé, désabusé, comme le « clafoutis de la vie. »

Bertrand Belin m'était connu comme chanteur, auteur, interprète, portant de sa voix grave des textes originaux et poétiques.

Il écrit là son premier roman et c'est une vraie réussite.

Le narrateur voit ressurgir différents épisodes de sa vie « tout ce dans quoi l'homme est plongé corps et âme » et qui constitue « le difficile métier de vivre. »

Son métier, topographe au service d'archéologues, sa passion pour la préhistoire, sa femme, son fils, une pêche aux briques de lait UHT, des dents cassées, un cygne égorgé, un vol de squelettes mérovingiens, tout ce « dédale » qui mène à la mort dont on devine « qu'elle ne promet pas quelque chose d'incontestablement folichon. »

J'ai trouvé ce petit roman plus efficace que bien des traités de philosophie s'agissant de cerner le « passage de vie à trépas » qui est « la catastrophe de l'homme », « sa plus grande catastrophe », surtout quand on périt « si bêtement, serré dans un slip de bain Go sport. »

L'humour noir est probablement le meilleur stimulant et on ressort de ce livre bien décidé à profiter du feu et de la neige, de la lumière et à ne plus se contenter de « petits arrangements avec la vie. »

« Je veux courir en tout sens, me répandre en logorrhées par les vallons et dans les villes, je veux tenir salon derrière des monuments, je veux boire et manger éperdument […], mettre ma tête dans la gueule d'un fauve, me rouler dans le raison avec des Chinoises… »






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Plongée en eaux sombres.


A cause d'une crampe au mollet, le narrateur est en train de se noyer dans un lac artificiel près de Dijon. Pendant ce temps, sa femme et son fils sont sur le rivage, absorbés par leurs activités.

Lucide et résigné, il retrace sa vie sur le mode de l'autodérision. Il montre comment ses choix lors des épisodes déterminants de celle-ci l'ont conduit à l'échec et à cette fin tout aussi consternante.

Une méditation à la fois amère et pleine d'humour sur le monde dans lequel nous vivons et le (non-)sens de la vie.

Un premier roman réussi pour Bertrand Belin connu jusqu'à maintenant pour ses talents d'auteur-compositeur-interprète.
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Un livre ouvert par curiosité et sympathie pour un auteur dont j'admire l'oeuvre musicale. Refermé "Sur le cul" (pour reprendre un de ses titres) de par la qualité et la maturité de cette histoire qui se boit d'une tasse, ponctuée d'une drôlerie parfois irrésistible. Des saillies mémorables («Vexée comme huître sous une douche de citron » / « N'ayant qu'occasionnellement fréquenté l'école, il parlait une langue saugrenue pour laquelle le français tenait lieu n'ont pas de socle, mais d'horizon. » ou encore « L'espoir est un lubrifiant qui protège de l'usure que produit le frottement de la conscience sur le temps ». Un régal.
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Précédemment publié aux éditions P.O.L, le roman de Bertrand Belin a aujourd'hui droit à une distribution en format de poche. L'occasion de redécouvrir un livre d'une belle densité qui retrace les souvenirs du narrateur, en train de se noyer dans les eaux du réservoir de Grosbois en Bourgogne, non loin de Dijon. La vie vaut-elle de mourir ainsi ? C'est depuis le milieu de ce lac artificiel, durant le temps que prend sa noyade et avec le souffle que lui laisse la dure entreprise de se maintenir en vie, que le protagoniste élève, au prix d'efforts de plus en plus pénibles à produire, son chant d'adieu. le ton se veut ici tour à tour élégiaque, épique et drôle, fragmenté comme un puzzle qui résume l'essentiel du passage de chacun de nous sur terre. Les chapitres brefs et la plume aisée de l'écrivain en font un livre qui se lit aisément et qui ne génère jamais l'ennui.
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critiques presse (3)
Telerama
15 avril 2015
L'auteur-compositeur signe un roman singulier, à la fois drôle et grave, sur le passage de vie à trépas.
Lire la critique sur le site : Telerama
Lexpress
30 mars 2015
Dans le premier roman surprenant de l'artiste de la scène rock française Bertrand Belin, la tragédie le dispute à l'absurde.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Chro
24 mars 2015
Dès les premières lignes, on comprend que l’écriture sera claquante et sèche, sans arabesques ni boursouflures. L’adhésion est immédiate.
Lire la critique sur le site : Chro
Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
En dépit de siècles empesés de morts de particulières, on voit avec soulagement que l'homme reste stupéfait devant la possibilité qu'il a de ne plus être alors qu'il fut. Sa finitude, il la constate d'abord à la faveur de la disparition d'un autre que lui. Mais passé cet épisode où tout lui fut révélé, il retourne à son illusion en un clin d'oeil. Il faut attendre qu'il soit lui-même, et qu'il soit clairement, dans le collimateur de la mort, pour qu'il s'émeuve enfin d'être, comme chacun, sujet au trépas. D'où vient qu'il en soupire encore et comment ne s'est-il pas familiarisé avec l'idée de sa mort assurée? Comment diable, le reste du temps, arrive-t-il à ignorer son sinistre sort avec un tel naturel?
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Mon entrée, pour dire les choses simplement, ne fit aucun bruit. Tout comme une unité augmente un nombre, sans aucune volonté ni conscience, j’arrivai avec ma seule mais incontestable valeur numérique pour prendre ma place au sein d’un système. La famille se trouva donc élargie, et cet élargissement tint lieu d’événement en place de ma propre naissance, elle-même renvoyée à une banale affaire biologique indépendante de toute volonté humaine et ne résultant que de l’injonction du vivant faite à l’espèce : se reproduire. Hélas, le nombre accru des membres de la famille augmenta d’autant les efforts d’intendance nécessaires au maintien du groupe que nous formions désormais au-dessus de sa ligne de flottaison sociale. Les quatre membres que comptait alors la famille eussent largement suffi à renverser la barge où ils se trouvaient perdus sur un océan de privations de tous ordres, mais il est vrai que mon arrivée facilita le naufrage. Pour autant, le groupe resta soudé dans l’adversité, aidé sûrement par une sorte de tartre sentimental, et c’est ensemble que nous gagnâmes les profondeurs et séjournâmes dans les abysses, où des années confuses nous attendaient. Pour autant, je dois admettre que mon enfance ne fut pas malheureuse. Occupé que j’étais à traquer d’infimes satisfactions, tout entier à l’édification d’une basilique de plaisirs microscopiques, sans m’en rendre compte, je me déboulonnais chaque jour un peu plus du socle familial où nous étions tous plantés comme des statues de douleur vive. Un jour parmi les autres, et sans que je m’y attendre, je me retrouvai libre de mes mouvements. Cette liberté, néanmoins, devait se fonder sur un drame diamétralement opposé : la paralysie générale de mon père. Mon enfance ne fut pas malheureuse mais, c’est là un tour courant de la vie, bien des années plus tard, elle le devint.
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Aujourd’hui je me noie. Il faudrait pour me tirer de là que je ne manque pas à ce point de ressources musculaires. Or, bien qu’ayant toujours redouté de me trouver en situation de péril avec le peu de force que la nature m’a accordé, jamais l’idée de faire du sport ne m’a effleuré l’esprit. Au contraire, cette ration symbolique de vigueur que la naissance m’a donnée, je l’ai rognée avec application, voyant dans la culture du muscle la négation pure et simple de l’intelligence ; augmenter son corps pour augmenter son pouvoir, la profession de foi de n’importe quel cancer. Ce bien peu de vigueur, je l’ai entamé à coups de nuits blanches et bruyantes, sans compter. Et bien que je n’en sois muni qu’en proportion utile à un strict usage personnel, force est de constater que ce n’est pas l’intelligence qui me fait défaut cet après-midi mais bien les muscles. Mais je continuerai de penser (plus pour très longtemps semble-t-il) qu’il est préférable de contracter un cancer que d’en être un soi-même, simple question de dignité. Néanmoins, je dois confesser que la difficile tâche de mourir à laquelle je vais devoir immédiatement m’atteler me ferait presque revoir ma copie. Je sens bien que si m’était accordé le miracle de mon sauvetage, je m’inscrirais sur-le-champ à la gym.
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Dans leur large majorité, les vivants s'activent sans jamais songer au pire. De cela, contre toute attente, ils tirent un grand bénéfice. La prudence, en se nourrissant de la curiosité et de l'apetit de l'homme, en cannibalisant l'esprit de celui qui vit dans la crainte et l'économie de soi, ne peut produire qu'un ersatz d'existence, une existence dont on dirait, comme d'une endive oubliée dans l'obscurité, qu'elle est "partie en tige". Qu'une crêpe avalée trop vite vienne interrompre une existence partie en tige rappelle qu'il y a tant de variétés de périls qu'aucune espèce de prudence ne saurait durablement mettre à l'abri celui qui s'est risqué à vivre.
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Je le sais depuis : le cygne est immangeable. Le cygne est pourri de l'intérieur. Le cygne a un goût de merde et de vase. Sa robe immaculée est un piège à cons. Sa majesté est bâtie sur une fosse septique. Son cou n'est qu'un vulgaire égout. Il flotte et glisse sur la surface des lacs exactement comme le ferait n'importe quel étron, voilà la vérité.
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Vidéo de Bertrand Belin
On connaît Bertrand Belin chanteur, mais un peu moins Bertrand Belin comédien, en ce moment sur les planches dans "En travers de sa gorge" de Marc Lainé. Il y interprète un mari jaloux, un écrivain raté, un prof désabusé qui a disparu et qui revient hanter sa femme. Mais comment faire pour jouer un fantôme ? Pour en parler, il est l'invité de Géraldine Mosna-Savoye et Nicolas Herbeaux.
Visuel de la vignette : Marc Piasecki / Getty
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